Le retour Ă la demeure du Landgrave se fit sans une fortuite escarmouche...
L’aspect redoutable des deux hommes pouvait éloigner tout détrousseur…
La campagne était presque déserte car seuls quelques paysans occupés à collecter du bois pour l’hiver croisaient leur chemin…
Leur entrée dans le grand castel passa presque inaperçue…
Après les salutations d’usage au maître des lieux, l’envoyé du Tribunal Secret alla s’enquérir de sa protégée…
Comme elle était avec sa marraine, il n’osa pas la déranger et attendit la fin du dîner pour se manifester…
Ce n’était pas dans les mœurs d’alors qu’une jeune fille puisse rencontrer seule une personne du sexe opposé dans une pièce, mais le statut de Robert lui permettait de passer outre. Ils purent donc tous les deux s’entretenir…
De minces propos commencèrent à introduire leur rencontre… Chose pratiquement impossible depuis leur arrivée…
Malgré la difficulté de la situation ils étaient parvenus à se loger dans un recoin suffisamment discret pour avoir des échanges d’une convenable intimité…
La jeune fille était particulièrement enjouée de retrouver cet être si cher à son cœur. Elle manifesta tant d’engouement dans une retenue fort étudiée qu’il ne faisait aucun doute à son chevalier servant que leurs affectueux sentiments étaient partagés...
Il en fut à la fois heureux et contrit car sa situation monacale l’obligeait à l’abstinence… Il s’interdit donc d’encourager leurs transports tout en maintenant un climat attentionné…
Elle évoqua son séjour d’une manière délicate
Cependant, au détour d’une phrase anodine la fameuse locution secrète "Absit invidia" qui était le code de reconnaissance d’un éventuel assesseur apparut par trois fois dans la bouche de la jeune fille…
-« Comment, Edda, vous aussi avez donc parti avec la Sainte Vehme ???»demanda-t-il complètement éberlué.
Elle ne le détrompa pas et il comprit alors que la machination patiemment tissée qui avait été ourdie pour déceler les coupables de cet attentat dans la forêt avait des chances d’être menée à bien…
Aussitôt après et complètement dégagé de toute circonspection il lui fit part de sa découverte concernant ce qu’il avait appris lors de l’accident qui avait coûté la vie à un moine à la sortie de l’abbaye…
Elle lui proposa d’en parler à sa marraine qui ne devait pas être au courant de cette relation coupable de sa parente...
Elle se félicita de la neige qui allait bientôt retomber lui interdisant toute visite à Lammerling… Le vieux prêtre du château lui servirait amplement comme directeur de conscience…
Il fut, lui aussi, soulagé de la savoir hors de portée de ce suborneur...
Après s’être souhaité le bonsoir ils se séparèrent…
Lorsque Dame Hildegarde fut informée de cette nouvelle révélation concernant le passé trouble de sa nièce, elle se récria tout d’abord mais finit par admettre à regret cette vérité…
Alors, tant son chagrin était immense, sur un ton hébété, elle confia à sa filleule, secrètement aux aguets, tout ce qui manquait au Franc-Juge pour que son investigation puisse enfin prendre une convenable
tournure ...
(A Suivre...)