La révolte des arbresDans le petit village suisse de Metgott, située près de la frontière, l'hiver glacial qui s'imposa en 1951 réserva bien des surprises.
Un matin de janvier, en effet, les habitants de la commune se réveillèrent avec étonnement en découvrant que les rues et les places étaient envahies par une véritable forêt en marche. Les arbres, animés d'une force mystérieuse, avaient quitté leur emplacement habituel pour prendre d'assaut la contrée. Les branches s'entrelaçaient, les racines rampaient et les troncs se déplaçaient avec une étrange agilité. La rébellion des arbres étaient peut-être due à l'exploitation intensive de la forêt toute proche par la scierie locale, qui sait ?
Le chaos régna dans les rues tandis que les arbres avançaient au hasard, renversant tout sur leur passage. C'était inimaginable ! Les maisons étaient écrasées, les voitures cédaient sous le poids des branches puissantes. Les habitants, pris de panique, s'enfuirent précipitamment, cherchant refuge où ils pouvaient.
Au milieu de cette scène apocalyptique, seul Pierre, le forgeron, réussit à se cacher dans une maison abandonnée un peu à l'écart, tandis que le village était submergé par cette marée verte de géants en marche. Les arbres, après avoir pulvérisé les bâtiments et écrasé méticuleusement la totalité des habitants, regagnèrent la forêt. Ils se remirent silencieusement sur leur emplacement d'origine, comme s'ils n'avaient jamais quitté leur place.
Les secours arrivèrent finalement, alertés par Pierre, seul survivant au désastre. Mais, malheureusement pour lui, personne ne le crut lorsqu'il raconta son affolante histoire. Les autorités, perplexes, pensèrent qu'un typhon avait frappé la ville, niant complètement l'intervention des arbres.
Pierre fut interné dans un établissement psychiatrique, où il passa des jours solitaires et désespérés à essayer de convaincre le personnel médical. Mais ses paroles furent reléguées au rang de délire paranoïaque. On le prenait pour un fou, en proie à des idées obsessionnelles. La bourgade, quant à elle, ne connut plus jamais semblable catastrophe. Il est vrai que la scierie avait été détruite par le soi-disant typhon et qu'une fabrique artisanale de pâtes alimentaires l'avait remplacée.
Pierre le forgeron quitta ce monde un matin de printemps dans son établissement de soins. Ses derniers mots furent une mise en garde de l'humanité : la nature sait prendre sa revanche contre les mauvais traitements qu'on lui fait subir !
FIN