Plume de platine Inscrit le: 11/4/2011 De: |
ZIMMERMAN (Antoine) Nous l'avions quitté dans de sales drap, Tony....
Zimmerman
Deux jours plus que pénibles, à mariner dans ses vêtements raidis par le sang séché, à bouffer des sandwich peu garnis, à essayer de dormir sur un bas flanc duraille, à refaire le monde en compagnie de poivrots et de voleurs à la tire, avant d’être élargi avec de plates excuses. Le mec a été opéré d’urgence, il vient d’émerger, il s’est identifié et confirme son témoignage. Il en est quitte pour rentrer en taxi, avec escale là où il a laissé sa voiture: pas de surprise, elle a du être embarquée par la fourrière. Il n’en est plus à ça près. En priorité, il se refait tout neuf, ressort ses Rayban pour camoufler son coquard et va récupérer sa vieille 4L. Taxi, amende et frais, content content, l’Antoine… A peine est-il rentré, qu’il fonce au téléphone, sonnerie insistante. Surprise, c’est le Colon: ? Mais qu’est-ce que vous foutez, nom de Dieu, ça fait deux jours que j’essaie de vous joindre! ? C’est un peu compliqué, pour faire court, j’étais en tôle, mais à cette heure je suis libre et blanc comme neige…. Au bout du fil, on s’étrangle et il est obligé de raconter ses déboires…. ? Ah, vous, vous avez le chic pour vous mettre dans le pétrin. Enfin, passons. Il s’agit de Claudius Murenna: il ne tarit pas d’éloges et de remerciements pour sa journée parisienne. Positivement enchanté, le monsieur. Il voulait vous voir avant de repartir. C’est maintenant trop tard, mais il a laissé une enveloppe à votre intention...Vous passerez la prendre. Je crois que vous avez là une sérieuse option pour votre reconversion. Il passera à Sateg le lendemain. L’enveloppe, renferme quelques billets verts et une carte de visite exotique. Il est généreux, Claudius, avec les larbins! Le Colon lui a fait préparer un certificat de travail passe-partout: on est content de son boulot et l’on précise qu’il quitte l’entreprise pour raisons personnelles. Pour ce que ça peut lui servir….
Un point positif: enfin le virement qui solde son placement est arrivé. Un point d’interrogation: La fin du mois approche et il ne sait pas trop où il va atterrir. Vraisemblablement à La Seyne, si rien n’a bougé d’ici là . Il n’y a rien a espérer dans le secteur, mais il aura une adresse et un téléphone. Justement ça sonne, peut-être un contact? Mais non c’est une voix de femme: ? Monsieur Guillet? J’ai eu un mal de chien pour avoir vos coordonnées. Je suis madame Zimmerman, l’épouse de Michel, l’homme que vous avez secouru. Mon mari, comme moi-même, désirons absolument vous rencontrer. Je suis à Necker, chambre 224. Dites-moi que vous viendrez, nous y tenons absolument. Il finit par accéder à leur demande, de mauvaise grâce, car jouer les héros, ça n’est pas du tout son truc. Il aurait préféré tirer un trait sur tout cela. En début d’après-midi, métro, station Duroc, Necker. Il se fait indiquer le pavillon et toque au 224. Il est accueilli par une jeune femme accorte, visiblement avec des espérances, qui l’étreint : Monsieur Guillet, Monsieur Guillet! Que je suis contente. Et l’entraîne au chevet de son mari. Il est sous perfusion, le visage encore tuméfié et grimace un sourire. Il lui prend la main : ? Vous savez, je vous dois beaucoup, le toubib m’a dit que sans votre intervention sur ma plaie, je ne serais probablement pas en vie. Il proteste, il n’a fait que ce qu’il fallait. De fil en aiguille, ils se racontent les circonstances. Oui, il s’est fait piéger comme un bleu en s’arrêtant pour répondre aux signaux de ces voyous. Il rentrait d’un dîner d’affaires, heureusement seul, sa femme étant restée à l’hôtel, vu son état. ? J’ai cru devenir folle ne le voyant pas rentrer. La police n’a pas lancé d’action, pensant à un problème de couple. Je les ai relancés jusqu’au lendemain avant qu’ils me prennent au sérieux. Évidemment, la voiture est introuvable, et pour refaire les papiers, c’est le parcours du combattant. Il a enlevé ses lunettes, révélant son coquard, pour détendre l’atmosphère : On pourrait faire un concours. Ils sont sympas, ces deux-là et, une heure après, on s’appelle par le prénom, avant de se faire jeter pour les soins. Il en a normalement pour une semaine encore à l’hosto. ? Vous reviendrez nous voir? Mieux que cela , il propose de l’aider dans ses démarches. En plus ils habitent à Lyon, et il faudra se rapatrier là -bas en convalescence. C’est le début d’une amitié solide, pas d’une dette à solder, qui s’établit entre eux. Avec le support de la maman d’Angèle Zimmerman, le transfert en ambulance se passe à la date prévue, dans des conditions optimales. Il doit passer quinze jours dans un établissement de Charbonnières.
Parceval A suivre, si vous le voulez bien...
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