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     BONNE PÊCHE 6
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  18/9/2024 8:08
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
BONNE PÊCHE 6

BONNE PÊCHE 6



CROISIÈRE


Ils s’offrent un petit café. Brûlant, ça fait du bien. Janda fait le point :
? Bon, comme je te disais, nous allons à Malte où mon client va récupérer son bateau. Une ballade de huit à neuf cent miles suivant les conditions de mer, que nous devrions faire en huit à dix jours ; je vais en profiter pour faire de toi un matelot émérite. L’éducation sera dure ! 
? Oui, patron. Tu me dispenses du garde-à-vous ? 
Les deux complices topent.
? D’abord, le bateau, viens je te montre. 
Et il montre tout : dans le roof et la soute, les coins, recoins, casiers et réserves diverses, domestiques et techniques. Chaque chose a sa place, organisée dans un minimum d’espace. Le pont, le gréement, voiles, cabestans, grappins et ancre. Le petit dinghy, le pneumatique de survie. Enfin la « passerelle » abritée du pilote, super équipée : Récepteur GPS, balise Argos, radio, ordi, cartes marines et la barre. Sécurité, sécurité : Brassières, qu’ils enfilent, harnais, main-courantes…Une bête ce rafiot. Et pourtant, assure Pierre, dans des conditions normales, il peut parfaitement être drivé par un seul homme.
L’aube se précise et incendie le ciel. Ils déploient l’éolienne pour la charge des batteries car ils vont mettre la toile. La grand’voile et le foc. Le ronron du Volvo fait place au chuintement de l’eau. Avec le vent de terre, les écoutes serrées, on peut naviguer au plus près. Allure portante, c’est au minimum dix nœuds. Ils laissent un beau sillage et l’étrave taquine les vagues courtes dans une pluie d’embruns. Les mouettes font escorte. Ce n’est pas encore la solitude.
D’ailleurs en Méditerranée, c’est rarement le cas, l’horizon n’est jamais très longtemps vide. Norbert savoure. La cote a disparu, et d’un coup, une petite compagnie de dauphins vient leur faire un brin de conduite. Superbe. Pierre semble se réjouir du plaisir de son copain. La journée va se passer à se familiariser à la manœuvre des voiles. Après manger, ils ont mouillé une ligne à la traîne, à la fortune du pot. Le soleil haut dans le ciel teinte la mer en violet sombre.
Ils ont dîné avant que la nuit ne tombe. Il n’y a pas de radar, il est prudent de veiller. Vu la saison, deux tours de garde de quatre heures. Norbert prend le premier quart. Comme il est encore néophyte sur bien des points, Janda lui enjoint de le réveiller au moindre problème ou simple doute. Passage de témoin avec café chaud à préparer par celui qui prend la barre…
Presque une semaine de navigation. Le capitaine ne s’est pas rasé et il affiche un parfait look de pirate. Nono lui, arbore un hale de bon aloi, les traits burinés par les filets d’air. Son mentor ne lui a laissé aucun répit : manœuvres et rudiments de navigation. Ça commence à porter ses fruits. Il est souvent à la barre, à la place du skipper, et, disons-le, il en redemande.
Ils ont bénéficié d’assez bonnes conditions météo. Même si ils ont eu droit à un peu de gros temps, l’occasion de passer de la théorie à la pratique. Même le spi a été déployé, et là, il faut bien être à deux. Mais quel pied : Le Pégasus à beau être un cheval de labour, il a tracé plus de quinze nœuds. Des rencontres, aussi : au fil du temps, ils ont croisé d’autres bateaux, voiliers, chalutiers. Des bolides étincelants, cruisers de luxe qui filent trente nœuds et une cathédrale flottante, mastodonte des croisières de masse. Malgré la distance, le sillage les a forcés à manœuvrer et secoués durement. La veille, ils ont distingué au nord les monts de Sardaigne et là, maintenant, ce sont les sommets de Sicile qui se profilent Est-sud-est. Ils vont s’engager dans le détroit qui sépare les bassins oriental et occidental de la Mare Nostrum.
Pour marquer le coup, ce soir, menu d’exception. Lucullus dîne chez Lucullus. Enfin, toutes proportions gardées : Foie gras, cuisses de canard, brebis et salade de fruits. Arrosés d’un Faugères de derrière les fagots. Détendus, ils goûtent de concert le spectacle du crépuscule marin, en sirotant un pousse-café. C’est Pierre qui rompt le silence et trace le bilan de cette semaine de navigation. Puis, insensiblement, le propos prend des allures de briefing.
? J’avoue, Nono, que tu m’épates un peu. Tel qu’aujourd’hui, tu fais un skipper tout à fait acceptable. C’est vrai que je ne t’ai pas ménagé ; comme tu n’as pas rechigné, j’en conclus que tu as le sens de la mer. A creuser. Une étude plus poussée de la réglementation en vigueur et tu pourras passer les permis mer les doigts dans le nez. En tout cas, si le cœur t’en dit, on pourra remettre ça de temps en temps. 
Norbert acquiesce :
? C’est une vraie découverte. Mon seul regret, ne pas avoir eu l’opportunité d’y goûter avant. C’est sûr que je ne vais pas en rester là.
Ils s’installent devant le pupitre.
? Tu vois, au dernier pointage, nous sommes ici. Donc dans deux jours au max, je vais pouvoir livrer le bébé à son heureux proprio Kostas Léandros. Il nous attend vers la rade de La Valette, pour rejoindre la mer Égée et son île. C’est un Chypriote grec. Je crois savoir qu’il fait des affaires avec les nouveaux nababs russes. Ça a l’air d’aller bien pour lui. Je ne l’ai vu qu’une fois, à Sète, et brièvement. On longera l’île par le sud avant de remonter vers le port. Après, on va pouvoir jouer les touristes. J’ai réservé ferme à Xemxija, Résidence Bellavista, vue sur mer, évidemment. Quinze jours, avant de rentrer au bercail. 
? Quel programme ! Rendez-vous en mer, ça sent l’aventure. Il manque juste les sirènes…
? Chef, le client, il a toujours raison, et celui-là, il a les moyens, m’étonnerait pas qu’il y ait des sirènes. On va donc s’engager cette nuit dans le détroit de Sicile. Je préfère laisser l’île de Pantelleria au sud, car je ne tiens pas à entrer dans les eaux tunisiennes. Voilà ce que je propose : Tu prends le quart jusqu’à minuit. Cap au cent dix. Au train où nous filons, on devrait être à hauteur de Pantelleria vers cette heure-là. Tu verras, il y aura deux feux : la pointe de Sicile et l’île, bâbord et tribord. Le cap Bon est trop éloigné pour être visible. Je vais reprendre la main pour le passage. C’est assez fréquenté même de nuit et le vent va fraîchir. Tu me relèves à quatre heures. Après, cap au cent vingt, le phare de Gozo devrait être visible en fin de la nuit suivante. On longera les îles par le sud pour remonter au final au nord pour croiser dans le secteur de La Valette. T’es OK ? 
? Parfait, capitaine, bonne nuit ! 
Nono prend la barre, et Pierre va se reposer. Il fait presque nuit. Le vent fraîchit effectivement, sans poser de problème : force trois. Comme prévu, vers minuit, l’étrave est orientée vers les deux phares qui clignotent droit devant. A l’heure tapante, Janda émerge avec deux pots de café fumant.
? Alors, matelot, comment ça se présente ? 
? Comme tu vois, conforme à la feuille de route. Il y a deux bateaux dans le soixante et dix.  Assez éloignés. Ils font route à l’ouest.  Norbert cède volontiers le siège du skipper et attrape son pot. Après deux gorgées :
? Putain, il est dégueulasse, ton café !
L’autre grimace aussi :
? Excuse, camarade, j’ai eu la flemme et j’ai réchauffé le reste de ce soir. C’est vrai qu’il est pas bon, pas bon. Ils vident leurs pots à la mer.
? Bon, tant pis, on va pas en refaire, je vais me pieuter, je suis vanné. A tout à l’heure.
A peine est-il couché qu’il s’endort comme une masse.

Un peu fatigué, le Nono...

A suivre

Parceval



Sybilla
Envoyé le :  18/9/2024 22:51
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Re: BONNE PÊCHE 6
Bonsoir Parceval,

L'aventure de ces deux protagonistes se poursuit et quelles aventures !

À bientôt pour la suite de ton récit !



Belle soirée Cher Ami poète Parceval !
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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