Lucie a découvert cet endroit, en lisant ces quelques mots inscrits sur une plaque dont l’émail avait succombé aux caprices du temps : vous entrez dans un havre de paix et de tranquillité veuillez laisser cet endroit tel que vous l’avez trouvé.
Quel était ce refuge dont le chemin encaissé, bordé d’arbres centenaires tout prés d’une pinède à la lande bruyère odorante ? Et ce passage interdit sur un autre écriteau plus récent ?
Curieuse , Lucie s’aventure le chemin forestier, elle compte bien respecter la nature, elle ne viole pas ce lieu, longé d’une rivière bouillonnante dans sa chute sur le basalte bleu.
Plus elle avance, plus les lieux sont surprenants, à droite du chemin une Panhard immortalisée dans la mousse et les likens, et des chats maitres des lieux, des chats de toutes les couleurs, se prélassant sur de vieilles pierres.
Elle aperçoit dans les frondaisons une énorme bâtisse, un pan délabré supportant encore une énorme cheminée, les volets gris délavés par les intempéries.
Lucie va de surprises en surprises, le cœur serré dans ce lieu mystérieux, elle avance toujours un peu, des murets, des jardins perdus dans des lianes de lierre, des arbres fruitiers habillés de lichen, pas un bruit, ici le temps s’est arrêté.
Sur le flanc de ce vieux manoir une énorme roue à aube, couleur abyssine frôle le ruisseau, quelle découverte, un trésor du patrimoine, un vieux moulin ? Une histoire suit ses pas, elle est envahie par un sentiment de peur, en franchissant peut-être un lieu interdit, elle croit entendre des voix !et, dans ce vieux hangar le vol léger des chouettes !la transportent dans un film de science fiction.
Happée par une grande convoitise, elle va d’abord immortaliser l’endroit, elle a toujours son instantané, la voiture est un cliché remarquable ,un vrai décors de cinéma , la portière ne s’ouvre plus ,elle veut toucher ce volant en bakélite ;quand elle aperçoit une toute petite maison très bucolique, au balcon dégringolant côté pignon ,du plastique à la place des vitres, encore des chats sur le perron ,et des boites de sardines vides par-ci, par-là …
Une présence humaine, s’interroge Lucie ? Au moins pour nourrir les chats, elle décide de contourner la petite bicoque qui surplombe la retenue d’eau du vieux moulin, un joli chant dans le silence de ce jour de printemps, mon dieu que c’est beau s’exclame telle !
Assise sur une murette moussue, tous prés des vieux pins parasol, elle se laisse bercer par mille songes, elle est si jeune, quand une voix roque et tourmentée gronde : Que faites vous là malheureuse ? Cette propriété est privée, plusieurs de mes chats ont disparus !n’avancez plus, elle est face à un monsieur, un gringalet sans âge, un peu courbé frustre dans la verve, les cheveux mal entretenus et en bataille, tombant au bas du dos.
Lucie n’a plus de salive les yeux fixes, elle écoute la présentation de ce propriétaire atypique !
Vous savez que l’on me surnomme le fou !je sors à la nuit tombée, je ne me reconnais pas dans cette société, je suis armée vous n’en doutez pas ? Les gendarmes ne s’approchent jamais !voyez –vous je vis en ermite, j’aime mes silences, vous n’êtes pas de la police avec cet air angélique ?
Mais monsieur, bafouille Lucie, j’ai perdu mon chemin, pour vouloir observer vos chats, là elle le voit dans ses yeux elle a touché le point faible !
J’écris une nouvelle, ce vieux moulin m’inspire une telle émotion !
Et le monsieur à raconter sa vie, entremêlée d’instants de folie et de grands moments de lucidité, le voilà entrain d’expliquer son goût, pour la nouvelle.
Il écrit le roman de sa vie qu’il va soumettre à un comité de lecture, le titre : histoires étranges prés d’un vieux moulin. Je décris les feus follets, les chouettes clouées à même la porte pour éloigner les sorts, Lucie est muette, comment s’en sortir, elle est partagé entre un sentiment de peur et de révelation, l’homme lui raconte le destin du moulin, ses infortunes à cause du progrès en lui expliquant que la seule chose qu’il a pu sauver, c’est le mécanisme de la roue, sa conversation devient très convaincante, il lui propose une visite, avec ses parents si elle préfère !
Dans ce haut lieu qui permettait à chacun de faire moudre son grain, Lucie est hésitante, l’homme est assez burlesque, drôle d’endroit pour une connaissance si rapide et complice, es-ce que Lucie acceptera cette visite ?
lilas
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la poésie est le parfum de l'ame
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