Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6525 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
132 utilisateur(s) en ligne (dont 107 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 1
Invité(s): 131

eddy, plus...
Choisissez
en route vers Portsmouth
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     Jean-Pierre ( suite 3 et fin)
Enregistrez-vous pour poster

A plat Sujet précédent | Sujet suivant
Expéditeur Conversation
vinicius
Envoyé le :  15/3/2024 11:16
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2006
De: Chaville (IDF) et Rio de Janeiro (Brésil)
Jean-Pierre ( suite 3 et fin)
...Un autre jour, la mère de Jean-Pierre n’étant pas allée faire ses courses quand j’arrivai à la gendarmerie il me proposa d’aller avec lui voir le brocanteur, bouquiniste sur le marché du « cours ». Avant de partir il sortit d’une penderie que je n’avais jamais vu ouverte auparavant et dont je pensais qu’elle ne contenait que des vêtements, deux piles de livres soigneusement attachés par de la ficelle solide et bardées par une courroie de cuir qui en facilitait le transport.
« Ce sont de vieux livres de la collection « Le rayon fantastique » que j’ai en double. Je vais les vendre car je n’ai plus de sous pour acheter mes cigarettes »
C’est vrai constatai-je il ne fumait pas et la pièce n’était pas brumeuse comme elle l’était d’habitude.
Après qu’il m’eut confié la pile de livres la moins volumineuse nous sommes partis sans oublier d’informer sa mère de son intention et de notre destination et avons fait la route assez rapidement sans parler. Il y avait pas mal de gens, des adultes surtout, qui attendaient devant l’étal du brocanteur.
Jean-Pierre devait être connu car un grand jeune homme que je n’ai pas vu arriver est venu le chercher.Ils se sont un peu écartés de la foule et ont discuté un moment qui ne m’a pas paru long. Mon camarade est alors venu prendre les livres qui pendaient au bout de mon bras et j’en fus soulagé. Je le vis revenir avec un grand sourire, il me fit un clin d’œil et me montra l’argent que lui avait rapporté la vente des bouquins. Je n’ai pas pu apprécier la somme mais pour moi qui ne possédais presque rien en argent de poche elle me paraissait importante. Il y avait une grosse poignée de pièces et surtout trois billets. Bien que je ne sache pas le prix des différentes marques qu’il choisissait de fumer, j’estimai qu’il y avait de quoi acheter plusieurs paquets.
Je l’ai attendu quelques instants à la porte du bar tabac dans lequel il était entré et duquel il est ressorti en décachetant un étui de couleur jaune d’or.
« 555 State Express me dit-il, des anglaises, celles que fume William Holden dans le film « la colline de l’Adieu », j’ai vu ça sur le Cinémonde de ma mère. »
N’ayant pas lu Cinémonde et ni vu le film « la colline de l’adieu » je me suis contenté de hocher la tête pour marquer à la fois mon admiration et mon étonnement.
Lorsque j’arrivais chez moi je trouvais ma mère toute guillerette devant ses fourneaux. Elle était rayonnante ses yeux noirs brillaient de bonheur. Un télégramme qu’elle venait de recevoir nous annonçait la venue très prochaine de Nicole, sa nièce préférée la fille de sa sœur, la tante Suzanne !
Je me suis dit « Chouette ! La plage presque tous les jours ». Bonheur partagé.
Mais je devrai aussi limiter voire cesser mes activités avec Jean-Pierre. Cette pensée me rendait un peu triste…

Les deux journées qui ont précédé l’arrivée de la cousine Nicole sont passées très vite.
Les matins habituellement consacrés à revoir des bandes dessinées, classer des livres d’anticipation, et les après midi nous allions par le vieux chemin des Sablettes jusqu’à la plage de Mar-Vivo au lieu dit « La vague ». Tout au long du chemin Jean-Pierre me racontait des histoires de science fiction qu’il avait lues ou alors des aventures de son imagination. Je n’ai jamais su distinguer les premières des secondes tant elles se ressemblaient. Mêmes thèmes évocateurs ; voyages spatiaux-temporels, astronefs géants, génération de mutants, monstres venus du subconscient et héros galactiques avec leurs armes de désintégration.
Cependant je ne m’en lassais pas, au contraire, car même rendus à destination, tous deux assis sur le sable j’attendais sans impatience la fin du récit avant de me mettre à l’eau.
Il est vrai aussi que je devais respecter les consignes de maman qui m’interdisait toute baignade moins de quatre heures après la fin du repas, quel que soit ce dernier. Elle exagérait un peu sans doute mais je suivais scrupuleusement, dans ce domaine du moins, ce sage conseil.
En fin d’après midi nous retournions par le même chemin d’un pas quelque peu alourdi par le soleil et la fatigue.
Jean-Pierre ne disait rien. Il sifflotait des airs que je ne connaissais pas. Je me demandais parfois s’il n’inventait pas aussi de la musique.
Après ce fut le dernier soir de mes vacances avec Jean-Pierre.
Ce soir là j’eus l’autorisation de sortir après le dîner et avec mon camarade nous sommes partis. D’abord, nous avons traversé le stade silencieux et désert puis pris la route qui longe le cimetière. Là il me raconta qu’une nuit il avait vu des feux follets juste au dessus du mur d’enceinte. D’apprendre que ceux-ci étaient des gaz qui s’échappaient des corps en putréfaction et brûlaient au contact de l’air, me donna quelques frissons.
Ensuite nous avons suivi la route qui conduit à un lieu dit « les quatre chemins du mai »
Près du « bois du chinois » nous avons croisé les lumières des terrasses desquelles filtraient le chuchotis lointain des conversations de gens qui « prenaient le frais »
Au carrefour des « quatre chemins » nous sommes descendus par une route étroite et sombre plongée dans un silence total jusqu’au « Pont de Fabre ».
De là, le vieux chemin des Sablettes, l’allée de Mar-Vivo et au bout de la ligne droite nous aperçûmes les reflets argentés de la mer accompagnés par le clapotis des flots .Portée par la brise une odeur de sable mêlée au parfum de l’ambre solaire est venue taquiner nos narines.
A l’exception d’un couple d’amoureux tendrement enlacé près du rivage il n’y avait que nous deux.
Jean- Pierre a choisi un endroit où le sable était sec et propre qu’il égalisa en tapotant de ses pieds nus puis s’est allongé sur le dos et m’a invité à le rejoindre et de prendre la même position que lui …Avec ces mots :
« On va voyager dans les étoiles mais d’abord ferme les yeux. Tu les ouvriras quand je te le dirai »
Ce que je fis sans poser de question mais non sans une certaine appréhension.
Le sable encore chaud au creux de mes reins me faisait du bien. Je reprenais mon souffle légèrement raccourci par la marche et peut-être aussi par une petite peur de ce qu’il allait bien pouvoir se passer.
«  Ouvre les yeux maintenant, lentement… »
Je n’avais jamais vu un ciel aussi beau avec autant d’étoiles, peut-être aussi que je n’avais jamais regardé avec autant d’attention. Jean-Pierre me les désignait : «Ici c’est Vénus, l’étoile du berger, là, regarde la grande ourse ou grand chariot, la petite ourse ou petit chariot, l’étoile polaire qui définit le Nord, cette étoile qui semble rouge c’est la planète Mars et là-bas ce qui ressemble à une nappe de brume c’est notre galaxie, la voie lactée …Orion, Proxima Centauri… » J’étais fasciné.
Tout à coup ce fut comme un enchantement, un ballet, une féerie, des étoiles filantes ont traversé le ciel presque toutes en même temps si bien que je n’ai pas pu les compter ni prendre le temps de faire un vœu comme le veut la tradition.
Je n’arrivais pas à détacher les yeux du firmament et le temps a passé. Les amoureux qui eux, ont du faire beaucoup de vœux, formuler de nombreux souhaits n’étaient plus là.
Jean-Pierre et moi avons pris le chemin du retour nous arrêtant pour regarder le ciel jusqu’à se donner mal au cou.
Nous étions à l’entrée du clos « ANNA », au moment de nous quitter il m’a dit « à bientôt » avec un clin d’œil. Je n’ai su que lui dire « merci ». Il a sorti une Philip-Morris de son paquet, l’a allumée puis s’en est allé dans une volute odorante de fumée bleue.
Quand j’arrivais sur la terrasse en haut du clos, ma mère attendait entourée de tous les voisins. J’imaginais déjà l’engueulade monstre que j’allais prendre mais à mon grand étonnement et non moins grand soulagement je l’ai entendu me dire avec un sourire « Tu as regardé les étoiles filantes ? ».
« Oui maman, j’en ai encore plein les yeux »


----------------
"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle qu'il avait appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent

A plat Sujet précédent | Sujet suivant

Sujet :  Expéditeur Date
 » Jean-Pierre ( suite 3 et fin) vinicius 15/3/2024 11:16
     Re: Jean-Pierre ( suite 3 et fin) Sybilla 16/3/2024 0:38
     Re: Jean-Pierre ( suite 3 et fin) Parceval 17/3/2024 10:17

Enregistrez-vous pour poster