IRASCIBLE
Aujourd’hui, il fait gris, et j’ai le moral au niveau des chaussettes. Ras la casquette. De tout. Je hais même mon chat, c’est tout dire. Pauvre bête. Il vaut mieux que je m’échappe. . J’ai un besoin urgent de faire un break. Mais où ? Où donc aller calmer mon ire.
Un éclair. De génie sans doute. J’ai un fond contemplatif, enfin peut-être. Oui, la mer, mais c’est loin, la mer. Alors la montagne ? Pas besoin d’aller au sommet, je connais un balcon sur les Pyrénées. J’y suis allé il y a deux ans. Carla-Bayle. C’est ma planche de salut.. Roule, petit bolide, cap sur la bastide.
Solidement emmitouflé, je file sur le rempart sud, à côté de la lunette mange-sous. Quelle vue ! La campagne vallonnée, synonyme de quiétude, le piémont bien dessiné et, oh miracle de l’éclaircie, La ligne des crêtes, du mont Vallier jusqu’au pic du Midi.
Accoudé au parapet, je m’imprègne de la majesté du panorama, jusqu’à la saturation visuelle et l’engourdissement du corps. Le flux violent de mes rancœurs s’assoupit et mon âme s’envole vers les sommets. Là -haut règne la paix blanche, la beauté, comme tous les dangers. Là -haut, les valeurs et la chance sont synonymes d’humanité. T’as pas le choix, faut s’entraider, faut appliquer : les lois de la montagne ne laissent rien passer. Je suis là -bas comme le rapace, je plane sur mes idéaux. Aurais-je foi dans mes audaces ou chercherai-je le repos du matelas de laine blanche ? J’en rêve encore, et que c’est beau. J’entends je chant des noirs corbeaux « Tu n’iras, pas beaucoup plus loi, les neiges du Kilimandjaro… »
Lorsque je sors de ma torpeur, doudoune ou pas, j’ai froid au cœur, mais ce n’est que physique. Car au moral c’est fantastique : Je vais rentrer bien requinqué, accus à bloc, me coltiner la vie rêvée…
Allez, Minet, t’auras du mou !
Parceval