Plume de platine Inscrit le: 11/4/2011 De: |
BONNE PÊCHE 23 BONNE PÊCHE 23
CONFÉRENCE SUR L’OS A MOELLE
Ange a du pain sur la planche. Une bonne partie de la nuit sera consacrée à conférer avec Marc De Chervieux. Rapporter les données collectées. En faire la synthèse. Élaborer une stratégie de sélection de ce qui doit être dispatché à la DGSE, et ce qui doit remonter aux niveaux dits supérieurs. Déterminer les actions à mener pour éclairer les zones d’ombre qui persistent, et il y en a. Vu la personnalité et le CV déjà vérifié du sosie de Jandalby, Marc n’est pas opposé à ce qu’il s’assure de son concours en tant que de besoin. Ne lui communiquer que les infos strictement utiles. Le tout sous sa responsabilité et sans couverture officielle. « Il va se trouver nécessairement en doublon sur des investigations de nos collègues et je ne veux pas de problèmes. » En résumé, voilà comment il voit les choses : Au tout début d’année, Jandalby estime que toutes les conditions vont être réunies, et qu’il est temps. Réaliser un coup fumant, le dernier, l’apothéose, qui va lui permettre de s’éclipser, de prendre une retraite, dorée bien entendu, sous des cieux accueillants. Car il a bien vu que ça va finir par se gâter. La DGSE, il le sent, certains signes ne trompent pas. Son copain ministériel, mouillé avec lui dans quelques opérations juteuses sous couvert des ‘intérêts supérieurs de la Nation’ en Afrique, eh bien, il n’a plus la cote, un remaniement à la rentrée parlementaire d’automne se profile coté Quai d’Orsay, qui le laisserait sans couverture. Il s’est préparé à cette éventualité bien en amont. Ses points de chute, vraisemblablement Brésil, Uruguay, Argentine. Là -bas, c’est en plein essor économique. Investir dans le coin est bien vu. Ils ne sont pas regardants sur l’origine des capitaux. De bons chirurgiens esthétiques, de quoi le faire tout neuf. Au physique et à l’administratif : Les faux-vrais fafs, ça le connaît… Donc, voilà  : disparaître, mais pas sans biscuits. Il a déjà les petits bruns, mais quelques palets bretons seront bienvenus. Son marché : rives sud de la grande bleue. Transferts de fonds occultes, financements terroristes, réserves off shore, au cas où ; investissements en tout genre, mais hors mafia. Oligarques slaves, mégaloprinces du désert, potentats divers, il n’y a qu’à choisir. Et il commence à programmer et scénariser tout cela. Une contrainte majeure : en aucun cas il ne faut qu’on se doute de son implication, directe ou indirecte, du moins le temps de son évaporation. On, c’est autant le coté interne (Il ne sera pas missionné) que l’externe : les futurs dindons de la farce. Pour cela, il faudra qu’il soit ‘visible’ tout le temps de la manip et même quelques semaines après. Pour le coté ‘interne’, il va monter une couverture en clair, genre vacances studieuses en méditerranée avec recherche de contacts dans le milieu en prise avec l’oligarchie slave dans le bassin est. (A confirmer avec investigations coté Kostas) Coté ‘externe’, ses « clients », eux, ne connaissent que les contacts parmi lesquels il navigue en virtuose, toujours masqué, évidemment ; dans ces milieux, les transactions, quelles que soient leur nature, se règlent en cash, devises, or ou pierres, réputés sans odeur. Il vaut mieux jouer réglo sous peine de désagréments souvent fatals. Personne ne devra pouvoir remonter jusqu’à lui. La logistique et les moyens à mettre en œuvre, il doit en disposer (…On dit qu’il doit avoir son réseau…) informateurs, exécutants, équipe restreinte d’intervention. Des moyens maritimes aussi, mais rien de basé à La Nouvelle, les collègues l’aurait vite identifié. Il verrait bien ça coté Baléares, corse ou sarde avec un lien discret en Languedoc. A creuser, il fera bosser Bacqueyrou là -dessus. Pour la couverture, sans doute il pense à un comédien physiquement compatible, à acheter et convaincre de jouer son rôle pendant trois semaines. Pas trop difficile à trouver dans la jungle des intermittents en mal de cachets. A éliminer en fin de parcours. Et puis comme un flash : Mais oui, mais oui, il a un sosie ! Nono. Qu’est-ce qu’il est devenu ? Il va le repérer, l’espionne, sait tout de lui. Imagine un scénario et un baratin de première pour l’amener à endosser ses habits. En jouant finement la carte du ‘t’es pas cap’. Un simple dédommagement accompagné au final de l’explication qui va bien et tout sera dit. Pas besoin d’être expéditif, c’est un ami, non ? Ceci dit, s’il se montre trop curieux… Et bien, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. C’est cette option qu’il a pris en prime, l’acteur n’intervenant qu’en cas d’échec. Et ça marche, au delà de toutes espérances. Conformément à son plan, le jour dit, il est récupéré par le bateau drivé par son équipe. Sans doute un engin puissant genre qu’on voit à quai dans les ports à la mode. Opération de ‘piraterie’ dans la foulée. (Investiguer sur le moindre événement émergeant dans les deux cent miles autour de Malte) Échec ou réussite, difficile à savoir. Peut-être les deux. Avec la même conclusion : Exit Janda, avec ou sans ses sbires, atomisé. Disparu sans laisser de traces. Exécuté par le client alerté, ou par ses compères. Quand il y a du mégafric en jeu, ça peut conduire à sous estimer l’appétit de ses copains. Sauf que Jandalby, il est venu trois jours après se faire buter et polluer ses casiers de girelles à Sanary. Porqué, porqué ? Danesto est tenté de privilégier le règlement de compte interne, exécuté par un de ses gars qui connaît la réalité de ses activités. L’objectif, se donner du mou pour se perdre dans la nature avec le paquet. Il va garder le perdant au frais et le livrer proprement occis dans les pattes des Services. Bordel garanti, le temps qu’on finisse de se soupçonner mutuellement de coup tordu, remonter la connexion sera plutôt coton. Ouais, ouais, ça pourrait… Mais pourquoi lui, précisément ? Janda n’était pas censé connaître son existence. Alors, le hasard ? Foutaise.
Ange s’écroule sur son plumard, la tête comme un gros melon. Du roman tout ça. Tiens, peut-être sa reconversion ? En attendant de lui trouver une réalité, terminer l’épisode maltais, avec l’ami Bacqueyrou. Il a une bonne tête, ce gus, on devrait pouvoir fonctionner. Et il plonge… dans les bras de Béla. Morphée peut aller se rhabiller.
Un vrai pro cet Ange...
A suivre
Parceval
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