Ils arrivaient souvent à dos d’âne ou de mulet, des itinérants vendeurs d’épices (âttar de chez nous), transportant du « ghassoul » (une sorte de savon noir très apprécié pour ses vertus dermatologiques), de henné et des épingles à nourrice ou à cheveux pour les jeunes filles. Babouches aux pieds, turban sur la tête, ils étaient souvent habillés en djellaba grosse laine, même en plein été. Assis, les deux sacoches suspendues des deux côtés, le marchand donnait de petits coups de talons cadencés sur le bas-côté de la bête de somme pour la faire avancer et le bâton à la main pour freiner ou tourner dans l’une ou l’autre direction Il hélait de loin. Les mômes accouraient vers lui. Ils étaient attirés par les friandises et toutes les curiosités qu’il ramenait. En fonction des petites économies, les enfants achetaient le bonbon à un centime ou bien le moulin à vent en papier à cinq centimes, fixé sur une petite baguette en roseau. L’astuce pour le faire tourner était de courir à contre-sens du vent. Ce jour-là , ils étaient les plus heureux du monde et cela valait mieux que mille jeux électroniques d’aujourd’hui. Des fois, il arrivait, les sacoches pleines de figues vertes, noires ou de barbaries. Pour une modique somme, il cédait toute la cargaison.
----------------