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     BONNE PÊCHE 8
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  24/9/2024 7:45
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
BONNE PÊCHE 8

BONNE PÊCHE 8


DE CHARYBDE EN SCYLLA



Apparemment, ils sont six : Quatre hommes et deux femmes. Deux sont à la manœuvre. L’un des deux autres arbore une chemise tahitienne et une casquette de yachtman. C’est lui qui le hèle.
Une sueur glacée vient mouiller le dos de son teeshirt : Pas de Janda, barbu ou non ! Par contre on l’identifie comme tel.
? Ohé du Pégasus, Mister Jandalby ? On arrive ! 
Complètement sonné, Norbert met en panne et bascule les boudins de défense pour permettre l’accostage. Puis il attrape le bout lancé par l’homme de proue et arrime les deux bateaux. Il est resté muet, mais ça bouillonne en interne. Comment sortir de ce merdier ? Dans l’urgence, qui ne dit mot consent : Janda doit livrer le voilier, eh bien, Janda livre, on verra toujours après. Il aide le Yachtman à passer à bord.
? Kostas Léandros, vous me remettez ? 
Shake-hand vigoureux. 
? Vous avez fait bon voyage ?
? Excellent, merci, la mer à été super. 
? En effet, vous êtes exact à la demi-journée prés. Félicitations. Bien, on va pouvoir s’installer et prendre la main. Voici mes amies Tania et Kate (sourires) et Igor, mon secrétaire (Shake-hand) Laissez, les matelots vont transborder nos bagages et les provisions.
Les deux nanas sont des gravures de mode, enfin, pour ce qu’elles portent sur elles. Belles, charmantes, rieuses, bronzées, et jeunes. Il ne va pas s’ennuyer, le Kostas…. Quant à Igor, ça doit être l’œil des clients.
Nono passe en revue tous les équipements de bord, réserves carburants, batteries, eau douce, revient à la table de navigation pour les documents administratifs. Tout est parfait. Nouvelle poignée de main chaleureuse.
? Salvo, prends les sacs de Monsieur Jandalby. 
Et tous les sacs changent de bord. Ceux de Pierre y compris.
? Pardonnez mon impatience, mais l’heure s’avance et je voudrais prendre rapidement la mer vers la Crète. On va jouer à saute mouton d’île en île dans l’archipel des Cyclades, avant de rejoindre Limassol. Pas vrai les filles ?  Elles ont déjà investi le roof et ne daignent pas répondre, toutes occupées à prendre leurs quartiers et à chahuter Igor.
Le secrétaire lui tend le document de réception à parapher et Norbert signe Pierre. Il passe à bord du runabout. Kostas lui dit : 
? La vedette ne vous déposera pas à La Valette, comme prévu. J’ai trouvé plus pratique de vous faire débarquer en Baie Saint Paul pour le Bellavista. Je vous souhaite de bonnes vacances. Ah, j’oubliais le principal. 
Et il lui donne une grande enveloppe kraft. Machinalement, Norbert la prend.
? Bonne route, Kostas. 
L’amarre est rendue, la vedette s’écarte et poursuit à l’Ouest. Le Pégasus remet la toile et cap à l’est. Il y a une bonne demi-heure de navigation pour rejoindre Saint Paul en longeant le littoral. En d’autres circonstances, Norbert aurait apprécié le spectacle de l’île. Mais là, il ne goûte pas vraiment, répondant par monosyllabes aux méritoires commentaires touristiques des matelots. Perdu dans ses pensées, avec l’impression de ne plus rien maîtriser du tout et accroché à l’espoir que Janda l’attende à l’hôtel. Ils abordent à la jetée. Salvo et Anselme l’aident à débarquer son barda. Ils l’assurent avoir prévenu et que la navette arrive. Une hésitation et Nono leur refile deux coupures de cent, qui disparaissent aussi vite que leur sourire a surgi. 
? Merci, Monsieur, au plaisir. Notre carte.  Tchao, tchao ; la vedette s’en va. Effectivement, le minicar Bellavista se pointe quelques minutes plus tard.
L’hôtel se trouve de l’autre coté de la baie, en bordure de mer. Pas un palace mais bon standing. L’accueil est parfait :
? Bonjour Monsieur Jandalby, vous avez fait bon voyage ? Voici vos clefs, chambre 121. Si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas.
 On lui remet un dépliant ; le dîner est servi à partir de vingt et une heures. Il refrène la question qui lui brûle les lèvres. Ainsi, il n’a réservé qu’une chambre ?
Le service d’étage dépose ses bagages. Grande chambre, lit XL, dressing, bains, bureau et grande terrasse vue sur mer. Frigo-bar bien garni. Avant de renvoyer le garçon, il la pose, sa question sans importance :
? Il est possible qu’une connaissance, Monsieur Bacqueyrou, soit de passage ici… 
? Pas que je sache, Monsieur. 
Merci appuyé d’un petit billet.
Une douche s’impose pour digérer tout ça. Sous le jet bienfaisant, la fatigue s’en va, mais pour le reste, rien ne s’améliore. Il se sent trahi, bafoué, l’amitié foulée aux pieds. Le salaud ! Ainsi ça se confirme, tout a été prémédité, organisé dans les moindres détails. Pas une blague, il s’est servi de lui, ou plutôt de leur ressemblance, dans un objectif qui reste à déterminer. Depuis la ‘disparition’ rocambolesque, il a été condamné, conditionné à endosser les habits de Jandalby. Pris dans la nasse. Sa marge de manœuvre se rétrécit drôlement plus le temps passe. Des tas de détails qui lui reviennent ne laissent pas de place au doute. Il se trouve embarqué dans une manip pas catholique. Piégé. Un goût amer dans la bouche. Profondément blessé. Cette complicité retrouvée, ce plaisir d’être ensemble, impossible qu’il les ait imaginés. Il ne peut se résoudre à admettre qu’il avait tout faux sur Pierre.
Bon, de toute façon, au point où il en est, il ne va pas s’embarrasser de scrupules. Et il engage une fouille détaillée des affaires. Rien de particulier dans le sac. La sacoche, il avait déjà regardé, les papiers, l’argent, la carte bancaire et le carnet. Pour le carnet, difficile d’interpréter les notes et les diverses données chiffrées. Si, la signature du copain, offerte au copiste… Ah, reste l’enveloppe. Il la décachette et contemple, à peine surpris, les liasses de billets qui s’en échappent. Mazette ! Il compte quarante-cinq mille euros en coupures de cinquante, cent et cinq cent euros, propres, mais pas neuves et pas de Malte, qui vient tout juste de passer à l’euro.
Pour la rémunération du convoyage, ça fait beaucoup, à moins que le voilier ait recelé un chargement discret mais de grande valeur. Peu vraisemblable, sauf à penser que la seule raison du remplacement’ ait été de l’envoyer, lui, au devant des ennuis potentiels ? ça ne tient pas, il aurait été là à l’hôtel comme il l’avait espéré un moment, une fois le bébé livré.
Pour le dédommager du sale coup qu’on lui fait ? Ça peut tenir, mais ça confirme une sacrée entourloupe… Une petite enveloppe sans adresse dans le fond de la grande, qui livre : Une carte postale de la place du Capitole, avec les meilleurs souvenirs de Maurice, à bientôt à La Valette au ferry du vingt sept. Une carte de visite d’un Maurice Depierre, Import Export, numéros de fax et téléphone. Ce dernier comporte les cinq derniers chiffres groupés espacés du reste.
Voilà qui lève une partie du voile. Il parait important qu’on croie officiellement Monsieur Jandalby en vacances à Malte jusqu’au vingt-sept. Il y a fort à parier qu’au retour du ferry vers la Sicile, à Pozzalo, un barbu ne le sera plus et chacun aura récupéré son identité. Break et vogue la galère. Avant d’aller visiter Syracuse, il faudra qu’il s’explique, le fumier ! Et il a intérêt à être convaincant. Vu la somme, ça doit être gratiné, et vu le CV du copain, pas totalement exempt de risque pour son sosie.
Rangés au placard ses états d’âme. Il a presque récupéré ses moyens, et le pragmatisme de Norbert le privé. Jusqu’au 27, il est préférable de jouer à fond Pierre le Touriste, d’être prudent sans tomber dans la parano.
La nuit est tombée. Il est descendu dîner, en déposant au passage la sacoche garnie au coffre de l’hôtel. Peu de monde dans la salle, il est presque onze heures. Repas frugal, à son choix, et retour. Le sommeil est au rendez-vous, il a eu sa ration pour aujourd’hui….Il fera jour demain.


Bonne nuit Nono....

A suivre

Parceval


Sybilla
Envoyé le :  2/10/2024 0:48
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Re: BONNE PÊCHE 8
Bonsoir Cher Ami poète Parceval,

Les actions se corsent apparemment...
Comment va t'il s'en sortir...?

J'ai hâte de lire la suite !

Superbe récit en partage !



Belle soirée Cher Ami poète Parceval !
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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