EH, LES ENFANTS, LE DĂŽNER SERA PRĂŠT DANS QUELQUES INSTANTS !
« Dieu, pourquoi, l’orphelin dans ses langes funèbres
Dit-il : « J’ai faim. » L’enfant n’est-il pas un oiseau ?
Pourquoi le nid a-t-il ce qui manque au berceau ?... ». Victor HUGO.
Dans la hutte faite de branchages entremêlés, couverte de boue,
La mère, visage osseux et poussiéreux, se tient, à peine, debout,
A la tombée de la nuit, elle met au foyer, un récipient de terre cuite
Sur trois pierres, et allume un petit feu à lueur incertaine, qui crépite.
Les enfants, affamés, pleurent en silence, avec les doigts dans la bouche,
On voit leurs larmes perler et mouiller le long oreiller de leur commune couche,
Elle veut gagner du temps en semant le néant des illusions dans leurs ventres creux
Sous le regard hagard de leur père, qui leur promet un mets à leur mettre bien au milieu.
Leur maman leur répète, sans insister, de bien rester éveillés,
Ainsi, les pauvres petits salivent et bavent, en attendant, émerveillés,
Le leurre est parfait : sur le feu, des cailloux dans de l’eau bouillonnante !
Mais, un à un, ils tombent dans les bras de Morphée, en rêvant d’une soupe chauffante.
Le lendemain, c’est un autre jour pour parents et enfants,
Ces derniers se dispersent dans les champs, les plis du sol fouillant,
Et creusant avec leurs doigts gercés pour dénicher quelques tubercules délectables,
Leurs parents, pour ne pas se voir voûtés, chacun attache à son creux la pierre convenable.
Le père et la mère, sont acculés à monter ce genre de simagrées
Ils attisent un feu de foin pour éteindre un feu de besoin, contre leur gré,
Que les nantis de ce monde sachent que ces enfants sont morts, les commissures bleues,
Mais leur drame reste un tourment pour les vivants, quant Ă eux, ils passent Ă la table de Dieu.