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     BONNE PĂŠCHE 19
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  25/10/2024 9:38
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
BONNE PĂŠCHE 19

BONNE PĂŠCHE 19


BENEDICTE


? Bon, ça n’est pas tout, je vais récupérer ma barcasse.
Il décline l’offre de Jean de l’y mener en voiture : il aura plus vite fait d’y aller à pied.  Mauvaise pioche : il doit passer par les quais et affronter ses petits copains de pêche et de bistrot ; ils s’en donnent à cœur joie : alors tu vas à la pêche au gros ? Assassin, ils t’on relâché ? Ça s’arrose ! Le reste à l’avenant. Il s’en tire avec un mot gentil pour la maison poulaga, quelques galéjades et file vers le quai de la douane.
La Galinette vogue vers son mouillage d’un train de sénateur ; Ange, à moitié asphyxié, fait le ménage ; les friandises dont il garnit ses paniers sont restées au soleil et leur parfum n’a rien d’un n°5 de Chanel.
Il amarre le pointu au petit appontement de bois et lui jette un regard attendri ; il va falloir laisser tout ça, ou plutôt le détruire, pour accréditer la légende d’une affaire crapuleuse. Finalement, vu la tournure des choses, il n’en a plus rien à faire d’être grillé localement. Miracle, sa vespa est toujours là et démarre au premier coup de click.
Lorsqu’il pousse le portail de Pierredon, Bénédicte l’interpelle de sa terrasse.
? Bon Dieu, Dano, t’étais où ? On m’a dit qu’ils t’avaient lâché à midi ; J’avais préparé un casse-croûte ; pas moyen de t’avoir au portable ! 
Il explique pour le bateau et qu’on lui a gardé son téléphone. Visiblement, elle n’a pas dormi et ne cache pas son inquiétude, confirmant ses propres craintes. Oui, elle est au diapason. Pincement de cœur ; ça va être dur, dur. Ah, ils forment un sacré duo, avec lui, hirsute, sale et pas rasé, puant le poisson pas frais : quel tableau !
? Écoute, je me fais tout neuf et je monte te voir; prépare le pastis.
Une demi-heure plus tard, lorsqu’il gravit l’escalier il est nettement plus présentable : linge propre, rasé de près, eau de toilette.
? Mmm, ça sent bon, je sais, tu as fait un tian d’aubergine ! J’ai comme un petit creux, là ! 
  Elle le regarde, les mains dans les poches de sa blouse légère. Il entre. La bise ? Oui, mais ça dérape vite fait. Pas vers la table mise. Lorsqu’ils refont surface, le tian est un poil roussi. Pas grave, ce n’est pas de cela qu’ils avaient faim. Tout en œuvrant pour recomposer un en-cas, en sirotant leur anis, la question inévitable fuse.
?  Ange, c’est quoi cette histoire ? Je suis morte de peur.
Il raconte, explique. A minima, bien sûr.
? Pourquoi m’avoir téléphoné ? 
? Mais pour que tu ne t’inquiètes pas. Je pensais que vers midi, j’aurais terminé ma déposition et que nous aurions pu rentrer, tu m’aurais aidé pour le bateau … 
Il se garde bien d’ajouter qu’il a tout fait pour être mis en garde à vue. Il se contente d’appuyer sur l’obstination de l’inspecteur à voir en lui le suspect idéal. Car le noyé à été trucidé. Ça sent quand même une entourloupe pour lui faire des ennuis.
? Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais c’est préoccupant. 
 ?Tu ne me caches rien ? 
? Non, je t’assure, j’ai une réputation un peu folklorique, mais je ne suis jamais sorti des clous ! 
Ils mangent en silence ce qui a pu être sauvé du tian, arrosé d’un rosé de Bandol, du fromage et des fruits. Perdus dans leurs pensées. Lui, au supplice pour ce qu’il va devoir faire ; elle effarée et inquiète de ce qui lui apparaît maintenant : Dano, l’homme de sa vie, toutes ces menaces diffuses. Le connaît-elle vraiment ? La cafetière italienne siffle le début de la deuxième mi-temps. Elle le rejoint sur le canapé et se blottit dans ses bras, songeuse.
? Et qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?  Un silence, puis :
? Et bien voilà, je vais mettre mes affaires en ordre. L’enquête suit son cours. Le temps qu’elle aboutisse, Jean Pelard m’a fait comprendre qu’il serait bon que je m’absente, jusqu’à ce que le soufflé retombe. Qu’on le veuille ou non, je suis mouillé dans cette histoire et j’ai maintenant une salle réputation. J’ai des amis retraités de la Royale du coté de Douarnenez, qui tiennent une auberge. Je vais voir avec eux. Elle lui à demandé de rester chez elle. Il ne peut botter en touche, en a-t-il d’ailleurs envie ?

Bénédicte est en route pour Aix, dans sa fidèle kangoo. La veille, elle a reçu un coup de fil de l’avocat de Dano, qui souhaite la voir, si possible rapidement, pour lui remettre des documents. Ça tombe bien car elle devait passer à la galerie Thémis déposer deux tableaux et récupérer trois sous. Elle est quand même intriguée : des documents ? Dano ?
Ça fait trois jours qu’il est parti « se mettre au vert » quelques temps, sur les conseils de ce même avocat. Hier, il l’a bien appelée : il était en villégiature à Douarnenez pour deux semaines, beau temps, belle mer… et des non dits qui l’ont rendue nerveuse.
Elle ne profite guère de la campagne provençale, ni de la Sainte Victoire qui barre tout l’horizon, pressée d’arriver a ses rendez-vous. D’abord la galerie, cours Mirabeau ; parking payant, off course ; accrochage des tableaux et discussion de chiffonniers pour récupérer le fruit des dernières ventes.
Onze heures, rue de la Motte. Une chance : de la place pour garer. Jean Pelard l’accueille avec amabilité. Il dit être chargé par son client d’une démarche qui peut la surprendre. Mais il insiste sur l’importance de s’y conformer : Monsieur Danesto semble y tenir énormément.

? Voila : je dois vous faire lire un document sonore, deux fois. Si vous voulez bien, je vous installe dans l’annexe de mon bureau. Je vais vous laisser, le contenu est sans doute très personnel. Je déclencherai la cassette d’ici.
Bénédicte, un peu angoissée, s’assied et coiffe le casque audio. Un bref souffle puis :
« Bénédicte, ce que j’ai à te dire va nous faire très mal. C’est ainsi et je dois m’y résoudre, la mort dans l’âme, il en va de ta sécurité. Je ne reviendrai pas, Béla, je ne reviendrai pas.
Il aura fallu que ces événements se produisent pour que je prenne conscience de ce qui nous unit. Tu sauras bien lui donner un nom. Lorsque je suis revenu à Pierredon, tes yeux ne m’ont pas menti. Nous avons fini de jouer à je t’aime moi non plus. Comment ai-je pu être aveugle à ce point. Nous nous sommes trouvés, Béla, nous nous sommes trouvés, et nous allons nous perdre. Je ne peux rien dire de plus. Il te reste à maudire le sort qui m’a fait tel que je suis, ou me maudire moi, je ne t’en voudrais pas.
Il me reste à faire en sorte que tu ne pâtisses pas de ces évènements, et à régler les aspects bassement matériels. J’en ai chargé Jean Pelard, tu peux lui faire toute confiance.
J’aimerais pouvoir te dire : on se retrouvera. Les miracles sont rares. Essaie d’oublier ; tes pinceaux sont magiques, ils t’aideront. Le temps fera le reste. Je te baise les mains. »
Elle s’est enfoncée dans son fauteuil, comme écrasée par ce qu’elle vient d’entendre. Et qui repart, impitoyable, pour bien l’ancrer dans cette réalité. Lorsqu’elle retire les écouteurs, ça fait un bail qu’ils sont muets.
? Madame Lascher, venez, c’est terminé…

A suivre

Parceval



Sybilla
Envoyé le :  26/10/2024 21:01
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Re: BONNE PĂŠCHE 19
Bonsoir Cher Ami poète Parceval,

Cela va de rebondissements en rebondissements...
C'est à la fois très intriguant et j'ai hâte de connaître la suite pour savoir comment il va s'en sortir !

Superbe récit en partage !



Belle soirée Cher Ami poète Parceval !
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rĂŞve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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