Un jour viendra où l'importance que nous accordions aux choses futiles chavirera définitivement dans l’abîme. Nos mains salies des étreintes interdites, nos yeux cernés de fatigue, nos gorges encore nouées des mots que nous aurions dû dire, ne seront plus que les vestiges misérables de nos jeunesses insolentes. Nos jeunesses si fières et furtives, à l'image de ces comètes perçant les ciels d'été pour mourir en quelques instants au plus profond des nuits. Alors plus rien ne transcendera nos corps décharnés, ni l'amour, ni les peurs, rien hormis le frémissement timide d'une brise nouvelle s'essoufflant sur le monde à l'aube tel un dernier soupir. Nous attendrons patiemment la mort, en silence, bière en main, musique dans l’âme, mélancolie au cœur, exactement comme nous attendions la vie à l'époque de nos vingt ans.