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     BONNE PÊCHE 20
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  29/10/2024 8:48
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
BONNE PÊCHE 20

BONNE PÊCHE 20



LA DOULEUR



Retour au bureau. Sur la terrasse, un petit barbecue dégage une fumée qui pue le plastique brûlé. Ils échangent un regard qui en dit long sur leurs préoccupations respectives. Elle dit faiblement : 
? Je suppose que je ne saurai rien de plus, n’est-ce pas ?
? Sur ce à quoi vous pensez, c’est non. Je suis tenu au secret professionnel et au devoir de l’amitié.  Sa voix devient plus chaleureuse ; il lui prend la main :
? Vous savez, Ange est quelqu’un de bien. S’il avait pu faire autrement, ne doutez pas qu’il l’aurait fait. Il m’a chargé de veiller sur vous. Si vous avez le moindre problème, la moindre inquiétude, n’hésitez pas à m’appeler, uniquement à ce numéro. Pour rendre son départ « naturel », j’ai là un dossier comprenant toute les pièces que vous allez recevoir en recommandé : à savoir, son congé en bonne et due forme, le règlement du préavis, la rétrocession de son mobilier a votre bénéfice ; vous permettant d’envisager une location saisonnière en meublé. Les clefs plus d’autres pièces sans importance. Je vous remets les doubles. Je vous recommande de veiller à n’afficher que les réactions conventionnelles d’une logeuse pour le départ inopiné d’un locataire. Ah, oui, je viens d’apprendre que la Galinette à brûlé au mouillage. Un acte de malveillance sans doute.
Muette, elle prend la grosse enveloppe. Bizarrement, elle fait confiance à son vis-à-vis. Elle décline l’invitation à déjeuner ; qu’auraient-ils eu à se dire de plus ? Une seule envie, rentrer à la maison.
Le retour se passe en mode ‘ pilotage automatique’. Elle n’a aucune conscience du chemin parcouru lorsqu’elle remise la kangoo à l’abri. La porte bouclée, elle s’affaire aux tâches domestiques comme un automate, anesthésiée par ce qu’elle vient d’apprendre et ce qu’elle commence à entrevoir. C’est fou, on croirait un roman de hall de gare !
Elle finit par se retrouver devant son chevalet, le pinceau à la main, à étoffer de touches précises l’ébauche d’une marine ventée où tangue un pointu dont le pilote affiche une silhouette connue, même de dos.
Un flot de souvenirs amers remontent en surface. Ses études aux Beaux-Arts. Et ce prof, beau comme un dieu, peintre dans le vent dont elle s’amourache. Bientôt complètement sous influence, elle réalise une grande part des toiles qu’il se contente de signer. Rude réveil ; une conversation surprise lors d’une soirée de vernissage lui fait comprendre son aveuglement : « Bela, mais, mon Cher, elle n’a aucun talent autre que celui que je lui donne. Par contre, au lit… »
Profondément blessée, elle avait mis du temps à s’en remettre. Mais de ce jour, elle avait décidé que dorénavant, c’était elle qui mènerait sa barque, sur la toile et au lit.  Et elle s’y était tenue. Ses liaisons, au demeurant peu nombreuses, restaient au niveau qui lui convenait. Si je veux, qui je veux, quand je veux, où je veux, et c’est moi qui tiens le clap de fin. Sinon, copain, copain, filles et garçons.
Enfin, jusqu’au jour où elle a reçu cet appel à sept heures du mat. Et réalisé à quel point elle l’avait dans la peau, cet Ange de malheur ; cet inconnu sadique qui répond à ses vœux les plus secrets, lui fait briller ce qui aurait pu être leur histoire, et puis qui disparaît sans espoir de retour. En lui laissant l’angoisse, les regrets, et un grand trou dans le cœur, qu’elle croyait scellé.
Il lui manque déjà, son critique d’art privé, avec ses remarques pertinentes sur ses délires de toile, leurs crises de fou-rire. Enfin sa tendresse et leur complicité. Sa manière d’être là, simplement. Et ses mains…Le monstre. Elle tremble sursaute, hoquette, crache sur sa palette. Au lieu de calmer sa peine et ses angoisses en rongeant la queue de son pinceau, elle vient d’en sucer consciencieusement les soies imbibées de peinture ! Le bleu outremer, c’est pire que les bleus à l’âme, c’est particulièrement dégueulasse. Course vers la salle de bains. Elle vomit un peu, se rince et s’administre un bain de bouche copieux. Ses hauts-le-cœur se calment un peu, avec le secours de la bouteille de whisky.
La glace lui renvoie l’image de sa frimousse barbouillée de peinture bleue. Lèvres et langue à l’avenant : une vraie Stroumpfette. Un rire nerveux la secoue ; enfin la marée déferle, coupée de gros sanglots. Bénédicte pleure son amour à peine entrevu et déjà confisqué. Salaud ! Salaud ! Chienne de vie. Pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui !

Dur, dur...



A suivre

Parceval









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Sujet :  Expéditeur Date
 » BONNE PÊCHE 20 Parceval 29/10/2024 8:48
     Re: BONNE PÊCHE 20 Sybilla 30/10/2024 20:59

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