Les grands départs

Elle est partie ce soir, comme fuient tous ceux qui s'échappent, dans le froid, dans le noir, sous l'étoile berceuse.

Elle a voulu cette ombre, peut-être l'inconnu, dans la vallée profonde qui jouxte le néant.

Imperceptiblement, elle nous quittait déjà depuis un long moment. Son visage se fanait, sa voix s'adoucissait, sa sihouette paraissait toujours plus translucide et diaphane. Étrange fée du Rien !

Elle avait fait ce choix. Tout finissait ainsi pour elle, depuis l'éternité. Elle devait partir. Tôt ou tard, une cloche résonnait dans l'océan brumeux, c'était la voix du Sens. Un appel des anges qui murmuraient de loin.

Ce monde ne lui convenait pas. Trop long, trop lourd, trop balbutiant. Elle désirait l'envol au milieu des nuages.

Le silence s'est fait sur sa place restée vide. Une fois de plus, elle nous avait quittés. Reviendrait-elle un jour ?

Tout paraissait sans âme, désormais. Elle enchantait les lieux par sa simple présence. La tristesse a gagné les murs soudains ternis, tout s'est endormi, attendant son retour.

Tel le château magique des contes du passé, notre logis s'est tu, déserté de musique.


Sphyria