Plume de platine Inscrit le: 11/4/2011 De: |
UNE AUTRE HISTOIRE 14 Une autre histoire - 14 -
Dans l’état où il l’a mise, elle aurait pu lui dire de monter pour un dernier verre, il aurait pu l’emmener à son B&B, pas sur qu’elle aurait dit non. Elle aurait pu, mais elle ne l’a pas fait : ce n’est pas le jour… C’est bête, hein ? Et ça la met en rogne. Elle gardera longtemps les yeux ouverts avant de sombrer. Lui n’a rien demandé, malgré son excitation et le désir qui le taraude. Dieu qu’il la veut. A ce point, ça fait longtemps. Mais pas ce soir, pas comme ça. Elle vaut bien mieux qu’un assaut à la hussarde. Où cela va-t-il l’emmener ? Il n’en sait rien. Aléa jacta est : Laissons le sort en décider…Sommeil agité après la douche froide. Demain est un autre jour.
L’autre jour, c’est jeudi. L’agence Brémond se démène pour appeler les vendeurs. Pas simple : l’un est à Béziers l’autre à Sète. Il ne se causent plus que par l’intermédiaire de leurs avocats. Les avoir en conférence téléphonique relève de l’exploit. Ça ne pourra se faire que vendredi matin. Coté Bastien c’est silence radio jusqu’en fin d’après-midi. C’est Juliette qui décroche : ? Monsieur Renoux ?.... Oui, attendez, je vous passe ma sœur , c’est elle qui s’en occupe… Clin d’œil de l’aînée, fard de la cadette qui la gratifie d’un regard noir. ? Oui, nous sommes dessus, mais sans doute pas de nouveau avant le week-end. Ça risque d’être difficile. Votre offre va les refroidir en dépit de vos arguments. Quelle est la marge de manœuvre ? … Oui on peut en parler demain après midi … Si vous voulez… A bientôt. ? Et qu’est-ce qu’il voulait, le monsieur ? Peut-être déjeuner au Pré Saint Jean ? Ah oui : demain je pense manger à la maison et l’après-midi je dois aller démarcher de possibles clients….Tu vois ça tombe bien, pas vrai ? Elle a juste le temps de se baisser pour éviter un vol de bloc-notes et autres projectiles vengeurs. Morte de rire. ? Juju, tu m’énerves, tu m’énerves et tu me fais suer avec tes sous-entendus. Lâches-moi les basques. Fallait s’y attendre, les bazarettes du coin ont du les voir et n’ont pas manqué de cancaner. Le quartier Saint Jean est si petit ; tout le monde se connaît… ? Ça va, ça va , mais je ne suis pas dupe. D’habitude ma petite sœur est plus causante. Allez, souris un peu et dis-moi tout. Elles finissent par le baiser de la paix.
Ils se sont retrouvés comme prévu le vendredi en début d’après-midi. Il a droit, dans l’ordre : au café et aux biscuits, à la bise chaste suivie d’un baiser vorace qui les laisse sur leur faim avant d’entrer dans le vif du sujet. Laure débriefe : Oui, pas de surprise : les vendeurs avouent n’avoir pas signalé la servitude, car pour eux ce n’était pas important. Outre le doute porté sur l’agence, on leur aurait signalé que le prix demandé au départ devait être minoré. Sur l’offre, c’est non, ils en veulent plus. Toutefois, ils sont prêts à discuter; Elle leur a demandé de réfléchir, l’offre est cash, garantissant une conclusion rapide… Bastien reste zen. Il reliste les arguments à faire valoir en sus: ? Quelle est la situation de ces gens ? Apparemment ils se sont réinstallés chacun de leur bord, et donc le mobilier est un problème pour eux. Un déménagement simple ou double, coûteux, vers où, quel partage ? Garde-meuble ? Alors il faut faire briller ma propal, qui leur bénéficie. La vente se fait pour part mobilier à cinq pour cent, le maximum admissible, ce qui est nettement surévalué par rapport au réel. Résultat : plus de soucis de meubles, plus-value imposable diminuée d’autant. Tout comme les frais d’agence. Tu m’en feras grâce, vu qu’il s’agit d’une exclusivité. Tu verras, crois-en mon expérience d’avocat: un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, un bon compromis est toujours préférable. Nonobstant, je reste raisonnablement optimiste. Et si ça ne marche pas, nous trouverons éventuellement une location pour patienter. Prochain round la semaine prochaine. ? On peut suivre cette stratégie, mais tu es dur en affaire ; j’espère que Juliette sera d’accord. Elle se replonge dans les dossiers. Accepte sa compagnie. Il fait l’accueil de la clientèle. ? Si tu continues, je vais t’embaucher…. ? Si tu payes en nature ... Au bout d’une heure, on arrive à la bonne question ; ? Tu fais quoi ce week-end ? ? Je sais pas trop... ? Mai est en train de virer à l’estival et j’ai des envies de baignade. J’irai bien faire un tour à Marseillan. Ça te dirait ? Je t’invite. Départ demain matin, retour dimanche soir. ? C’est une proposition indécente, cher monsieur. Je ne sais si je dois… Il argumente d’un baiser appuyé d’une caresse tendre. ? Ne dis rien, mais passes-moi un coup de fil ce soir, que je réserve. Et il la laisse terminer sa journée. Dans un état proche de l’Ohio. Ira, n’ira pas. Elle le souhaite et le redoute tout à la fois. Est-elle prête, après ses déboires sentimentaux, à vivre une nouvelle aventure ? Rentrée à la maison, elle a fait son choix. Elle prépare un petit sac à dos et une valisette avant d’appeler : un oui, qu’elle veut réticent. Message reçu, ce n’est pas gagné, il va falloir se montrer à la hauteur. Ce week-end, il en rêvait depuis le Saint Jean. Quand tu veux, avait-il dit. Il faudra qu’elle veuille.
...La part du rĂŞve....
A suivre
Parceval
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