Côte ouest 2021, les bourrasques de vents salés emportent nos derniers adieux, que tout retourne à l’Atlantique de toute façon, au creux de cette houle nauséeuse dont chaque promesse s‘échoue vaincue. Je me tiens sur cette plage, étrangère au fond de tes yeux, alors que les pires d’entre nous restent les rescapés de ces abysses-là. Regard lointain et mine défaite, tu toises encore le monde tel un poète misérable, changeant ta tragédie en parodie déplorable. Et le vent court sur le sable noir, et l’océan crie derrière nos discours. A nous croire maudits, nous avons méprisé chaque lendemain. Je vois ce soir l’avenir creuser sa propre tombe dans tes pupilles, un cercueil de sable et de larmes jetés en mer. Même destin que tes poèmes, tes grands airs, tes dernières volontés, et toute ces enclumes que tu as traînées jusqu'ici. Noyés au large pour être oubliés. Le ciel se saigne sur l’océan et je ne vois qu’un homme, à moitié romantique et à moitié soul, écrasé par les lumières du soir, posant ses yeux éteints sur l’horizon sans fin de l’ouest, vidant son cœur et sa bouteille sur la dernière plage que l’on pensait aussi intacte que perdue.