Plume de platine Inscrit le: 11/4/2011 De: |
UNE AUTRE HISTOIRE 12
Une autre histoire - 12 -
La façade, c’est comme la photo : en bas, un terrain pentu sur quatre mètres puis la maison : un garage, une entrée et la devanture d’une alimentation. Désuette: Un petit Casino, comme il y en avait dans le temps. En haut trois fenêtres et une loggia. Toiture en tuile canal.. Juliette débarque de sa twingo avec les clefs : « On y va ? » Un escalier, l’étage est standard : cuisne-bains-sanitaire et séjour qui donne aussi sur l’arrière. Trois petites chambres. C’est encore meublé, mobilier quelconque. Tout à l’air de fonctionner, même si ce n’est pas de première jeunesse. Pas de frais à engager dans l’immédiat. Le magasin du bas paraît être resté en l’état, rayonnages, présentoirs et la cloche à ressort associée à la porte : ding-ding. Fabien cogite : ça devrait être facile a réaménager. Il s’enquiert : ? Les proprios n’ont jamais penser à reconvertir en habitat ? ? Je crois qu’ils avaient ce projet, mais en six ans ils n’ont jamais donné suite. ? Bon, tout cela me paraît très bien , venons-en aux questions bassement financières : Combien en veulent-ils ? Pour réponse Juliette lui sort la fiche. Il fait la grimace : ? Ouf ! ils sont gourmands. Mais je vais réfléchir. Je vous donne ma réponse dans deux jours. ? OK, mais après, je suis obligée de mettre l’annonce en ré seau. En acquéreur prudent, il doit cerner l’opération sous deux aspects. Le montant de l’offre qu’il proposera et son financement. Avant et après une enquête de voisinage et un passage à la Mairie pour voir les servitudes éventuelles. Il s’y met dés que l’agence a pris congé. Exit la twingo... Les voisins ont charmants et diserts. Il en apprend davantage sur les vendeurs. Soit on ne lui a pas tout dit, soit ils n’ont pas signalé qu’ils sont en plein divorce et que ça se passe mal. La maison n’est vide que depuis trois semaines. Il n’y a pas de déménagement mobilier en vue. Une bonne heure pour le voisin de droite, pareil pour celui de gauche plus celui d’en face. Après trois pastis, il connaît tout des Flourens, leur vie, leur œuvre et leurs histoires de couple. La mairie , le matin. Les services du Cadastre. Un bonjour et trois bâillements après : Non , pas de servitudes sur la parcelle. Mais le maire a refusé une demande de modification de la façade. Le petit Casino doit être maintenu en l’état : il fait partie de l’histoire de Pézenas ; D’ailleurs c’est en cours de classement. Et ça, ils ne l’ont pas signalé à l’agence : c’est trop important pour être omis. Il rumine les conséquences : Une moins-value significative se confondra avec le coté urgence pour les vendeurs. Ayant visité en détail, il a sa petite idée pour contourner l’enseigne. Mais motus. Il va faire une offre qui entre dans le budget et le financement prévus pour son projet. En adéquation totale avec ses critères : situation et unité domicile et bureau. Ça passe ou ça casse : la marge de manœuvre est étroite. Il réévalue encore tous ces éléments quand son portable joue «Je chante » Juliette a du l’embarquer manu militari dans la twingo. Laure serait bien restée avec lui . Mais lui c’est l’acheteur potentiel et il vaut mieux éviter de mêler « ...et plus si affinités » Car elle en est persuadée : il se passe quelque chose entre ces deux-là , même si Laure n’en a rien laissé voir ou plutôt parce qu’elle n’en a rien dit à sa grande sœur et confidente. Deux jours, c’est long. Dès qu’elle se trouve seule, ça la démange de rappeler son « client ». Elle trouvera bien un prétexte. ? Bonjour, comment ça va. Vous avez pu avancer ? Pourquoi se le cacher, son appel lui fait plaisir. Décidément, cette jolie brunette réveille une envie de séduire qui l’étonne un peu. Ça fait un bail... Depuis son veuvage, d’habitude, dés qu’il désire une femme, le souvenir de Florence le fait culpabiliser, sans l’empêcher d’arriver à ses fins, la nature est exigeante, n’est-il pas ? Des liaisons sans lendemains, principalement dans son milieu professionnel. Un échange de bons procédés en somme. Mais là , c’est différent. ? Bonjour Laure. Oui j’ai pu bien avancer… ? Super, on pourrait en parler. Tiens j’y pense, pourquoi pas au Macdo tout à l’heure ? ? Chère amie, OK pour les frites, mais à une condition : on ne parle pas affaires. ? Si vous voulez, mais vous êtes dur… L’ambiance est détendue : ils mangent leurs frites avec les doigts en devisant. Les lieux communs épuisés, leurs échanges deviennent plus personnels : leur métier, leurs loisirs, leurs projets. Quelques anecdotes plaisantes. N’y tenant plus, elle glisse : ? Vous n’avez pas refait votre vie ? ? Non, , mais ça pourrait arriver. Pour le moment, je réalise un vieux projet commun. Vous savez, j’ai perdu mon épouse dans des circonstances dramatiques; quoiqu’il arrive, elle fera toujours partie de moi. Quel con ! Pourquoi s’est-il laisser aller comme ça ? Peut-être a-t-il remarqué comment elle à réagi à sa réponse ? ? Indiscrétion pour indiscrétion : Et vous-même, célibataire par vocation ? Elle a rougi ; bien fait pour elle. Fallait pas le chercher. Elle s’était étonnée du fait qu’il souhaitait un T4 ou T5, alors qu’un studio ou T2 auraient largement suffi…Elle répond à la troisième personne : ? Laure n’a rien d’une carmélite, mais jusqu’à présent, elle n’a pas eu cette envie. Et souvent de la déception quand elle y pensait. Il opine, entre dérision et mélancolie : ? Bienvenue au club, chère amie. Mais assez parlé de nous : votre sœur est à l’agence ? ? Non, aujourd’hui, elle déjeune chez elle. D’habitude on le fait chez moi, c’est pratique. On rouvre à deux heures. ? Nous avons le temps de digérer nos hamburgers. Au fait, la prochaine fois, je vous invite dans un vrai resto. On pourrait aller méditer au frais à la Collégiale. Il retrouve le calme de sa dernière visite. Assis au même pilier, mais en compagnie cette fois. Et cette présence vient atténuer sa solitude. Il évoque son passé avec un parfum de résilience ; et ça, c’est nouveau... Perdue dans ses pensées, Laure se débat dans une foule de sentiments contradictoires . Elle se sent très proche de lui. La manière dont il parlé de son veuvage l’a beaucoup émue. Mais une petite voix susurre : attention ma fille, chat échaudé craint l’eau froide… Le tintement des cloches marquant l’heure signe la fin de l’intermède.
L'heure est Ă l'introspection...
A suivre
Parceval
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