Les jours qui suivirent, le Landgrave s’intéressa peu à Robert… Il vaquait à ses occupations d’une manière permanente…Chaque fois qu’ils se rencontraient, ils se saluaient poliment, et cela rappelait au jeune homme l’horrible effort qu’il avait à fournir pour garder en lui, au plus profond, ses sentiments d’amour…
De même, il voyait peu Edda. Occupée avec sa marraine à parfaire son éducation, elle lui paraissait inaccessible….
Ces lieux immenses maintenant de plus en plus gagnés par le froid, lui devenaient inhospitaliers…
Autant chez le Burgrave il avait senti quelque bonheur, autant ici il se déplaisait à rester.
Comme tout le monde il avait eu connaissance de l’histoire de la nièce défunte, ou plutôt de ce que chacun en racontait… Il avait visité la chapelle, maintenant terminée, en s’étonnant de la proportion du bâtiment…
Pour se faire discret, il se tenait éloigné… il s’adonnait à de longues chevauchées en compagnie de Gisbert et c’est ainsi qu’un jour ils se trouvèrent aux abords de Lammerling…
L’immense abbaye surmontée de clochetons avaient deux tours imposantes qui encadraient une entrée formidablement monumentale…
Entourant les grandes portes, un ensemble de sculptures artistiquement travaillées donnaient un caractère hautement symbolique à ce lieu de religion…
Bien que très occupé, le nouvel abbé accepta de les recevoir… Un moine chevalier comme l’était Robert avait ses entrées partout.
Il comprit alors le choix de la Sainte Vehme sur sa personne pour mener à bien une telle inquisition…
Dans une salle du couvent précieusement aménagée ils purent avoir quelques échanges… Lorsqu’ils furent en présence le jeune Franc-Juge était mal à son aise…
Ce bellâtre, à la tête d’une telle communauté, le troubla.
Ils eurent un entretien courtois mais peu approfondi si ce n’étaient les lamentations perpétuelles de l’ancien Prieur sur le sort du défunt maître…
Le Teutonique jugea qu’il en faisait un peu trop et se demanda ce que cachait ce jeu…
Lorsqu’il expliqua la mission officielle de son service, il sentit le jeune Abbé si intéressé par la douce personne qu’il avait à sa charge qu’il se dit que sa vigilance ne serait pas de trop dans cette affaire… Après le Landgrave il sentit un nouveau rival potentiel dans les parages de la fille du Burgrave…
Quelque chose comme une menace indéfinie avait semblé peser sur cette assez courte rencontre…
Lorsqu’il remonta à cheval il en fit part à son compagnon…
Gisbert lui recommanda de se dépêcher pour rentrer car il craignait un coup de neige…
En reprenant la route précipitamment au galop à la sortie de l’abbaye, un moine, surgi de nulle part mais qui semblait terriblement préoccupé vint en courant se jeter sous les pattes de son destrier… Le lourd cheval ne put l’éviter et le malheureux fut martelé par les sabots…
S’arrêtant pour lui porter secours, Robert ne put que l’assister dans ses derniers instants… Mais entretemps le religieux inconnu bien que mortellement atteint, avait eu le temps de lui révéler quelque chose d’important…
(A Suivre...)