La pie Fifi
En 1990, j'habitais encore au-dessus de mon ancienne boutique. Je travaillais alors aux horodateurs de la ville d'Orléans. Mon bureau se trouvait juste à la descente des parkings du centre-ville.
Un matin d'hiver, le péager (gardien de parking) remarque dans les quelques arbres qui longeaient la descente voiture un nid de pie.
Un vent violent fis remuer les branches et, du nid tomba à terre une petite pie, encore incapable de voler d'elle-même.
Pas blessée par la chute, elle se faufilait parmi les troncs. J'avais assisté au drame également. Je me précipitais, car des chats errants rôdaient souvent dans ce secteur. Nous étions à proximité d'un centre commercial avec des vendeurs de légumes, mais surtout de viandes et de volailles et, il n'était pas rare que des commerçants indélicats jettent leur détritus aux pieds des arbres. Tous les chats du quartier étaient donc assurés de trouver bonne pitance dans ce secteur, alors un oiseau vivant... du caviar pour eux.
Sans trop de peine, je réussis à attraper cette petite chose si fragile dans mes mains.
Je la gardais dans un tiroir, tremblante jusqu'à midi.
Une fois à la maison, il nous fallait une cage. Mon boucher de quartier m'en prêta une de bon cœur.
Nous avions un nouveau compagnon, à plumes cette fois, Martine, mon épouse décida de l'appeler Fifi.
Notre chat Roudoudou était des nôtres depuis déjà bien longtemps, mais il apprécia assez bien le nouveau locataire, le regardant sans aucune animosité et, l'oiseau rassuré ne paniqua jamais en sa présence.
L'hiver se termina, la pie devenue adulte était capable de voler. De temps en temps, les fenêtres bien fermées, nous laissions la cage ouverte et, l'oiseau voletait de pièce en pièce découvrant ainsi sa prison dorée. De lui-même il revenait dans sa cage, fatigué de voler.
Ma femme s'en occupait fort bien, L'oiseau sifflotait chaque fois que Martine approchait de la cage, comme pour la saluer.
Ce que Fifi adorait faire, c'était de picorer doucement la bague de mon épouse, chaque fois qu'elle passait les doigts dans la cage pour la caresser.
Le printemps venu, il fallait bien rendre la liberté à notre invitée.
Un après-midi, la cage à l'arrière de la voiture, entre les jumeaux (ils n'avaient pas dix ans) je partis à La Ferté St Aubin, chez ma mère.
En plein champ, à l'orée d'un bois, la cage fut ouverte. Fifi se mit sur le bord, regarda à droite, à gauche, fixa ses yeux sur les quatre membres de la famille comme pour nous remercier des bons soins que nous lui avons prodigués tous ces mois d'hiver et il s'envola.
Il revint par deux fois au-dessus de nous, pour un dernier salut et s'enfonça dans la forêt.
C'est les larmes aux yeux que toute la famille rentra sur Orléans.
Adieu Fifi, tu nous as apporté tant de joie durant ton passage chez nous.