Kuno fut triomphalement ramené dans une cellule du grand castel où il reçut sans tarder la visite du Landgrave…
Ce truand était un homme à la tête énergique et aux yeux moqueurs qui eurent le don d’exaspérer le Seigneur Aloïs de Hisolberg…
Leur tête-tête dura peu mais le brutal gentilhomme eut la possibilité pendant ce court moment de lui assener assez de coups capables de lui démontrer toute sa réprobation…
« Qui a tué les moines et où sont passées les reliques ??? »
Telle était l’antienne à laquelle le captif fut sauvagement soumis…
Il répondait par une ritournelle d’éclats de rire…
« Je vais te soumettre à mon tourmenteur… et tu changeras ton couplet » déclara impuissant Aloïs de Braubach son hautain interlocuteur…
Samsom Barchfeld fut chargé de s’occuper du reste de l’interrogatoire pendant que Robert, écarté de cette affaire, ne put être mis dans le secret des choses…
Comme sa mission officielle ne l’autorisait pas à faire œuvre de police il dut assister, pendant qu’il se retirait, à la descente du prisonnier vers la salle de torture, où toute tentative, de sa part, pour s’immiscer dans les arcanes de la question, serait vaine…
La salle était lugubre car faiblement éclairée par des torches murales…
Le bourreau fit son office minutieusement avec la compétence qui lui était coutumière … C’est-à -dire qu’à la fin de son supplice Kuno se trouva démembré et écorché vif ….
Mais il avait parlé !!!…
En fait on n’était guère plus avancé qu’avec le menu fretin qui l’avait précédé…
Mais il s’agissait de Kuno, le bras droit du chef !!!
On était sûr maintenant que Hieronymos était auteur du massacre et qu’il détenait les reliques…
Comme l’ensemble des gens qui comptaient dans cette cour Robert eut droit à cette conclusion qui le laissa dans la plus grande perplexité…
Il se demanda comment le vol des reliques et le suicide de la nièce pouvaient être liés. Gisbert le dissuada de rentrer dans cette considération hasardeuse qui, pourtant le préoccupait…
Pourtant il s’obstinait dans la résolution de ce rébus et cette obstination dans le labyrinthe de cette énigme était partagée par Edda…
Lorsqu’ils échangeaient leurs points de vue, comme elle était d’accord, elle proposa de faire le nécessaire pour éclaircir cette question…
Cela apparut bientôt …
La jeune fille était plus finaude que son innocente candeur le laissait supposer… Elle n’était pas sans connaître la relation coupable de sa suivante avec le bourreau, mais néanmoins fermait les yeux pour éviter tout esclandre.
Elle attendit donc quelques jours avant d’avoir une causerie particulière avec elle…Après rapide confrontation, elle la gourmanda avec quelque rigueur pour sa conduite mais n’en resta pas là …
Continuant ses reproches, elle lui demanda toutefois si elle n’avait pas, par hasard, matière à faire pardonner cet écart à la conduite de toute femme respectable…
La jeune femme notifia, pour s’excuser, la gentillesse et la délicatesse avec lesquelles celui en qui on voyait un monstre exécrable l’avait heureusement traitée…
Sachant que les femmes sont par nature curieuses … elle termina par cette confidence dont elle ne mesura pas toute la portée :
« Gontran …heu c’est le nom du bourreau… Gontran m’a dit que lors de l’attaque des moines par Hyéronimos et son lieutenant Kuno il y avait un troisième homme caché sous une cagoule qui les avait assistés »...
Edda, qui vit aussitôt tout l’intérêt que pourrait tirer son jeune compagnon de cet aveu clandestin, décida de fermer les yeux sur la conduite de sa servante en la sermonnant sans vigueur….
Lorsqu’il apprit cette étrange nouvelle Robert vit aussitôt que se cachait derrière ce personnage la clef de l’énigme…
Qui pouvait être le mystérieux individu qui avait accompagné les brigands ???
(A Suivre...)