Plume de satin Inscrit le: 8/5/2023 De: |
Epilogue Les corbeaux en un cri perçant ont arraché au silence de la nuit quelques lamentations, je ne voulais pas qu’un lendemain se relève sur cette scène. J’étais au sommet de mon art, la jeune fille ravagée sur le quai d’une gare de campagne avec dans les tripes des poèmes indigestes à faire taire contre une locomotive en retard. Je ferai un livre de ces étrangers rencontrés sur la route, de chaque émotion combattue, qu’elle fût éreintante, glauque ou enivrante. Puis je jetterai mon oeuvre à la gueule de notre infecte société, gagnerai enfin les titres qui me reviennent, serai couronnée folle parla plèbe, et perverse, comme tout le monde le pensait. Mais vos critiques resteront inaudibles, puisque les corbeaux s’égorgeront toujours de cris dans leur ciel, les sains d’esprit se complairont encore d’illusions, les mères pleureront l’écume des jours. Rien n'aura changé hormis ces marées d’alcool et de sel qui dévoreront inlassablement mes précipices les rendant encore plus abrupts qu’ils ne l’étaient hier. Je ne serais jamais guérie. Peu importe, justice sera faite en prose dans le silence d’un livre, les phrases hurleront dans les têtes, pour la torture des nuits que j’ai dû traverser.
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