J’ai parcouru les déserts, l’Arctique, l’Afrique , les foutus bidonvilles hurlant de vie sous un ciel magnifique, les rivières transformées en torrent de boue lorsque la saison des pluies essorait chaque nuage sur l’équateur. J’en ai vu des vallées, des cités millénaires défiant de leurs fondations nos convictions éphémères. Pourtant le tour des âmes me semble être bien plus chaotique que le tour du monde. Au-delà de n’importe quel couchant baignant de sang un horizon , ou de je ne sais quelle description érotique d’une plage exotique. J’ai rencontré ces gens cassés, ambitieux, prêts à tout pour trouver un sens. Ceux qui ont bâti des forteresses imprenables autour d’eux-même, restant perchés sur des hauteurs effleurant le ciel, ne touchant de toute façon plus terre. Rêveurs aux rictus cauchemardesques, ces révoltés endigués dans des combats dont ils ne ressortiront jamais vainqueurs, leurs verbes insolents appuyés contre les tempes des fossoyeurs d’espoirs. A bout portant, à peine debout, brandissant un idéal en rhétorique pour défier les maux. Ces amis d’outre- tombe rampant au fond de la mémoire car ils ont eu le malheur d’invoquer un jour l’éternité, certainement soûls au coin d’une table, le cœur coulant dans les bières qui se cognent, accompagnées de rires et d’histoires d’alcôve. Prétendant que les liens sont indéfectibles alors que les aubes scindent les Hommes. Ces amis sincères qui n’auront jamais fini de me violer, parce que j’avais froid et peur. Mes jupes étant aussi courtes que ma jeunesse, dévoilant toute ma vulnérabilité. Et ces amoureux fulgurants changeant les nuits en poèmes avant que des lendemains soulèvent nos cœurs jusqu’à la nausée. je reviens sur mes pas, j’arpente nos souvenirs se faisant prêchoirs désormais, entourés de roses rouges et de regrets. J’y fais pénitence et j’y dépose les restes de mes sourires sur un parvis de gerbes fanées. Seuls lieux où se dessinent encore nos visages alors que dehors le monde entier me supplie d’accourir pour oublier. Des rires dans la neige, des étoiles suspendues à l’empyrée, et une colline où tellement d’autres on déjà dû s’aimer. Une cité de pierre, des appartements en bordel, des cheveux noirs renversés sur l’oreiller telle l’encre coulant sur les pages vierges des carnets que je n’achèverai jamais. Les putains d’allées Jean Jaurès où j’aurais dû nous courir après. J’ai fait le tour du monde et le contour de quelques âmes torturées. A force de tourner en rond au bord de ces précipices, je finis toujours par revenir chancelante au point de départ avec en tête des chemins pour cruellement nous retrouver, là, vivants, intacts, et presque bons à inhumer. Ne pense pas que j’ai oublié.

Belle prose, toute une vie dans tes mots !

Bonjour Exploratrice,

Un texte où tu as décrit ta vie avec beaucoup d'émotions !



Belle soirée chère amie poétesse Exploratrice!
Toutes mes amitiés
Sybilla

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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

lorsqu'un vécu se raconte

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