Comme je ne sais pas que dire, je prends un livre à portée de ma main
"Quand, dernier rameau de l'Etre, la souffrance, pointe atroce, survivra seule, croissant en délicatesse, De plus en plus aiguë et intolérable ... et le Néant têtu tout autour qui recule comme la panique ...
OhMalheur!Malheur! Oh! Dernier souvenir, petite vie de chaque homme, petite vie de chaque animal, petites vies punctiformes! Plus jamais."
Lucile 14 mai 2005
Aujourd’hui 23 novembre 2005, nous sommes allés devant la tombe de Christian.
Patrick avait projeté un repas avec les amis proches de Christian, mort à la fin du printemps ; ce repas doit se faire avec Christine et leurs enfants. La date proposée est le mardi 22 ; j’ai signalé que je ne pouvais pas en raison de mes obligations avec le Rectorat. Pour que je puisse participer à cette réunion de mémoire et d’amitié, elle aura finalement lieu le mercredi 23.
Nous avons mangé chez Chabert rue des Marronniers ; l’ambiance était la même que s’il avait été encore là ; les gonandises n’arrêtaient pas ; tout le monde pensait à nos repas, aux liens qui se sont peu à peu tissés entre nous avec l’épaisseur de la durée et du poids de la vie. Christine nous offre la revue des amis de Guignol qui a publié le dernier discours de son mari.
Le repas fini, vers 15h. nous partons pour le cimetière, nous sommes en deux groupes, Marie me conduit avec Maurice et Christine tandis que Patrick et Michel prennent les transports en commun. Nous attendons devant l’entrée du cimetière, lorsqu’une voiture s’arrête, j’entends quelqu’un dire « Vous attendez quelqu’un ? ». Je vois nos deux compères réjouis sortir d’une automobile, quelqu’un leur a demandé le chemin du cimetière, ils ont répondu « ça tombe bien on y va aussi. » Ils ont profité de l’occasion, nous sommes dans un film avec Gabin et Bébel.
Le groupe reconstitué, nous avançons dans les allées du nouveau cimetière de la Guille : les tombes me semblent uniformes mais fleuries. Nous arrivons devant celle où repose Christian. Le monde est stone ! Patrick dépose la plaque sur laquelle est inscrite « à notre ami », la tombe voisine a la même, tout cela est banal.
Christine dit qu’il doit être content de nous voir tous ici, elle nous embrasse, nous restons en silence un long moment de recueillement face au mystère. Je ne peux m’empêcher de penser à celle qu’il appelait la fée. La parole reprend, Michel nous dit qu’il est bien ici et que la tombe où lui-même sera enterré a une belle vue, je lance par boutade que l’on ira vérifier.
Nous repartons, Maurice, Michel et moi prenons le tram pour aller ensemble sur Perrache, mon cartable est pesant, il me fait mal au dos. Le tram s’arrête après la place Jean Macé, il ne peut continuer en raison d’un accident de la circulation. Nous continuons à pieds, mon cartable est de plus en plus lourd. Nous allons à la B.G. sous le prétexte qu’il s’impose de boire une Bière à la mémoire du Père B.. La salle est quasiment vide, c’est sinistre, nous sentons alors le vide qui nous entoure et la coupe est pleine. La cloche de nos cœurs sonne encore le glas de notre ami.
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