A cette date que tu penses.
Qui ne reviendra pas.
A cette fille qui danse, en marge du calendrier.
Et cette mort aux yeux, cent fois dans l'autobus.
A ces deux mains, sans toi, qui sèment des soleils.
Et qui les font chanter… Silence !

Aux phrases à jamais, que l'on ne lira pas.
Avec cette canicule au long de son emprise.
A ce mois de juiller, louche d'un temps de bise.
A ce vide qui dure bavard de tes bras.
Silence !

A cette mer au loin, plus loin que l'habitude.
Ses coquillages au vert, au sable de ses doigts.
Un horizon voilé, venté de servitudes.
De cartes perforées, fumantes sous les toits.
Silence !

A ce ciel, qui baye, aux vitres des vélux.
A cet ordinateur, qui pousse des rengaines.
Ses vidéos planquées aux fenêtres linux.
D’un adultère hanté, d'innocentes mains pleines.
Silence !

A cette poésie, en empruntant sa voix.
Les codes de Rimbaud au fond d’un bateau ivre.
Avec ses mots de passent, et qui mentent parfois
Musiquant des buvards, une ivresse d’aimer.
Silence !

A tous les mots menteurs où des âmes se rangent.
L’antre de nuit béante, à son pas de velours.
Où tapinent les dieux, sous le masque d’un ange.
Jusqu’aux coffres blindés, de nos banques de peurs.
Silence !


A mon ami, mon frère, en coulisses du monde.
Au venin qui le mord, et qu’un diable a béni.
A non enfant, mon sang, d’une terre bien ronde.
De seringue et de plomb, en un ciel démuni.
Silence !

A nos rêves d'humains, drapés de cauchemars.
Dans nos villes au sang chaud, de statuts et de songes.
Une haine attablée, brûlante des alarmes.
Pour nos anges de paix, qui se chargent des armes.
Silence !... Silence !... Silence !...