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     Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria
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Expéditeur Conversation
rosam31
Envoyé le :  19/5/2008 0:28
Plume d'or
Inscrit le: 30/4/2008
De: Neiges sud sapins lumières
Le jour où j'ai effacé Maria

Elle avait l’air si douce, avec son petit minois d’ange.
Italienne, et pourtant sur la photo, un peu passée, elle semblait blonde, et surtout avait encore un vrai regard d’enfant.

Il m’en avait parlée presque tout de suite, car, paraît-il, je lui ressemblait…Professeur, moi aussi, mais d’allemand, universitaire comme elle, aimant les livres, et aussi un peu gironde, un peu potelée, un peu en lutte avec un corps plus désiré qu’aimé.

D’elle, je savais beaucoup de choses, les meilleures et les pires. Oh, pas tout bien sur, car il est des souvenirs que la pudeur préserve, mais assez pour à la fois l’aimer et la détester, farouchement.

Elle avait été sa première femme, la vraie, l’ « Unique », même si par la suite c’est avec une autre qu’il avait eu l’enfant, même si c’est contre cette « autre » que je devais gagner, de haute lutte, chaque millimètre de respect et d’amour…

Je savais le sourire d’ange et les démons enfouis, je savais l’horreur du sexe et la pureté d’une foi, les chauds et les froids, le cou offert et les lèvres et les seins blancs, le petit corps de jeune femme plein d’envies et de craintes, de culpabilités et d’offerte, la lutte incessante, le désir fou d’un jeune homme amoureux, sa bonté, sa tristesse, ses efforts, les voyages, la folie à London mais le retour sur un périph désert, je savais une Italie rêvée, les cassettes étudiées, et ce rire sans doute, un peu cristallin, le rire de l’enfance, le rire d’une chanson d’amour qui ne rimera jamais avec toujours.

Je savais qu’elle était là, encore, toujours, avec trois numéros sur un portable presque rivé au bras, y compris le numéro d’une maison de famille, en Italie-quel est l’homme censé qui garderait vingt ans durant le numéro des parents d’une de ses premières petites amies ???!-, elle était dans les rues de Paris quand il y songeait, dans une chanson italienne à la radio, elle nous a rencontrés dans la capitale au détour d’un restaurant où elle aimait aller. Il osait encore l’appeler, alors qu’elle était mariée, jeune maman d’un bébé que, comble de la perversité, elle avait encore récemment, lorsque, étourdi de douleur après sa séparation d’avec « l’autre », il avait voulu la revoir, allaité devant lui, lui offrant de visu ce sein que la pudeur pourtant ne savait voir autrefois, jouant jusque dans ce moment terrible la Vierge et la Putain…

Amour, oui, pour cette femme qui me ressemblait mais que j’imaginais bien plus belle que moi, mais haine surtout, car elle avait abîmé mon homme, l’avait fait tant courir et souffrir qu’il me semblait à présent comme sidéré par la douleur, douleur bien plus récente de l’autre séparation, mais douleur et incompréhension, sentiment d’injustice, et surtout irrépressible besoin de liberté, peur d’engagement nouveau, peur de souffrir à nouveau, de retomber en amour impossible.


Je savais qu’il avait eu un mal immense à la quitter, que c’est grâce à « l’autre » qu’il y était parvenu, mais que, comme ensorcelé par les regrets, car incapable de POSSEDER ce trésor, il revenait parfois le contempler, la contempler, trompant déjà en pensée celle qui, bien sûr, le tromperait, puis le quitterait, car l’infidélité et le manque de choix, le manque de discernement, appellent le manque de confiance et la « vengeance »…

Je supportais tout. J’avais dû bagarrer pour que l’on enlève les photos et les nombreux mails d’une autre encore, de la dernière, d’une belle mais terrible femme indienne, dont j’apprendrais aujourd’hui qu’un précieux cadeau trônait dans notre chambre nuptiale…J’avais même trouvé dans la propre chambre de mon enfant des photos très dénudées de la maman de son enfant, mais ce n’est point mon propos ce soir que de parler de cette faille là…

Là, je ne voulais plus céder.

Il y a quelques semaines, j’avais demandé à ce que le beau visage de la jeune femme Maria soit effacé de l’ordinateur de mon Amour, car c’est bien dans les fichiers du disque dur qu’il trônait, sage icône enfantine, mémoire sacrée de l’amour, prêt à s’ouvrir d’un clic, prêt à s’illuminer d’un geste rapide de la souris, prêt à sourire, à donner du sens au temps qui passe, gardé, presque comme sur un autel, dans la mémoire d’une machine pour un homme en nostalgie…

Ce soir, je tempêtais. Je pleurais des heures à chaudes larmes, sur une relation fendillée par les écarts de pensée, par le manque de confiance, par ma peur et mes crispations, mais surtout ébranlée par les mensonges, les atermoiements, les flous de l’âme et des mots, la faiblesse, le manque d’engagement du cœur d’un homme qui, à la question « Mais que ferais-tu si je n’étais plus là ? », ne répondait pas « Mais ma chérie je te jure que je n’aime plus Maria ou C… », mais systématiquement « Mais ma chérie elles ne veulent plus de moi !!!! », car il était en attente, en stand by, s’étant donné à moi par dépit, par tristesse, par solitude, par désir de chaleur, mais sans me donner son intime, sa foi, sa ténacité, sa témérité.

Dix fois déjà il avait menacé de me quitter, même quand j’étais presque à l’article de la mort-dumoins le croyais-je… !!!-, car cela ne l’intéressait pas de se battre pour moi, seule lui importait la paix, sa paix, ce royaume de calme où il pourrait languir tranquillement de ses fastes passés, regretter des douceurs et des douleurs amères, sans avoir à supporter ce qu’il appelait mon inquisition.

Mais qui voyait-il en moi ? Savait-il le goût de l’attente, les souffrances de la femme que l’on rencontre le cœur en berne et l’âme en sang, qui ne va guère mieux mais qui se bat becs et ongles pour aimer et être aimée à nouveau ? Savait-il que je n’en pouvais plus d’être la gardienne de son hart break hôtel, la veilleuse de ses déprimes, son port d’attache sur ponton mouvant, toujours bonne à être relevée pour qu’il en reparte vers de merveilleux voyages du souvenir, arrimé à cette photo-mémoire, guidé par le phare de son petit portable clignotant, prêt à appeler sa Douce pour un anniversaire, lui répondant, comme il répondait, depuis 17 mois, à chaque appel de « l’autre », aussi insignifiant soit-il, pour ne pas perdre une miette de sa précieuse voix apprêtée et ridicule, qui le berçait, là aussi, de ce délicieux mélange de tristesse, de nostalgie et de désirs floutés…Savait-il le goût du sang en moi, l’irrépressible besoin de vaincre ces rivales, qu’il ME choisisse, enfin, qu’il ouvre les yeux sur le réel, le quotidien, l’avenir, son enfant et le mien, nos projets, nos folies…

Je voulais le libérer. Qu’il brise enfin les chaînes de cette mémoire surchargée, qu’il nettoie ses énergies engorgées et raidies, qu’il explose à nouveau dans la vie, la joie, le désir, mais pour moi, pour nous.

Alors j’ai exercé ce terrible terrorisme, je l’ai pratiquement obligé à ce geste symbolique. Je sais pertinemment que ce n’est que symbole, que sa Douce Amie de jeunesse a une adresse, un téléphone fixe, qu’il doit avoir toutes ses coordonnées quelque part, ce n’était donc véritablement QUE symbole, mais si important, si vivant.

Elle est partie. Son répertoire n’énonce plus son nom, une fois, deux fois, trois fois, ce prénom madeleine, cette petite musique du cœur.

Il m’en veut terriblement, comme un petit garçon à qui on aurait volé un jouet, car elle était un jouet, un jouet de son imagination, la femme de paille qui avait déjà brûlé, la femme d’argile qui s’était en mille morceaux brisée, la femme oiseau qui depuis longtemps s’était envolée…

Je suis si fatiguée.

Quand pourra-t-il vraiment Ă  nouveau aimer ???



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Sujet :  Expéditeur Date
 » Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria rosam31 19/5/2008 0:28
     Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria anonyme 18/6/2008 22:30
     Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria Honore 19/6/2008 9:53
       Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria rosam31 19/6/2008 19:39
         Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria Oxymoron 7/8/2008 2:50
     Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria albatros 7/8/2008 9:09
       Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria rosam31 7/8/2008 13:04
     Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria MIKAELLA 7/8/2008 16:03
     Re: Le jour oĂą j'ai effacĂ© Maria polux 15/8/2008 23:03

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