Plume de diamant Inscrit le: 25/4/2021 De: France |
Le vagabond Le vagabond
Il était encore tout jeune, son corps élastique lui rendit la chute heureusement pas trop douloureuse. Physiquement, bien sûr. Moralement, ce fut autre chose.
La voiture avait démarré après la pause obligée, les enfants s'agitant. Une fenêtre s'était ouverte, il avait senti qu'on lui saisisssait la nuque. Il voltigea dans l'air.
Un moment difficile, un drame affreux pour celui qui se retrouvait orphelin. Peu importait au véhicule et à ses occupants. Tout le monde fut bientôt très loin.
Le chaton demeura tout seul.
Il frissonna. Il faisait bien frais sous les arbres de la forêt de Fontainebleau. Il n'avait rien de cassé mais son abandon lui brisait le coeur.
Il miaula faiblement, brièvement. Aucun écho. L'indifférence du monde.
Il se demanda la raison de son bannissement subit. Il n'avait rien deviné. Sa surprise était totale.
Au premier jour des congés d'été, il comprit enfin qu'on avait voulu se débarrasser de lui pour les vacances. Il était jugé encombrant, après avoir été trouvé amusant. Un paquet inopportun.
Quelle tristesse ! Il s'était attaché, lui, à cette famille nombreuse, un peu brouillonne, un peu bruyante, qui riait sans cesse. Il aimait les caresses parfois brusques de l'aîné.
Tout cela était terminé, il le savait bien. Il soupira. Il fallait avoir du courage et surmonter son désarroi.
Il se mit en route sur la voie asphaltée. Une légère brume flottait, il allait au hasard mais qu'importait ! Personne ne l'attendait, il devait se débrouiller maintenant. Son instinct de chasseur l'aiderait à survivre.
Quant au reste... C'était à la grâce de Dieu !
FIN
En supplément poétique :
Le vagabond
C'est un pauvre orphelin sur le bord de la route, Un vagabond rêveur, un ange du brouillard ; Jeté d'une voiture en ce matin blafard, Il chemine en silence et tout empli de doute.
Il tremble de terreur, il est seul et redoute La pierre ou le crachat, le geste d'un braillard ; L'abandon le détruit sur ce gris boulevard, Il avance pourtant, recherchant une écoute.
Ce chaton n'est pas seul à vivre ce destin : Chaque année, une foule au cerveau de crétin Néglige son devoir et fait couler des larmes.
Voilà ce que sait faire un peuple de sans-coeur Qui ne pense qu'à lui sans crainte des gendarmes ; Indigne et lâche choix ! il cause du malheur.
(Sphyria)
|