Plume d'or Inscrit le: 6/10/2007 De: |
Quelques mots à son chevet. Je lui apporté une photo et j'ai gravé à l'encre indélébile " N'oublie pas que l'Amour te rend immortel " Je ne veux pas de réponse. Il a souri. Dans la pénombre il est assis il écoute son unique petit-fils de dix ans qui lui parle à l'oreille, je les ai surpris ce jour-là , tous les deux. Comme je photographie mal, on peut voir à leurs pieds mon ombre. Comme si la vie me posait en témoin silencieux, déjà . Nous sommes le 30 décembre, il n'a pas faim, lui qui aime tant savourer les repas qu'elle lui prépare amoureusement. Elle est désemparée, elle tourne comme un oiseau un peu affolé. Elle ne trouve plus sa place debout à côté de lui couché. C'est un chêne me dit sa fille gorgée de larmes, comment cet arbre peut-il décliner ? Il rappelle le roseau. Mieux vaut être un roseau pensant ou non. Moins de déchirures quand il plie. Il voudrait réciter une fable de La Fontaine, il a oublié. Il n'est pas un roseau, il n'est un chêne, il est un homme un peu plus âgé que nous le voulions qui s'émeut sur Puccini et Massenet. Des larmes le font taire. Je l'aime aussi gratuitement que je ne lui suis rien de plus que la marraine de l'enfant qui l'accompagne. Je serre très fort sa main dans les miennes et lui donne toutes, toutes mes forces de vie puisées très profond en moi. C'est l'un des rares hommes de ma vie. Ni mon père, ni mon frère, ni mon amant. Mon ami aux mains de terre. Fortes. Solides. Je voudrais que la Vie le laisse encore parmi nous. Pour qu'il écoute ses opéras dans ce grand fauteuil près de la fenêtre.E tque le coeur de sa femme se repose encore un peu sur lui.
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