Les extra-terrestresLes jours s'écoulaient doucement sur le toit de la mairie de la petite ville de Pontdhermé.
C'était l'été, les hirondelles folâtraient dans l'azur, pas un nuage n'obscurcissait la quiétude du ciel en ce début de soirée.
La girouette attendait la première étoile pour lui dire un petit bonjour (ou un petit bonsoir, c'est selon). Elle savourait le calme de cette cité médiévale un peu endormie où pas grand-chose ne se passait, certes, mais avec sérénité et beaucoup de bonne humeur.
Soudain, venu du Nord-Ouest, un éclair bleuté illumina les tuiles. Que se passait-il ? Aucun orage n'était en vue. Un bruit de tondeuse à gazon enrouée lui succéda. Le mystère s'épaississait. Enfin, une forme étrange à la couleur olivâtre sembla s'approcher à vive allure du toit de l'hôtel de ville.
Le coq métallique, girouette en chef, n'en crut pas ses yeux éternellement ouverts. Il les crut encore moins lorsqu’un engin bizarre atterrit finalement sur les tuiles à côté de lui.
Une soucoupe volante ! Mais oui, c'était bien un aéronef de l'espace qui venait de se poser non loin de son perchoir. Le bruit désagréable et l'odeur incommodante s'estompèrent peu à peu. Notre volatile était terrifié.
Une porte latérale s'ouvrit sur le flanc du véhicule cosmique (et non comique, le coq n'avait pas du tout envie de rire).
Un têtard difforme s'extirpa de son engin bizarre. Assez lourdaud, il mit un peu de temps pour s'en extraire totalement. Regardant à droite et à gauche, il trottina sur ses petites pattes jusqu'au bord du toit. Vue plongeante garantie ! Un second E. T. le rejoignit bientôt, suivi d'un troisième.
La girouette tremblait de terreur. Sa peur était toute intérieure dans la mesure où sa gangue de métal l'enserrait étroitement. Elle aurait bien retenu son souffle pour éviter d'attirer l'attention des gnomes olivâtres mais ce n'était pas la peine de rêver : elle n'en avait pas.
Pendant ce temps, les extra-terrestres, très à l'aise, échangeaient des borborygmes sur le bord de la toiture en regardant l'horizon. Ils ne semblaient toutefois pas d'accord. L'influence du climat français ? Au bout d'un moment, pourtant, en haussant ce qui leur servait d'épaules, ils regagnèrent tous leur carrosse.
La soucoupe s'envola rapidement et sans se retourner dans le ciel de Pontdhermé. Elle disparut du champ de vision de la girouette et son bruit s'éteignit.
Le coq métallique se serait bien pincé pour s'assurer qu'il n'avait pas rêvé mais cela lui était impossible.
Ainsi, les extra-terrestres avaient fait une pause à Pontdhermé ! Quelle stupéfaction ! Ils étaient repartis aussi vite qu'ils étaient venus. L'avantage, c'est qu'ils ne feraient de mal à personne. L'inconvénient, c'est qu'il aurait été bien intéressant finalement de faire connaissance avec ces créatures d'un autre univers.
La girouette s'interrogeait, perplexe. En définitive, tout était bien qui finissait bien. Le calme continuerait de régner sur la petite ville. Pas de journalistes fiévreux, aucune foule hagarde et curieuse pour troubler la quiétude de la petite bourgade.
Le coq métallique attendit la nuit complète, son étoile viendrait bientôt le rejoindre.
FIN
Sphyria
mais j'aime bien l'idée et les mots utilisés, puis le coq-girouette dans le récit, comme un certain héros métallique immobile, bien trouvé !
