BONNE PÊCHE 21



CONSEIL DE GUERRE



Le samedi suivant, aux environs de Lourmarin, une auberge discrète : le Clos des Oliviers. Belle journée de Juin, ensoleillée et chaude. Il est une heure de l’après-midi. Pas trop de monde à déjeuner. Le coup de feu, ce sera ce soir. Le mistral souffle gentiment, assez pour convaincre la majorité des clients de profiter de la grande salle climatisée pour leurs agapes. Sauf des originaux qui ont préféré la terrasse au bord de la piscine. Ils bravent la chaleur à l’abri du rest-room, sous un grand parasol haubané pour prémunir des rafales. Deux palmiers et un grand néflier complètent le décor. En toile de fond une haie de cyprès laisse entrevoir vignobles et oliveraies.
Voyons pour le tour de table. Adhémar Desbrouilles, sexa falot à bésicles. Il à tombé le veston et retroussé les manches. En d’autres lieux, on aurait été tenté de lui faire l’aumône.
Accessoirement c’est le patron de la DST. Vient ensuite Bruno Courtade, quadra sympathique et jovial, tenue décontractée, son adjoint. Marc De Chervieux. Lui, pas de problème pour le situer : Parfait représentant de l’aristocratie nobiliaire. Grand échalas, costume et maintien, associés. On lui donnerait du Monsieur le Comte presque naturellement. En charge de la zone sud-est. Jean Pelard, avocat et honorable correspondant à Aix pour les départements Provence littorale, que nous connaissons déjà. Tout comme Ange Danesto, toujours aussi emmerdé.
L’entrée a été desservie et la table dressée pour le plat suivant. Le Chef vient saluer ses clients : 
? Tout va bien messieurs ? 
C’est Adhémar qui répond indirectement :
? Pelard, vous avez le don de dénicher les chapelles du bien manger ; cette cassolette de truffes était sublime ! 
Le Chef se rengorge : 
? Je me permets de conseiller un Vaqueyras rouge pour accompagner la daube provençale qui suit. Vous m’en direz des nouvelles. 
Et Pelard d’en rajouter une couche :
? Si fait, mon ami, vous avez toute notre confiance.
Le bruissement du vent et le chant des cigales reprennent le dessus. Ce n’est que lorsque la daube à été servie et les verres remplis, la tranquillité assurée pour que les choses sérieuses soient évoquées.
? On peut dire qu’il fait des vagues, le cadeau de Danesto. L’Intérieur, la Défense, les Affaires Étrangères, même le proche entourage de Qui Vous Savez. Expliquez un peu Chervieux, moi, ça me fatigue. 
C’est le Boss qui a causé ; De Chervieux enchaîne : 
? Je vous fais le topo : Pierre Jandalby, le mec qui s’est fait repasser. Un ex de la Piscine, pas n’importe qui : une pointure avec des états de service élogieux. Diablement efficace dans les coups tordus. Au point qu’on le laisse souvent travailler en free-lance. Il est probable qu’il ait son propre réseau. Ramène toujours d’excellents tuyaux. Ne rend compte qu’a haut niveau. Il est vrai qu’il bénéficie d’une couverture bien placée, qu’il a bien tirée d’affaire lors du coup d’état de Malikora, au moment de la prétendue liquidation de la françafrique. Ça fait des envieux. De mauvaises langues à la DGSE font entendre depuis quelque temps qu’il pourrait bien bouffer à tous les râteliers et travailler pour son compte. Sans succès jusqu’à présent, mais on parlait de le mettre sous tutelle. En tout cas, il n’était pas en mission. Son assassinat peut donner lieu à tant d’interprétations (il en savait beaucoup, peut-être trop) que chacun soupçonne l’autre d’y être pour quelque chose. Même nous, un comble. 
Là, il y a un break, on passe aux fromages : roquette et Pelargon. Un rosé gris de gris bien glacé, merci. Courtade intervient :
? On, représentant de Qui-vous-savez, nous a renvoyés chacun dans nos buts, avec une invitation pressante de cesser de nous tirer dans les pattes et de collaborer pour élucider cette affaire rapidement. Un compromis a été trouvé : Piscine et Intérieur, trop impliqués directement, nous délèguent l’enquête avec accès au dossier et tout support nécessaire.
De Chervieux repose son verre avec un soupir d’aise.
? L’objectif : trouver les tenants et aboutissants qui ont conduit à cette exécution. Et pourquoi nous avons hérité du bébé. Rapidement. Sans éliminer aucune piste. Peut-être un point d’entrée : alors qu’il dort au frais à Marseille, Jandalby fait du tourisme à Malte, sa carte de crédit a été activée le 16, étonnant, non ? Dernier domicile connu : près de Perpignan, à La Nouvelle, où il gère plus ou moins une affaire de tourisme et navigation de plaisance, sa base arrière, on suppose. 
Chacun semble prendre une option pour la sieste lorsque le serveur propose desserts et cafés. Une fois servis, Courtade balance, comme s’il parlait du temps qu’il fait :
? Il serait peut-être intéressant de confier à celui par qui le scandale arrive le soin de prendre cette affaire en main.
Ange manque s’étouffer avec son sorbet. Tous les regards convergent vers lui.
? Ça va, ça va, pas besoin de me faire un dessin.
Jean Pelard lui tape sur l’épaule : 
? Tiens, voila tes fafs et ton billet. Marignane, demain treize heures. Bonnes vacances, veinard !  Tu seras en liaison avec De Chervieux. 
Mince sourire de l’intéressé. La mauvaise humeur de Dano est une façade. Il comptait bien que ce soit lui qui s’y colle. Sans compter une certaine suspicion en tant que transfuge de la DGSE. Il va trouver dans l’action un dérivatif à ses états d’âme, et qui sait, se faire le fils de pute qui l’a mis dans cette situation. Il attrape la serviette de cuir et se lève. Avanti tutti !
Il n’a que le temps de passer au centre commercial Aix-Marseille pour s’équiper de l’attirail du parfait touriste (demain c’est Dimanche), avant de rejoindre son hôtel. Il était ‘descendu’ de Douarnenez avec un bagage léger, léger. On ne peut pas tout prévoir. Pas question de dîner ce soir, juste un café : il faut digérer le festin de ce diable d’aubergiste. Il fait la daube presqu’aussi bien que Bela. Aye, aye, aye, il a mis le doigt là ou ça fait mal…La lecture studieuse des documents transmis suffira à meubler la soirée. Une bonne mauvaise nuit de sommeil (Béla) et il sera d’attaque pour demain.
Une demi-heure de retard au décollage. Dans la salle d’embarquement, il a remarqué une dizaine de mecs poivre et sel avec des tee-shirts marqués « Espoir bouliste Pegomast ». La pétanque, quelle chance, c’est sa spécialité (parmi d’autres) ; il lie rapidement connaissance. Échange dans le cadre du jumelage entre leur village et Mellieha. Grand tournoi prévu. Ils résideront à Xemxija, hôtel Bellavista. Inespéré pour une arrivée discrète. Les dieux sont avec lui. Il met le paquet. A l’’heure du départ, ils sont déjà copains-copains. Entre boulistes, le courant passe…

Un clap... Action!

A suivre

Parceval

Bonsoir Parceval,

Les histoires d'espionnage sont toujours assez complexes car tant de choses sont top secret.

Superbe récit que j'ai beaucoup aimé lire !

En attendant la suite !



Belle soirée Cher Ami poète Parceval !
Toutes mes amitiés
Sybilla

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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)