L'étoile filanteLa nuit étendait son manteau de ténèbres sur la petite ville de Pontdhermé. Juchée sur le toit de l'hôtel de ville, la girouette ne dormait que d'un œil.
Comment dormir quand son corps tout entier était en métal ? C'était impossible. Aussi invraisemblable que pour le vent de s'arrêter de souffler. Le volatile métallique avait eu maintes fois l'occasion de s'en rendre compte...
Le ciel était d'un noir de jais ce soir-là mais une multitude d'étoiles scintillaient au-dessus de sa tête. C'était magnifique.
Soudain, l'une d'elle sembla se détacher du firmament. Une étoile filante ! Elle se dirigea droit vers le malheureux coq qui n'en menait pas large. Quelle émotion !
Elle parut ralentir en passant au-dessus de la girouette. Cette dernière entendit la voix de l'étoile qui lui parlait doucement :
- Bonsoir, mon amie ! Veux-tu venir avec moi ? Tu vois ma traîne lumineuse ? Elle passe juste à côté de toi. Tu n'as qu'à voleter jusqu'à elle. Tu l'atteindras vite, elle est tout près de toi. Ainsi, à califourchon sur mon panache lumineux, tu pourras visiter le monde et échapper à ta prison !
La girouette eut beau lui dire qu'elle était solidement fixée sur son axe, l'étoile lui sourit et l'engagea à vérifier. La girouette essaya, avec succès. Elle pouvait bouger une aile ! Incroyable mais vrai.
L'étoile filante lui demanda de se dépêcher, elle ne pouvait s'attarder. Il fallait oser maintenant, ou renoncer.
En un éclair, le volatile métallique pesa le pour et le contre, s'interrogeant fébrilement sur ce qu'il voulait vraiment.
Il interpella l'étoile avant qu'elle ne s'éloigne : il avait choisi, il ne pouvait abandonner Pondhermé.
Après tout, d'une certaine façon, il veillait tel un ange gardien sur cette petite ville et ce, depuis toujours. Elle était son berceau et sa mission. Il y était né, il y disparaîtrait. Dans l'intervalle, il serait toujours présent, pour l'aimer et l'assister.
L'étoile filante lui sourit une dernière fois et s'évapora dans le lointain.
Le coq resta seul dans la nuit profonde. Mais une étrange clarté semblait émaner de sa poitrine, là où aurait pu être son cœur.
FIN
Sphyria