Le Ruisseau
Aux diamants d'un ruisseau,
LÃ -bas, au virage qui serpente,
Reverrai-je, encore, une dernière fois,
L'alignement des peupliers?
Dans ce tournant qui rallonge son cours,
Il y avait, je crois, un banc de sable,
Une longue plage de sable fin,
Où tournoyaient, l'été, des libellules.
Lecteur, de l'autre côté du rivage,
Baignant leurs troncs dans les eaux,
Trois saules se penchaient, presque couchés,
Couvrant chastement la voûte du ciel.
Quand l'astre d'or montait aux nues,
Quand sa torche vrillait, en crevant les nuages,
Les saules tamisaient ses rayons,
Dans une cloche de lumière.
Dans cette petite rivière,
Les heures s'allongeaient indéfiniment,
Démesurément, comme un long appel,...
Immense solitude, isolée des faubourgs.
En remontant vers l'amont,
Il y avait autrefois, une écluse,
Une vieille écluse, rouillée, abandonnée,
Où venait s'abreuver une dame blanche.
Le soir caressait la vallée,
Enveloppant mon âme de cris lointains,
D'échos de louves, de chats-huants,
Et la lune se baladait dans un sillon d'étoiles!
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Je crois qu'il n'y ait eu guère d'auteurs qui aient été contents de leur siècle. Vauvenargues.