Nuit blanche

A Huguette

Couic!
Il n'y a plus ici qu'un vieux mythe
Un volcan éteint
Et un veilleur en déclin
Ceci n'est pas une berceuse à souffler à l'oreille de l'ogresse
A la laide et terrible goule qui hantait mon enfance
A la jument des cimetières assise à mon chevet
Ni mes aquarelles accrochées aux murs
Ni mes statuettes vernies fixées sur leurs supports
Ni mes livres soigneusement présentés sur les étagères
N'ont accroché la vieille mégère
Pour qui se prend cette indésirable?
Ne la voilà-t-il pas qui m'ordonne
Comme font les sorcières aux zombies
De voler le minaret
De creuser une fosse et l'y cacher
D'opérer à visage découvert?
Je file mon burnous noir
Je mets ma cagoule noire
Je fourre du coton dans mes oreilles
Et je file à pas de loup dehors
Tout le monde dort
Le coq n'est pas matinal
A-t-il eu de la visite?
Le muezzin n'est pas matinal
A-t-il veillé devant le petit écran?
Il est cinq heures pétantes et pas un bruit
Je sors
Au lieu de compter les minutes et les secondes
Je sors
Au lieu de moisir dans mon nom
Je ne m'appelle plus personne
Je suis insomniaque noctambule
Je suis au cimetière auprès de ma mère
Là où personne n'ose s'aventurer


Farid Mohamed Zalhoud


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"Je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui"
Manet




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