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     La descente (partie 2)
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Expéditeur Conversation
Mr_Guyguy
Envoyé le :  19/12/2024 21:02
Plume d'or
Inscrit le: 9/6/2009
De: Rouen, Mornes des esses et Casablanca
La descente (partie 2)
Les journées se déroulaient comme un enchaînement de petites victoires et de moments d’incertitude. Je me levais chaque matin avec une détermination nouvelle, mais parfois l’angoisse de l’inconnu revenait, comme un nuage menaçant. Je savais qu’il avait encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir me dire que j’étais totalement guéri, mais j’apprenais à apprécier chaque pas, aussi petit soit-il.  

Le programme au centre de réhabilitation devenait plus intense. J’étais confronté à des exercices qui m’obligeaient à me regarder sous un jour nouveau, à faire face à mes erreurs passées, mais aussi à comprendre pourquoi je m’étais laissé entraîner dans cette spirale de destruction. Cela ne venait pas sans douleur. Chaque révélation sur mes comportements, chaque confrontation avec mon passé, m’obligeait à replonger dans des souvenirs que j’aurais préféré oublier.  

Mais le soutien que je recevais, en particulier de Kaoutar, devenait mon ancrage. Chaque fois que je me sentais sur le point de céder à la tentation, je pensais à elle, à ses paroles pleines de sagesse et d’amour inconditionnel. Elle me disait régulièrement : « Tu es plus fort que tu ne crois, Yves. Il n’y a pas de honte à lutter. La vraie force, c’est d’accepter de se battre pour un avenir meilleur. »
Cependant, le 25 juin, une épreuve plus difficile l’attendait. J’avais accepté de participer à une session de réconciliation organisée par le centre, où des parents pouvaient rencontrer leurs enfants dans un cadre thérapeutique. Ce serait la première fois que je reverrais Ericka et Adeline depuis notre rencontre au parc. L’idée de leur faire face à nouveau, et de leur montrer que j’étais capable de tenir, me terrifiait. Mais je savais que c’était un pas que je devais franchir.  


Le centre avait organisé la réunion dans une salle calme et lumineuse. J’arrivais en avance, l’esprit embrouillé par des centaines de pensées contradictoires. Je me tenais devant la porte, mes mains tremblantes, mon cœur battant la chamade. « Vais-je être à la hauteur ? », pensait-il. « Est-ce qu’elles me croiront cette fois ? »

Ericka arriva en premier, suivie d’Audeline. Elles me regardaient avec un mélange d’inquiétude et d’espoir. Je me levais, et une vague de chaleur m’envahit lorsque je les aperçu. Mes filles… Elles étaient là, prêtes à me voir.  

Ericka, avec ses cheveux longs et son regard perçant, était plus grande que lorsque je l’avais vue pour la dernière fois. Audeline, toujours aussi timide mais avec un sourire éclatant, s’approcha en premier. J’étais ému, je me baissais pour la prendre dans mes bras. Elle ne s’éloigna pas. Elle me serra les bras autour du cou, et ses mots, bien que simples, me frappèrent comme une vérité immuable.  

« Papa, je t’aime. »  

Ericka, plus réservée, s’avança à son tour. Elle me regarda droit dans les yeux. Il n’y avait plus de jugement dans son regard, juste une recherche de sincérité.  

« Je suis contente que tu ailles mieux, papa. »  

Je sentis une chaleur immense envahir sa poitrine. Ces paroles étaient tout ce dont j’avais besoin. J’avais tellement peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas mériter leur amour. Mais aujourd’hui, je comprenais que l’amour de mes filles était encore là. J’avais encore une chance.  

Nous nous assîmes ensemble autour d’une table, et pendant cette réunion, je leur expliquais, avec toutes mes imperfections et mes hésitations, le chemin que j’avais parcouru. Je leur parlais de mes luttes, de mes regrets, et de ma volonté de me battre pour être l’homme et le père qu’elles méritaient.  

Audeline s’endormit sur mes genoux pendant la session, ce qui me fit sourire, comme une petite victoire silencieuse. Ericka, quant à elle, m’écoutait avec attention, comme si elle mesurait chaque parole. À la fin de la rencontre, elle se tourna vers moi.  

« Tu peux nous prouver que tu veux vraiment t’en sortir, papa. Mais on est là pour toi, tu sais.»  

Ces mots résonnèrent profondément en moi. Il n’avait pas encore tout réparé, mais j’avais enfin l’impression que mon combat en valait la peine. J’avais l’amour de mes filles, et cet amour pouvait tout changer.  


Malgré cette rencontre émouvante, je savais que la route restait semée d’embûches. J'avais retrouvé l’amour de mes filles, mais je ne pouvais pas ignorer les fragilités qui m’habitaient encore. La lutte contre la dépendance était un combat quotidien. Je devais rester vigilant.  

Le 27 juin, après une longue journée de travail au centre, je sortis pour me rendre à Arts-Loi. J'avais besoin de voir Kaoutar. Le vide, cette sensation de peur que je pourrais rechuter, revenait par vagues. J'avais fait un progrès énorme, mais tout pouvait se briser en un instant. C’était ça, la dépendance : l’inquiétude permanente de tomber à nouveau.  

Quand je la trouva, Kaoutar était en train de discuter avec une autre personne dans la station. Mais dès qu’elle me vit, son sourire se dessina, et elle s’approcha de moi. Elle pouvait voir à mon regard que j'étais tourmenté.  

« Ça ne va pas ? » me demanda-t-elle, sa voix pleine de compréhension.  

Je secouais la tête. « J’ai peur, Kaoutar. Peur que tout ça soit trop fragile. Peur de retomber. »  
Elle me prit doucement la main, et dans son regard, je retrouvais cette lumière que j'avais vue pour la première fois. « Yves, la peur fait partie du processus. Elle ne te contrôle pas. C’est toi qui choisis de te relever chaque fois. Et même si tu tombes, tu sauras comment te relever. Je crois en toi. »  

Ces mots de Kaoutar étaient comme un baume apaisant. Je m’autorisais à respirer profondément. Je n’étais pas seul dans cette bataille. Même dans les moments les plus sombres, j'avais mon ancre, une femme qui croyait en lui, un ami fidèle.  


Le 28 juin, je me rendis à une autre réunion avec mes filles. Cette fois, Ericka semblait plus ouverte, prête à accepter que j'étais en train de changer. Mais je savais que je devais encore prouver que je pouvais tenir bon. La relation que j'avais avec elles devait être reconstruite patiemment, pierre par pierre. Mais aujourd’hui, je me sentais plus armé pour affronter ce défi.  

Kaoutar m’avait soutenu dans mes pires moments, et maintenant je savais que j'avais la force de me réconcilier avec mon passé, d’aller de l’avant. Avec chaque pas que je faisais, je sentais que je touchais à quelque chose de plus grand que moi. Je n’étais pas seulement en train de guérir des blessures que je m’étais infligées à moi-même, mais j'étais aussi en train de redonner du sens à ma vie.  

Mon avenir, bien qu’incertain, était désormais empli de possibilités. Et cette certitude, je la devais à Kaoutar, à l’amour qu’elle m'avait montré, et à la foi qu’elle avait eue en moi quand je n’en avais plus. J'avais enfin compris que la guérison ne venait pas seulement de l’intérieur, mais aussi des liens que je tissais avec les autres. Et ces liens, je savais maintenant comment les préserver.  

Le 29 juin, après une autre journée passée à travailler sur ses émotions au centre, je ressentais une lourdeur nouvelle. Je savais que pour avancer, je devais encore affronter certains aspects de mon passé, des blessures qui me tiraient en arrière. Après ma rencontre avec mes filles et le soutien de Kaoutar, je comprenais maintenant que le chemin vers la rédemption impliquait aussi de réparer les relations brisées, non seulement avec mes enfants, mais avec les personnes que j'avais laissées dans l’ombre de mes choix.

Ce soir-là, après une réunion du groupe de réhabilitation, je me suis rendu dans un café, le même endroit où j’avais rencontré Lara il y a quelques années. J’avais décidé de la voir, de l’affronter enfin, d’avoir cette conversation que je repoussais depuis bien trop longtemps. Cela faisait des mois que je vivais avec la culpabilité d’avoir cédé à son influence, d’avoir laissé la drogue prendre le contrôle de ma vie. Mais ce soir-là, je voulais régler cette vieille dette, comprendre ce qui m’avait poussé à me laisser emporter aussi loin.

Quand je suis entré dans le café, je l’ai repérée tout de suite. Elle était là, assise seule à une table, comme si elle m’attendait. Son regard était vide, mais une lueur d’inquiétude a traversé ses yeux lorsqu’elle m’a vu entrer. Une vague de nostalgie mêlée de colère m’a submergé. Je me suis avancé vers elle et je me suis assis en face, sans hésiter cette fois.

« Lara, je… je t’ai laissée prendre trop de place dans ma vie, et j’ai tout gâché à cause de toi. » Ma voix était plus ferme que je ne l’aurais cru possible. Je n’étais plus le même homme que celui qui l’avait suivie aveuglément dans son tourbillon de douleur et de chaos.

Elle a baissé les yeux, réfléchissant. Je voyais qu’elle voulait dire quelque chose, mais les mots ne venaient pas tout de suite. Enfin, elle a relevé le regard vers moi, et sa voix a tremblé quand elle a parlé. « Yves, je ne voulais pas… Je ne voulais pas que ça se termine comme ça. Mais tu sais, j’étais perdue aussi. »

Je me suis senti déstabilisé. Ce n’était pas des excuses que j’attendais, mais peut-être un peu de compréhension. « Je sais que toi aussi, tu souffrais, Lara. Mais ce n’est plus mon problème. Je dois me battre pour moi, pour mes filles. Je ne peux plus continuer à te voir, à vivre dans ce passé. »

Elle a hoché la tête lentement, une tristesse infinie dans les yeux. « Je comprends. Mais je suis contente que tu sois là, que tu veuilles te relever. C’est tout ce que je pouvais espérer pour toi. »

À cet instant, j’ai senti un poids se lever de mes épaules. C’était fini, enfin. Ce soir-là, je me suis fait une promesse, une promesse que je tiendrai : je ne me laisserai plus entraîner dans les ténèbres de mon passé. Je me suis levé, laissant Lara derrière moi, avec cette étrange sensation de paix, comme si un chapitre de ma vie venait de se refermer pour de bon.


Le 30 juin arriva avec une douceur inattendue. Je m’étais levé tôt, déterminé à aborder la journée avec une nouvelle perspective. Ce matin-là, je me rendis au centre pour une séance de groupe. Cette fois, les échanges étaient plus apaisés. Chacun partageait ses progrès, ses luttes, mais aussi ces petites victoires qui font toute la différence. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais en paix avec moi-même. La culpabilité que j’avais portée pendant des années commençait à s’effacer, laissant place à un sentiment de gratitude et de responsabilité envers ma propre vie.

À 17h20, comme chaque jour, je me dirigeai vers Arts-Loi. Kaoutar m’attendait, son sourire habituel éclairant son visage, mais ce soir-là, il y avait quelque chose de différent. Je ne vis plus le doute dans ses yeux, plus cette crainte de l’échec qui nous avait parfois hantés. Tout ce que j’avais traversé semblait avoir pavé un chemin plus solide. Quand je la rejoignis, je la pris dans mes bras, sans un mot. Je n’avais pas besoin de parler pour qu’elle comprenne.

« Tu m’as sauvé, Kaoutar. Tu m’as donné la force de me relever », dis-je, ma voix remplie de sincérité.

Elle me regarda avec cette bienveillance si lumineuse qui lui Ă©tait propre.
« Non, Yves. Tu t’es sauvé toi-même. Je t’ai juste montré le chemin. »

Je lui souris. Pas un sourire quelconque. Un sourire plein d’espoir, de renouveau. Cette fois, je savais que je pouvais faire face à tout ce qui m’attendait. J’étais prêt à reconstruire ma vie.


Le 1er juillet marqua un tournant pour moi. Ce matin-là, je me rendis dans un centre communautaire pour participer à un groupe de soutien pour les parents. Après tout le travail accompli pendant ma réhabilitation, j’étais enfin prêt à rencontrer d’autres parents qui, comme moi, cherchaient à reconstruire des liens fragiles avec leurs enfants.

Ericka et Audeline avaient accepté de venir. Je leur avais demandé de me voir, et elles avaient dit oui. La distance était encore là, certes moins grande, mais perceptible. Pourtant, cette fois, je n’avais plus peur d’affronter ce silence. Le programme était clair : il ne promettait pas de miracles. La confiance ne se reconstruirait pas en un jour, mais pas à pas, avec du temps, de la patience et de l’amour.

Je les rejoignis dans une petite salle. Peu à peu, la séance avançant, je me surpris à poser des questions simples, à écouter avec attention. Ericka me répondit doucement, avec une sincérité qui m’avait tant manqué pendant ces années. Quant à Audeline, elle me gratifia de quelques sourires timides. Ces gestes, ces mots, aussi petits soient-ils, brisèrent en moi des murs que j’avais érigés inconsciemment. Une chaleur m’envahit, comme une lumière douce après une longue nuit.
Ce jour-là, après des mois de travail acharné, de doutes et de batailles contre moi-même, j’entrevis enfin la lumière au bout du tunnel. Je savais qu’il y aurait encore des jours difficiles, des moments de fragilité, mais j’étais prêt. Cette fois, j’avais la certitude que mon avenir ne dépendait plus de mon passé.


Le 3 juillet, alors que l’été s’installait doucement sur Bruxelles, je me levai tôt, déterminé à profiter de chaque instant. Pourtant, je ne savais pas encore que cette journée serait l’une des plus difficiles depuis mon entrée en réhabilitation.

Les progrès que j’avais réalisés ces dernières semaines avaient renforcé mon esprit, mais je savais que chaque jour apportait son lot de défis. Ce matin-là, en sortant de la station de métro pour me rendre au centre, je l’aperçus : une vieille connaissance dans la rue. C’était Marc, un ancien collègue. Avec lui, j’avais partagé des années de travail, avant que tout ne s’effondre.

Il me regarda d’abord avec surprise, puis s’approcha, hésitant. Je restai figé, les jambes soudain lourdes. Je n’avais pas envie de renouer, ni de raviver les souvenirs de ce temps où tout partait à la dérive. Mais Marc semblait déterminé à me parler.

« Yves, c’est bien toi ? » demanda-t-il, visiblement choqué par ce qu’il voyait.

Je baissai les yeux, incapable d’affronter le reflet qu’il me renvoyait. L’image de l’homme que j’avais été, ce type en costume, confiant, respecté, me frappa de plein fouet.

« Oui, c’est moi… mais je ne suis plus celui que tu as connu. »

Marc eut l’air mal à l’aise.

« J’ai entendu parler de toi… Je suis désolé pour ce qui s’est passé. Mais tu… tu sembles aller mieux ? »
Je pris une profonde inspiration. C’était un moment décisif. Je pouvais choisir de me noyer à nouveau dans la honte ou fermer la porte et avancer. Cette fois, je ne reculerais pas.

« Je vais mieux. Pas encore parfaitement, mais je me bats. » Je plantai mon regard dans le sien, un regard que je voulais empli de dignité. « Mais je n’ai plus de place pour les erreurs du passé. »

Marc sembla comprendre. Il hocha la tête, visiblement gêné.

« D’accord, Yves. C’est bien, vraiment bien. Je suis content pour toi. Mais si tu veux discuter un jour… » Il laissa sa phrase en suspens.

Je pris un instant pour réfléchir, le silence s’étirant entre nous. Puis, d’une voix calme, je répondis : « Merci, Marc. Mais je dois avancer. »

Sans attendre, je me retournai et m’éloignai. À chaque pas, je sentais quelque chose de nouveau naître en moi : la liberté. Ce moment, aussi difficile fût-il, marquait un pas de plus vers ma rédemption. Je n’étais plus défini par mon passé, ni par ce que les autres pensaient de moi. Désormais, j’étais maître de mon avenir.


Le 4 juillet, après un long après-midi de travail au centre, je me rendis chez mes filles. J’avais accepté une invitation d’Ericka pour passer du temps avec elle et Audeline. Cette rencontre était bien plus qu’un simple moment de réconciliation : c’était une opportunité de leur montrer que j’étais prêt à être là, à être le père que je n’avais pas été jusqu’à présent.

En arrivant devant la maison, une légère nervosité me saisit. Ce n’était pas que je doutais de ma relation avec elles, mais je savais que, malgré les progrès accomplis, tout n’était pas encore réparé. J’avais besoin de prouver que je pouvais tenir mes promesses, que mon engagement envers elles était sincère.
Ericka m’accueillit avec un sourire, plus réservé que la dernière fois. Audeline, elle, courut vers moi et me sauta dans les bras. Ce simple geste réchauffa mon cœur instantanément. Après ces mois de douleur et de distance, cet instant de complicité avec ma fille me réconforta plus que tout.

Nous avons passé la soirée ensemble, discutant de tout et de rien. J’ai fait de mon mieux pour être présent, pour écouter sans juger, pour leur montrer que j’étais là, que j’avais changé. Je savais que la route serait longue pour regagner leur confiance, mais j’étais prêt à tout donner pour y arriver.

À la fin de la soirée, alors que je me préparais à partir, Ericka s’approcha de moi. Il y avait toujours dans son regard cette manière de me jauger, de peser ses mots, mais aujourd’hui, la distance semblait s’être un peu dissipée.

« Papa, je vois que tu fais des efforts. Je suis fière de toi. »

Je fermai les yeux un instant, submergé par l’émotion.

« Merci, ma chérie », murmurai-je. « Merci d’être là pour moi. »

Ce moment-là, je savais que je ne l’oublierais jamais.

Malgré les moments positifs, je savais que ma guérison n’était pas encore complète.


Le 5 juillet, une vieille tentation s’est réveillée en moi, brutalement, comme un serpent tapi dans l’ombre. Ce jour-là, je me suis retrouvé face à l’une des situations les plus difficiles que j’avais vécues depuis mon entrée en réhabilitation.

C’était à la station Arts-Loi, un endroit banal en apparence, mais où mon passé est venu me frapper de plein fouet. Là, devant moi, se tenait Samir. Samir, un ancien ami, compagnon de mes habitudes de consommation, un visage familier qui me ramenait à des jours sombres. Nous nous étions perdus de vue après ma chute, mais le retrouver ici, à cet instant précis, a réveillé des démons que je croyais endormis.
Il s’est approché de moi, un sourire accroché aux lèvres, mais ce n’était pas un sourire amical.

« Alors, Yves, t’es toujours là à jouer les saints ? » Sa voix résonnait avec cette pointe d’ironie que je connaissais trop bien.

Il a éclaté de rire, mais ses yeux me scrutaient avec une précision chirurgicale, comme s’il attendait de moi une faiblesse, une réaction.

Je suis resté figé. Une part de moi aurait pu céder. J’aurais pu accepter ce faux semblant de camaraderie, reprendre cette discussion qui m’aurait ramené directement dans mon enfer personnel. Mais au fond de moi, je savais que si je faisais ce pas, ce serait ma chute.

Je l’ai regardé droit dans les yeux et, d’une voix qui se voulait ferme malgré mes mains moites et mon cœur qui battait trop fort, j’ai dit : « Je ne suis plus ce que tu crois, Samir. Je me bats pour quelque chose de mieux maintenant. »

Il a haussé les épaules, visiblement déçu par ma réponse, et il a continué son chemin sans insister. Je l’ai regardé s’éloigner, la gorge nouée et le cœur tambourinant dans ma poitrine.

Ce moment avait été bref, mais il m’avait ébranlé. Je savais que le danger était encore là, tapi dans l’ombre, prêt à surgir au moindre faux pas. Mais je me suis souvenu de mes filles, de Kaoutar, de ma promesse de changer. C’était ça qui me tenait debout. Alors, je me suis redressé, j’ai pris une grande inspiration et je suis parti dans la direction opposée.

Le lendemain, comme à mon habitude, je me suis rendu au centre de réhabilitation. Mais ce jour-là, une surprise m’attendait. Kaoutar, toujours pleine d’attention, avait organisé une rencontre avec les membres du centre pour échanger sur nos progrès.

Nous nous sommes assis en cercle, un moment simple mais intense. Chacun a parlé de ses luttes, de ses petites victoires et de sa vision de la guérison. Entendre leurs histoires, leurs batailles qui ressemblaient parfois aux miennes, m’a apporté un étrange réconfort. Je n’étais pas seul dans ce combat.

Kaoutar, comme toujours, intervenait avec douceur pour offrir des paroles pleines de sagesse et d’humanité. À la fin des échanges, elle s’est tournée vers moi, ses yeux pleins de cette bienveillance qui m’avait sauvé plus d’une fois.

« Tu as fait de grands pas, Yves. Mais n’oublie pas, même quand tu te sens fort, que tu n’es jamais seul. »

Ses mots ont résonné en moi comme une mélodie que j’avais oubliée. J’ai senti quelque chose m’envahir : une gratitude immense, un espoir que je croyais perdu. Kaoutar croyait en moi, et c’était peut-être tout ce dont j’avais besoin pour avancer.

Je me suis levé pour prendre la parole à mon tour, le cœur battant mais rempli de sincérité. Je me suis tourné vers les autres et j’ai dit : « Je sais que je suis loin d’être parfait. Mais je me bats chaque jour pour reconstruire ma vie, pour retrouver l’amour de mes filles, et pour me prouver à moi-même que je peux être un homme meilleur. Et je vais continuer à me battre. »

Les applaudissements qui ont suivi étaient modestes, mais ils avaient la chaleur d’une caresse sur mon âme. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai senti que j’étais à ma place. Le chemin serait encore long, semé d’obstacles, mais je savais que je n’étais plus seul. J’avais retrouvé la force de croire en moi, et surtout, de croire en demain.

Le 7 juillet, après une longue journée de travail au centre, je rentrai chez moi, épuisé par les luttes internes qui m’avaient hanté toute la semaine. Certes, je m’étais réjoui des progrès accomplis, mais je savais aussi que certains démons restaient tapis dans l’ombre, prêts à ressurgir.

Chaque soir, le poids du passé revenait comme une vague menaçante, prête à engloutir mes efforts. Ce soir-là, en m’allongeant, je pensais à la rencontre avec mes filles, aux paroles réconfortantes de Kaoutar, mais aussi à Samir, à cette vieille tentation qui refusait de s’effacer de mon esprit.

Le silence de la nuit me paraissait lourd, presque oppressant. Je me réveillai en sueur, le cœur battant à tout rompre. Pris au piège entre mes vieux réflexes et la volonté sincère de bâtir une nouvelle vie, je ressentais une peur sourde, presque paralysante. J’avais progressé, je le savais, mais cette peur d’échouer encore et encore m’étreignait. Je fermai les yeux, cherchant désespérément une réponse quelque part dans les recoins de mon âme. Mais j’étais fatigué, si fatigué… Comme si la lutte était devenue trop lourde à porter.

Et puis, alors que je frôlais le bord du désespoir, une pensée jaillit, simple mais inattendue : « Pourquoi ne pas remettre tout ça dans les mains de Dieu ? »

Je n’avais jamais été un homme particulièrement croyant, mais quelque chose au fond de mon cœur murmurait que c’était peut-être ce qu’il fallait faire. Peut-être que la solution n’était pas uniquement dans mes efforts acharnés et solitaires.

Peut-être que j’avais besoin d’une force plus grande, d’une foi à laquelle je n’avais jamais vraiment prêté attention.

Je me levai lentement, les jambes encore lourdes, et me dirigeai vers ce petit coin tranquille où j’avais laissé mon carnet. Je pris une grande inspiration, sentant mes mains trembler, et je me mis à genoux. Je ne savais pas comment prier, je n’avais pas de mots précis ou parfaits. Mais ce soir-là, j’ouvris mon cœur sans retenue.

« Seigneur, je ne sais pas où je vais, mais je sais que je ne peux pas y arriver seul. J’ai besoin de toi pour continuer. Donne-moi la force de lutter contre mes faiblesses. Donne-moi la foi pour aller de l’avant, même quand tout semble trop lourd. »
J’attendis un moment, les yeux fermés, cherchant une réponse que je ne savais même pas reconnaître. Je n’entendis pas de voix, je ne ressentis rien d’extraordinaire. Mais au fond de moi, quelque chose avait changé, comme si un espace longtemps verrouillé s’était enfin entrouvert. Je me relevai, un peu plus léger, avec un étrange apaisement. Ce n’était pas une révélation fulgurante, non, mais je sentais qu’une petite fissure s’était formée dans ce mur de solitude que je m’étais bâti.

Je repris mon carnet, le serrai contre moi et m’assis un instant, le regard dans le vide. Peut-être que la direction que je cherchais ne se trouvait pas uniquement en moi, mais aussi dans cette foi, fragile mais nouvelle, que je venais de découvrir.

Alors, je me relevai, prêt à affronter le jour qui m’attendait. Pour la première fois depuis longtemps, j’avais la conviction que je n’étais plus seul.

Le 8 juillet, je me rendis à la station Arts-Loi comme à mon habitude, mais je n’étais plus tout à fait le même homme qu’avant. En me dirigeant vers Kaoutar, je sentis une étrange sérénité m’envahir. La peur qui m’avait hanté ces dernières semaines semblait s’éloigner doucement. Je comprenais enfin que la rédemption ne passait pas uniquement par ma propre volonté, mais aussi par la grâce de Dieu. Je n’étais pas seul dans cette bataille. Il y avait une force plus grande que moi qui m’accompagnait à chaque pas.

Lorsque Kaoutar me vit, elle remarqua immédiatement ce changement en moi. Elle s’approcha, un sourire rayonnant sur les lèvres.
« Tu as l’air différent aujourd’hui, Yves. »

Je la regardai, un sourire sincère éclairant mon visage. Pour la première fois depuis longtemps, ce sourire n’était pas forcé.

« Je crois que je commence à comprendre, Kaoutar. Je me bats toujours, mais je commence à remettre mes luttes entre les mains de Dieu. C’est difficile, mais je sens que c’est la seule voie qui peut vraiment me guérir. »

Kaoutar me regarda avec bienveillance, sa foi tranquille et sûre d’elle-même.
« Je savais que tu y arriverais. Dieu ne te laisse jamais seul dans tes épreuves. »

Nous discutâmes longuement ce jour-là. De la foi, de la prière, et de la manière dont Dieu pouvait nous guider dans les moments les plus sombres. Elle m’expliqua que, même lorsque l’on se sent perdu, Dieu est toujours là, prêt à nous tendre la main. Ses paroles résonnèrent profondément en moi.

C’était une perspective nouvelle, mais elle m’apportait un sentiment de paix que je n’avais pas ressenti depuis longtemps.

Le 9 juillet, je me rendis dans une église proche du centre. Cela faisait des années que je n’avais pas franchi la porte d’un lieu de culte. Je m’installai dans un coin discret, les mains jointes, l’esprit en proie à un tourbillon de pensées. Mais plus je restais là, immobile, plus je ressentais quelque chose que je n’aurais jamais cru possible : une paix profonde, comme si une fissure invisible en moi commençait à se réparer.

Je n’étais pas prêt à plonger dans une foi aveugle, mais je commençais à comprendre que la foi n’était pas une solution magique. C’était un chemin, une relation quotidienne avec Dieu, une pratique constante de l’amour et du pardon. Je priai silencieusement, comme je l’avais fait la veille, mais cette fois, je n’étais plus seul. J’avais la certitude que Dieu marchait à mes côtés.

« Seigneur, je te remets ma vie. Je ne sais pas tout, je ne comprends pas tout, mais je te demande de me guider chaque jour. »

Je me levai lentement, le cœur plus léger. En sortant de l’église, le bruit de la rue me sembla plus lointain, moins oppressant. Quelque chose avait changé en moi. J’étais prêt à affronter la suite de mon chemin, en sachant que la foi pourrait être ce compagnon silencieux mais puissant dans ma quête de rédemption.

Le 10 juillet, Kaoutar m’invita à une réunion de groupe organisée par son église. Bien que j’aie eu des réserves, je sentis qu’il était temps d’accepter. La réunion se tenait dans un petit centre communautaire, et à un moment donné, les participants furent invités à partager leurs témoignages. Je restai assis à écouter les histoires des autres, touché par la sincérité et la foi qui émanaient de chacun. Certains avaient traversé des épreuves bien plus grandes que les miennes, mais tous avaient en commun une force issue de la foi.

Quand vint mon tour de parler, je me levai lentement. J’hésitai un instant, cherchant le courage en moi, mais dès que j’ouvris la bouche, les mots coulèrent avec une fluidité qui me surprit moi-même.

« Je ne sais pas si j’ai trouvé la réponse à tout, mais je sais une chose : je n’ai pas à me battre seul. »

Je marquai une pause, le cœur battant, cherchant mes mots. « La drogue, la souffrance, le doute… Je pensais que je devais tout affronter seul, enfermé dans ma solitude. Mais aujourd’hui, je comprends que la guérison ne vient pas seulement de nos propres efforts. Elle vient aussi de la foi, de la confiance en Dieu. »

Un silence bienveillant s’installa dans la salle. À cet instant, je sentis un poids s’enlever de mes épaules, comme si je venais de déposer un fardeau que je portais depuis trop longtemps. Je n’étais plus seul dans ma quête de rédemption. J’avais trouvé une voie, une lumière pour me guider, et je savais que chaque pas, chaque prière, m’éloignait un peu plus des ténèbres.

Les semaines qui suivirent, je sentis un changement profond s’opérer en moi. Ma foi grandissait chaque jour, et avec elle, une nouvelle sensation d’appartenance à quelque chose de plus grand que moi. Ce n’était plus seulement mon chemin ; c’était aussi celui des autres, de ceux que j’avais laissés derrière, ceux qui souffraient encore dans l’ombre.

Un matin, alors que je me rendais au centre de réhabilitation, je croisai plusieurs anciens compagnons de défonce que j’avais côtoyés dans le métro. Je les reconnus immédiatement, malgré leur apparence marquée par la souffrance et la dépendance. Ils étaient là, errant comme je l’avais fait, prisonniers de cette attente sans fin de leur prochaine dose. Mon cœur se serra à la vue de ces visages familiers. Je savais qu’à moins de trouver un chemin vers la rédemption, ils finiraient par se perdre à jamais.

À cet instant, une impulsion profonde s’éveilla dans mon âme. Rester spectateur de leur souffrance ne me suffisait plus. La foi que j’avais découverte, la main que Dieu m’avait tendue, ne pouvaient pas rester pour moi seul. Je ne pouvais pas détourner le regard. Si j’avais été sauvé, je pouvais moi aussi tendre la main à ceux qui se noyaient encore.
Je pris une grande inspiration et m’approchai d’eux lentement, prêt à partager cette lumière qui m’avait guidé hors des ténèbres.

Le lendemain, je retournai à l’endroit où j’avais vu mes anciens compagnons. Cette fois, j’étais déterminé à leur parler, à leur tendre la main. Lorsque je les aperçus, je m’approchai d’eux avec un sourire, mais aussi une ferme conviction dans le regard.

« Salut, les gars, » dis-je, la voix brisée mais assurée.

« Je sais ce que vous ressentez. J’étais comme vous. Mais il y a une autre voie, une autre façon de vivre. Vous pouvez changer. Je suis la preuve vivante que c’est possible. »

Ils me regardèrent, méfiants. L’un d’eux, Malik, haussa les sourcils et répondit : « Et toi, comment t’as fait pour t’en sortir, Yves ? »

Je pris une profonde inspiration, sentant la présence de Dieu à mes côtés. Je savais que je devais témoigner, que je ne pouvais plus garder ça pour moi. « Je suis passé par des moments sombres, tout comme vous. Mais il y a quelques semaines, j’ai trouvé quelque chose que je n’avais jamais imaginé : la foi. »

Un silence s’installa. Malik semblait intrigué, mais hésitant. « La foi ? T’es devenu religieux, c’est ça ? »
Je souris, sentant un poids s’alléger en moi.

« Non, je ne suis pas là pour vous dire de devenir croyants comme moi. Je ne force personne. Mais la foi m’a permis de trouver la paix, d’arrêter la course folle qui me détruisait. J’ai découvert que je n’avais pas à tout porter seul, que Dieu pouvait me guider et m’aider à me relever. »

Ils me regardèrent longuement. Certains étaient sceptiques, mais dans leurs yeux, une lueur d’espoir commençait à poindre. Je savais que ce n’était que le début, mais j’étais prêt à semer cette graine de changement.

Le lendemain, en rentrant d’une séance au centre, j’aperçus à nouveau Malik. Cette fois, il n’était pas seul. Il avait amené avec lui un autre homme, plus jeune, qu’il avait convaincu de m’écouter. Le jeune semblait hésitant, mais il était là, debout, attendant que je parle. Je m’approchai lentement, un sourire rassurant sur les lèvres.

« Salut Malik, salut à toi aussi, jeune homme. Je suis content que vous soyez venus. »

Le jeune hocha timidement la tête tandis que Malik, plus assuré, me lança : « Ok, Yves, tu m’as intrigué hier. Tu parles de changer, de trouver une autre voie. Mais comment t’as fait ? Je veux savoir. »

Je me sentis étrangement calme, comme si un poids venait de quitter mes épaules. Je compris que cette question ne venait pas d’une simple curiosité : elle venait d’un endroit de désespoir.

« J’ai essayé de m’en sortir seul, au début, » répondis-je doucement.

« Mais je n’y arrivais pas. Puis j’ai ouvert mon cœur à Dieu. Je sais que c’est difficile à expliquer, mais il m’a guidé. Il m’a donné des signes, des rencontres qui ont changé ma vie. »
Je marquai une pause, cherchant les bons mots. « Je ne vous dis pas de suivre mon chemin, mais peut-être que vous aussi, vous avez quelque chose en vous qui peut se réveiller. La solution, elle est dans la foi, dans l’espoir d’un avenir meilleur. »

Malik m’écouta avec attention. Il n’avait pas encore pleinement confiance, mais il semblait moins agité. Le jeune homme, à ses côtés, me regarda avec une lueur nouvelle dans les yeux.

C’était peut-être du doute, mais aussi, pour la première fois, un mince espoir. Je savais qu’il fallait être patient. Chaque mot était une graine plantée, et seul le temps dirait si elle germerait.

Les jours suivants, je continuai à rencontrer Malik et les autres. Je leur apportais des ressources : des livres, des témoignages, mais aussi ma propre expérience. Je leur parlais de la prière, de cette force intérieure qu’elle pouvait apporter, et de l’importance de s’entraider. Je leur répétais souvent :
« Ce n’est pas facile, les gars. Croyez-moi, je sais. Mais si vous cherchez une autre voie, je suis là pour vous soutenir. Et si vous êtes prêts à ouvrir votre cœur, vous verrez que Dieu peut vous aider. »

Un après-midi, Malik et le jeune homme décidèrent de me suivre à une réunion de groupe à l’église. C’était là que Kaoutar m’avait emmené quelques semaines auparavant. La réunion accueillait ceux qui cherchaient la rédemption par la foi, et je savais que ce moment serait crucial.

Leurs visages exprimaient de la peur, mais aussi du courage. Pendant la réunion, ils écoutèrent les témoignages des autres, leurs luttes, leurs victoires. Lentement, je vis leurs épaules se relâcher, comme si un poids invisible s’allégeait. Ils comprenaient qu’ils n’étaient pas seuls, que d’autres avaient marché ce chemin avant eux.

À la fin, Malik se tourna vers moi, son visage apaisé pour la première fois depuis longtemps.

« Tu avais raison, Yves. Je ne sais pas comment ça marche, mais... je sens que c’est la bonne voie. Merci. »

Je lui souris, le cœur gonflé de gratitude. À cet instant, je compris que ma foi n’était pas seulement pour moi. Elle était un pont, une lumière que je pouvais offrir aux autres. Malik, ce jeune homme, et peut-être d’autres à venir, avaient trouvé un pas vers la liberté.

Et moi, je venais de découvrir ce que cela signifiait vraiment : aider les autres.

Au fil des jours, je sentais ma vie se transformer de manière profonde et subtile. Mon engagement auprès des anciens compagnons de défonce, ceux que j'avais croisés dans le métro et qui, comme moi, avaient sombré dans la dépendance, devenait de plus en plus important. Chaque conversation, chaque échange, était une occasion de semer des graines d’espoir et de foi. Mais, au fond de moi, je savais que j'étais prêt pour un autre pas.

Je n’étais plus un simple participant dans ma propre rédemption, je devenais un témoin, un guide pour ceux qui se perdaient dans les mêmes ténèbres que j'avais traversées.

Ce matin-là, je me réveillai plus tôt que d'habitude, une énergie nouvelle bouillonnant en moi. J'avais décidé de me rendre à une autre réunion à l’église de Kaoutar, mais aujourd'hui, je n'étais pas seul. Malik et son ami, Karim, m’accompagnaient. C’était un grand pas pour eux. Malik, en particulier, avait fait d’énormes progrès depuis qu’il avait accepté l’idée de se tourner vers Dieu.

J'avais vu une transformation en lui, un léger éclat d’espoir que je n’avais pas vu auparavant. Karim, bien que toujours hésitant, s’était laissé entraîner par la foi naissante de son ami.
Quand nous arrivâmes à l’église, l’atmosphère était calme et accueillante. Le groupe était plus petit que d’habitude, ce qui offrait à chacun une atmosphère intime pour partager ses expériences et ses luttes. Je pris la parole après plusieurs témoignages.

« Je ne vais pas vous dire que c’est facile. Ce chemin est semé d’embûches, et croyez-moi, j’ai failli tout abandonner. Mais aujourd’hui, je vous parle en toute honnêteté, c’est la foi qui m’a sauvé. »

Je marquai une pause, cherchant mes mots. « Et je crois sincèrement que c’est cette foi qui peut vous sauver aussi. Il y a une force en vous, et c’est une force que Dieu peut éveiller. Je suis ici pour vous accompagner, et je vous promets que vous n’êtes pas seuls. »

Les yeux de Malik brillaient d’une intensité nouvelle. Karim, quant à lui, avait les yeux fixés sur moi, comme s’il pesait chaque mot. Il n’avait pas encore tout compris, mais il était prêt à s’aventurer dans cette voie, à sa propre manière. Je savais que je devais être patient, que la transformation de mes amis serait un processus. Mais j'avais confiance en la force de la foi.

Après la réunion, Kaoutar s’approcha de moi, un sourire doux sur les lèvres. « Tu as fait un grand pas, Yves. Et tu es devenu un guide pour les autres, comme tu l’as toujours été pour toi-même. »

Je la regardai, reconnaissant. « C’est plus difficile que ce que je croyais, mais je sais maintenant que c’est ma mission. Dieu m’a montré la voie, et je dois la suivre. »

Le 18 juillet, une ombre du passé refit surface. En me rendant à la station Arts-Loi, je croisai un autre ancien compagnon de défonce, un homme que je n'avais pas vu depuis des mois. David, un ami de longue date, me regarda avec étonnement, une lueur d'hostilité mêlée à de la curiosité dans ses yeux.

« Yves ? T’es encore là à faire l’homme nouveau ? » me lança-t-il, me fixant comme s’il cherchait à voir à travers mes mots, à tester ma sincérité.

Je m’arrêtai un instant, me souvenant de l’époque où David avait été un autre pilier de ma chute. Lui aussi, tout comme moi, avait été englouti dans les ténèbres de la dépendance, et je savais que cette rencontre était décisive.

« Oui, je suis là, David. Et je vais te dire pourquoi. Parce que je crois en quelque chose de plus grand que moi. J’ai trouvé Dieu, et ça m’a sauvé. » Je le regardai dans les yeux, un regard franc, mais empreint de compassion.

« Je sais que toi aussi tu cherches. Peut-être que tu ne crois pas en tout ça maintenant, mais je suis là pour t’aider si tu veux t’en sortir. »

David me scruta un instant, son regard fuyant. Puis, après un long silence, il hocha la tête, semblant accepter mes paroles, bien que son esprit restât sceptique. « Je sais pas si je crois tout ça, Yves… mais peut-être… Peut-être que je pourrais essayer. »

Je ressentis une bouffée d’espoir. Ce n’était pas un grand discours, pas une conversion immédiate, mais une brèche dans la carapace de David. Je savais que, comme Malik et Karim, David avait un long chemin à parcourir, mais il avait fait un premier pas. Et c’était tout ce qui comptait.

Après la réunion, Malik prit la parole, son regard plus lumineux que jamais. « Tu sais, Yves, je commence à comprendre. La foi, c’est plus qu’une idée ou une croyance. C’est un choix de vivre autrement, de regarder la vie autrement. »

Je hochai la tête, un sourire sur les lèvres. « Exactement. Ce n’est pas une solution miracle, Malik. Mais chaque jour, tu choisis de faire un pas de plus, vers la lumière. »

Le groupe se dispersa, mais cette fois, il y avait quelque chose de différent. Un petit pas pour chacun d’eux, mais un grand pas pour notre avenir. Je savais que, même si le chemin était semé d’embûches, notre lutte commune, notre foi partagée, nous guideraient à travers les ténèbres.

En rentrant chez moi ce soir-là, je me tournai une dernière fois vers le ciel, un sourire de gratitude sur les lèvres. « Merci, Seigneur. Merci de m’avoir montré la voie, de me permettre de guider les autres. Je remets tout cela dans tes mains, puisses-tu nous garder auprès de toi ! »
Sybilla
Envoyé le :  20/12/2024 3:37
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Re: La descente (partie 2)
Bonsoir Cher Ami poète Mr_guyguy,

Superbe récit de cette histoire !

Passe de très Joyeuses fêtes !



Belle soirée Cher Ami poète Mr_guyguy !
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rĂŞve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

Mr_Guyguy
Envoyé le :  28/12/2024 16:59
Plume d'or
Inscrit le: 9/6/2009
De: Rouen, Mornes des esses et Casablanca
Re: La descente (partie 2)
Mes salutations Sybilla,

Merci pour ton commentaire.

Merci, je te souhaite de bonnes fĂŞtes aussi !

Amitiés.
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