Il s’appelle Rostiviec,
Et dans ce nom rapeux,
Il reste encore un peu
Quelque chose de vaseux,
L’odeur âpre des varechs,
Qui à la fin d’été
Aidaient Ă engraisser
Les champs fauchés de blé. ..
Qui donc le connait
Au fond de cette baie ?
Puisqu’il y a Daoulas
Qui toujours le dépasse…
Au flanc de ses collines,
Que l’eau de pluie ravine,
Il murissait jadis
Des fruits de pleins délices,
En rangs bien alignés,
Venus lĂ flamboyer
Les terres bocagées…
Ce n’est pas un village,
Il en a pris ombrage,
Juste est il un hameau
Qui vit au bord de l’eau…
Il est tout petit port,
Qui se prend par le nord,
Après bords et débords,
MĂŞme quand le vent est mort,
Et se mérite encore…
Peu de choses ont changées
Depuis ces temps passés
Où j’y allais baigner,
Peut-être moins fréquenté,
Les ruelles vidées,
Un peu trop ordonnées,
Moins de communauté…
Et puis plus de fraisiers
Qu’on nettoie dos courbé…
Ici c’est comme avant,
Pour y venir nager,
Il y a peu de gens,
Car le sable n’y est, ni très fin ni bien blanc…
La grève est toute noire,
Des ardoises miroirs,
Parfois reflets d’argent
Comme poissons filants,
Lorsque soleil et ciel
Viennent à s’unir sur elles.
Et puis tous ces rochers
Au dessous habités,
La tête couronnée
d’algues au brun fracassé,
De micas piquetés,
Comme étoiles égarées
Que la lune a frôlées…
Refuge de bateaux,
Qu’un tout petit clapot
Anime doucement
Pour les garder vivants,
Il s’est fait toiletter
De bouées colorées.
Quelques amarres en bois
Sont encore fichées là ,
Mais si elles servent encore,
C’est seulement de décor...
Les hommes autrefois,
Prenaient la mer sans foi,
Pour faire la marée,
Et souper ramener.
Aujourd’hui les pêcheurs sont de fin de semaine,
Qui pêchent à la traîne,
Et se mouillent à peine…
Il reste le café
OĂą chacun vient parler
Raconter sa journée
Et parfois le passé,
Du temps oĂą Rostiviec
Fleurait bon le varech…
A marée Sable 2010
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Françoise Pédel Picard