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BONNE PECHE 36 BONNE PÊCHE 36
JULIETTE ET ROMÉO
Au trente-sixième dessous, Norbert. Ce vouvoiement. Il ne comprend pas, ou alors sa chance est passée. La dame commence à le regarder avec suspicion : ? Mais qui êtes-vous, Monsieur ? Heureusement, le SAMU débarque, fait l’état des lieux et décide d’emmener Laure aux urgences : « elle est en état de choc ». Madame Carles s’oppose fermement à ce qu’il l’accompagne, et appelle son mari. Pour en sortir, une seule solution : Avertir les sœurs Lavéran. Ils les connaissent, ça calme le jeu. Ouf ! Ils étaient prêts à appeler la police ! ? Tiens, mais c’est maître Pierre. Un revenant ! Alors tu refais surface. Fallait pas. On ne t’attendait pas cette année ! La voix d’Éléonore est sarcastique, presque agressive. Il élude : Oui, il est venu voir Laure. Elle vient de tomber dans son magasin. Elle doit être aux urgences. Elle peut venir à la Bouquinière? Il est avec les Carles. ? Aujourd’hui c’est Edouard Herriot. J’y envoie Henriette et j’arrive. J’espère pour toi que tu es clean. A peine est-elle arrivée que madame Carles se précipite ; sans lui laisser le temps de respirer, lui raconte ce qui est arrivé, ponctué de « Mon dieu, mon Dieu, cette pauvre Laure ! » et termine par : ? Qui c’est ce monsieur Jandalby ? ? Ah, Pierre, c’est un copain de vacances ; ça va Madame Carles, on va s’en occuper. Elle boucle l’entrée de service et entraîne Norbert chez Laure. ? Maintenant, toi, la pochette surprise, tu va m’expliquer et tu as intérêt à être convaincant. ? Écoute, je ne sais pas quoi penser : J’étais venu voir où Laure vivait, avant de me pointer lundi après-midi à la librairie. C’est la patronne qui m’a piégé et provoqué cette rencontre anticipée. Mais enfin, de là à imaginer qu’elle allait s’évanouir. Elle m’a regardé comme si elle avait vu le diable en personne ! Quand elle à émergé, je lui faisais une peur bleue, j’ai du la laisser. Coup de tube d’Henriette. Elle est sur place. Enfin des nouvelles : ? Oui, pas trop de dégâts : un point de suture, un œil au beurre noir, un peu cabossée, quoi ; On lui fait des radios pour d’éventuelles fractures. De toute façon, ils ne vont pas la garder. Je reste sur place. Sans doute à ce soir. Pierre est là  ? Demande-lui donc pourquoi il joue à Fantômas. Elle a appris vendredi qu’il était mort depuis un mois. Elle a cru devenir folle en le voyant. Vire-moi ce plaisantin sadique. ? Et comment que je vais le faire! En niveau fort, il a pu écouter. Bizarrement, c’est ‘Pierre’ qui paraît le plus en colère. Il se met les mains sur la tête. ? Ah les cons, ils auraient pu prévenir ! In petto : mais pourquoi l’auraient-il fait ? Logique, ils ont soldé le cas Jandalby… ? Attends, attends, cinq minutes que je t’explique. Là , il n’a plus le choix, s’il veut pouvoir un jour approcher sa Laure. Et il balance l’histoire un peu arrangée qu’il réservait à sa belle. ? Il y a erreur sur la personne. Mon job : détective privé. Ma dernière enquête a interféré avec une certains services du ministère de l’intérieur. J’ai été contraint d’endosser les habits de Jandalby et embarqué dans une affaire qui m’a dépassé. De gros enjeux. Malte et la suite. Dangereux ; j’ai attendu d’en être vraiment sorti pour me manifester. D’ailleurs, ils ont bien failli m’avoir, à un poil près. ? Mais c’est passionnant, presque du 007 ! Tu racontes ça à un cheval de bois, il te tire un coup de pied ! Et il est obligé de prouver. Ouïe, la honte, l’humiliation : papiers, carte pro, carte de visite, même afficher ses cicatrices ! Pour les détails, non, il est tenu au secret… ? Alors, monsieur Bacqueyrou, là , tu m’en bouches un coin ; De quoi faire un roman ! Encore faudra-t-il que Laure avale ça. Tu peux imaginer ce qu’elle a vécu ? Tu ne pouvais pas lui donner des signes ? ? Ben, non, il pouvait y avoir des risques. Mais je reconnais, en fouillant bien, j’aurais pu. Être privé et amoureux peut rendre très con… Un silence, Eléonore le regarde avec un air nettement plus bienveillant. ? Bon, voilà ce que je propose : Quand Riette la ramène, tu t’exiles à coté. On va intercéder en ta faveur. Si elle consent à te voir, on t’appelle. Sinon il faudra être patient. ? OK, tu me sauves. Mais ne lui racontez rien, c’est à moi à le faire. Henriette annonce leur retour vers sept heures et demie. Les examens sont bons, rien de cassé. Laure, entourée de ses amies repose sur son lit, dolente. Son premier souci en arrivant. « Il est parti, il est parti ? » Réponse en chœur : ? Mais oui ma chérie. En évitant de préciser qu’il n’est pas loin. Après un moment d’attentions maternelles et de papotages anodins, Henriette, mise au parfum, risque : ? Tu sais, ce n’est pas en te cachant que tu vas évacuer tout ça. Tu devrais quand même l’entendre, il a certainement des tas de choses à te dire, et si tu ne changes pas d’avis, au moins tu le congédieras en connaissance de cause. Point final. Ébranlée par ce discours inattendu, surtout de leur part, elle hésite : ? Vous me cachez quelque chose. ? Mais non, mais non ! On veut juste que tu repartes d’un bon pied. C’est presque gagné. Elle gémit, puérile : ? Mais je veux pas qu’il me voie comme ça ! On l’arrange à l’orientale. Grosses lunettes de soleil et un éventail. Rideaux fermés. Voilà , voilà , on peut l’appeler ? Assentiment esquissé. Ce n’est qu’en entendant toquer à l’huis moins de deux minutes après qu’elle comprend qu’elle s’est fait rouler. Comment ont-elles pu ? Trop tard, il est là , propulsé par les traîtresses. La porte se referme : discrétion, les filles. Il la regarde, ému et attendri, entrevoit la papillote de suture dans les cheveux, devine ce qui se cache derrière les lunettes noires. Il s’en veut à mort. C’est le moment de jouer son va-tout. ? Oh, Laure, Laure, comme je m’en veux... J’ai tant d’explications à te donner, d’excuses à te faire. Qu’importe que je soie Pierre, Paul ou Jacques, mais avant tout, une seule chose m’importe. Là , donne-moi ta main, regarde-moi dans les yeux. Dis-moi qu’à Malte, c’était juste nous deux, pas un rêve où j’aurais pu t’aimer, parce que moi, dans mes rêves, j’ai cru que tu m’aimais… Un ange passe, en rase-mottes, ou alors Cupidon. Réponse muette et éloquente. Les barrières tombent et les larmes coulent. ? Paul, Jacques ou qui ? ? Norbert, ma chérie, Norbert….
Eléonore est en cuisine à préparer un petit casse-croûte : Les émotions, ça creuse. Au bout d’un moment, elle prend conscience de l’absence de sa sœur et la cherche. Pas longtemps. ? Riette, tu sais que c’est très vilain d’écouter aux portes ! ? Chut, chut, c’est trop much. Ça, c’est de la déclaration d’amour. Personne ne m’a dit des choses comme ça, à moi. Un poète, ce mec. Pur sucre : Laurette pleure et rit en même temps. Elle se relève : ? D’après moi, ils sont cuits. On est bonnes pour être de noces. ? Dis-donc, tu serais pas un peu jalouse ? L’autre répond sans trop de conviction : ? Non, non. J’espère juste que ce n’est pas contagieux.
Et après la tempête, voici une éclaircie Sortez les violons…
A suivre
Parceval
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