Bien calé au fond de son siège,
Stylo au bout des doigts,
Il s’interroge :
« Que vais-je bien pouvoir écrire ?
Un blason sur le sourire
De ma Juliette ?
Ou peut-être un pamphlet
Sur ce monde si laid…
Je sais pas. »
La tête entre les mains,
Le regard un peu triste,
Il rêve :
« Et pourquoi pas un poème
Sur une terre que j’aime
Où les hommes
Vivraient d’amour
Et d’eau fraiche ? »
Le poète rouvre les yeux,
Il a compris.
De son stylo un peu vieux,
Il écrit :
« Je suis un poète égoïste.
Si j’aime, c’est seulement
Pour être aimé en retour.
Si je veux un monde d’amour et de paix,
Où chaque homme vivrait heureux,
C’est pour que moi, je sois heureux.
Alors pour parler de mon égoïsme
J’écris un poème qui commence par je. »
Camus avait raison, l’homme ne vit que pour lui.
Alors je souris, je savais que
Je n’étais pas seul.
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"Overhead the albatros hangs motionless upon the air
And deep beneath the rolling waves
In labyrinths of coral caves"
Roger Waters, from Pink Floyd, in "Echoes", in Meddle