Re: Voyage insolite ; carnet de bord...
1ERE Nuit
Les chambres sont correctes, propres. Les murs blafards donnaient certes l'impression lugubre d'être emprisonné, effet renforcé par cette fenêtre exiguë qu'il nous est même impossible d'ouvrir complètement. Un lit jumeau aux draps candides la tient en effet close. Un troisième matelas est disposé au centre de la pièce, celui que je choisis dans la seconde pour plus de tranquillité. C'est aussi le mieux placé pour regarder la télé, qui, à notre grand dam, est diffusée dans une langue semblant avoir été créée uniquement pour nous écorcher les oreilles. Elle nous est si étrange, que, même emmurés dans la minuscule salle de bain fonctionnelle, elle nous agresse toujours, emportant avec elle mille mystères insolites !
Vous comprendrez donc, cher lecteur, pourquoi il me tarde de fuir cet espace confiné, me délivrer de cette mélancolie... de sortir, quoi ! De mes deux compagnons, un seul se résigne à sortir. Appelons le Camel, pour la suite de l'histoire. Camel et moi collons alors notre oreille à la porte, attentifs. Dehors, plus un souffle, nul pas ne vient troubler le silence. La voie est libre ! La porte s'ouvre dans un grincement ; il semble que, plus nous tentons de le maîtriser, plus il s'accroit, semblant chercher à ameuter les professeurs, qui rôdent tels des vautours dans le couloir. L'entrebâillement nous permet de jeter un coup d'œil rapide à l'extérieur. Personne en vue. Nous nous faufilons dans l'obscurité, et toquons silencieusement à la chambre voisine, aux aguets, prêts à repartir en trombe au moindre bruit suspect. Ils nous ouvrent, nous sommes sauvés. Nous nous installons autour du lit central et prenons part à la partie de carte. Mon ami est aussitôt désigné pour mener le jeu de ses mimiques hilarantes. Naturellement, j'ai tôt fait de perdre. Mais rien e compte plus tant la joie d'être ici est grande. La méfiance est malgré tout constante, et nous sortons fréquemment vérifier si, par hasard, un professeur ne se serai pas tout à coup décidé à monter ! Ce nœud dans le ventre, est à la fois si horrible et si doux ! Cette angoisse tranquille paraît me bercer. Je crois que seuls ceux qui n'enfreignent de coutume jamais les règles peuvent réellement comprendre ce que je ressens à cet instant, dans cette chambre, entouré mais pourtant si seul, avec ma douloureuse conscience.
Las de perdre, je m'en retourne vers ma chambre assez vite. Dehors on entend l'échos de rires que l'on a abandonné de retenir. Demain, se lever va être dur, trop dur...
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Le bêtise des uns fait le bonheur des autres...