Jaloux du père, jaloux du chat.
- Ton chat, je l’ai cherché partout sans le trouver. Il m’a filé entre les doigts.
- Il est rentré chez moi avant toi ! Tu n’as pas su le rejoindre?
- Autant chercher une aiguille dans une botte de foin !
- Tu n’as pas suivi le fil que je déroulais devant toi ?
- Il s’est cassé. Je l’ai perdu. Je me suis embrouillé. Maintenant que je suis devant chez toi, ouvre-moi !
- Passe par le trou de l’aiguille si tu veux entrer chez moi.
- Je n’y arriverai pas !
- Mais si ! Tu es mince comme un fil !
- Si c’est çà , je n’entrerai pas chez toi !
- Mon chat a réussi ! Pourquoi pas toi ?
- Il est chez toi ? Si le chat est passé par là , c’est qu’il est plus malin que moi !
- Oublies mon chat. Rejoins-moi !
- Non ! Ce n’est pas possible. Je le vois. Il joue avec tes bobines et tu le laisses faire.
- Tu te trompes, mon chat a filé sous le lit. Il a peur de toi.
- Tiens ! J’ai trouvé le fil qui nous relie. Il traîne devant chez toi. Je te le montre. Cela ne suffit pas ? Ouvre-moi !
- Pas question ! Je doit m’occuper de mon chat ! Il a faim. Tu attendras !
- Ton chat ! Ton chat ! Mais c’est qui ton chat ? ton amant ?
- Non ! Il miaule. Il me tient compagnie. Toi tu cries !
- Ce chat, c’est un fil à la patte ! C’est comme ton père !
- MĂ©fies-toi, il a des griffes !
- Qui ? Ton père ou ton chat ?
- Il a des moustaches.
- Il emmêle tous les fils. Il défait les bobines.
- Ramasse-les ! Joue avec lui !
- Qu’il joue ailleurs ! Qu’il s’en aille ! Par le trou de ton aiguille !
- Vas-y, toi, si t’es si malin ! Mon père n’attend que çà !
- Ah non ! Je ne veux plus entendre parler de celui lĂ !
- Tu es jaloux ! Mon chat est au bout du fil ! Il miaule. Je vais voir ce qu’il veut.
- C’est çà , vas le rejoindre ! Il va emmêler tous tes fils ! Je te préviens.
- Allô ? Qui est là ? Mais… c’est toi, papa ? C’est toi qui fait le chat ? J’ai toujours dit qu’il n’y avait que toi pour faire le chat ! Veux-tu que je te gratte l’oreille et le menton?
- Et moi ? Et moi ? Je vaux mieux que ton père ! Je vaux mieux que ton chat !
- Tu n’as aucune raison d’être jaloux de l’un ou de l’autre.
- Ah bon ? Et pourquoi ?
- Parce que je n’ai plus ni père ni chat. Je pourrais te faire croire n’importe quoi !
Hervé GOSSE
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