Comme ça, la VIEILLE CANAILLE,
il a fallu que tu t’en ailles,
sacré Serge GAINSBARRE ,
tu nous as fait faux bond,
et c’est sans crier gare
que tu nous as lâchés,
parti pour une autre planète,
qu’as laissé ta casquette
quelque part, au vestiaire.
Je crois que Dieu t’accorde
un peu de sa miséricorde
pour ta beauté cachée
et pardonne les offenses
de ton âme égarée,
en tout cas, je le pense,
tu n’étais pas si laid,
car ton cœur était bon,
c’est ce qui compte, après tout,
voilà bien l’important,
de tout le reste, on s’en fou.
Tu n’manquais pas de talent,
avec ton Ă©criture,
tu as cassé des murs,
et mĂŞme des barricades ;
tu as passé « les frontières,
entre le noble et le vulgaire »
pour parler de la jouissance
avec une telle aisance,
sans tabou ni contrainte,
pour ainsi en causer,
et jouer la sérénade,
il fallait certes oser.
Alors, la VIEILLE CANAILLE,
est-ce que tu t’encanailles
maint’nant qu’tu t’es barré,
que tu as mis les bouts,
parti à la dérive,
là -haut sur l’autre rive
laissant tes potes pleurer,
t’es parti picoler
« au bistrot des copains »,
comme le chante Renaud.
Est-ce que parfois tu fumes
un tout petit Havane
quelque part dans le ciel,
avec le Père Eternel
maintenant que tu t’pavanes,
que tu fais le malin
qu’est parti en cavale
pour une autr' chevauchée,
lĂ -haut dans les nuages,
vers d’autres paysages ?
Mais, Monsieur GAINSBOURG Serge,
Ă©tait-ce bien raisonnable,
passés les soixante berges
de titiller le diable ?
C’est sûr, tu as brûlé
ta vie par tous les bouts ;
noyé dans la fumée
et les vapeurs d’alcool,
cigarette et la came,
t’avais le cœur qui colle,
un peu vitriolé
« qui a cambriolé
presque tout ton soleil, »
Tout ça c’était hier.
Je ne sais si tu as décoché
du Père Eternel, les foudres,
mais, j’espère que là -haut
t’es devenu plus calme.
T’as peut-être mis la poudre
aux âmes des damnées
et vois tu, je présumes,
que tu leur donnes le « la »,
pour qu’elles dansent avec toi
parfaitement à l’aise,
un’petit’ javanaise ?
Bien sûr, il n’y a pas photo
et le ciel est bien haut,
encore plus haut que New york.
Quand ta dernière maîtresse,
la faucheuse est venue,
« les lèvres tendres, les mains nues »,
quémander tes caresses,
qu’elle s’est jetée dans tes bras
est-ce qu’elle voulait
une histoire sensuelle et sans suite ?
toujours est-il que t’es resté
en croix, pour l’éternité,
tu n’as pas pu prendre la fuite.
Il n’y a plus de poinçonneur,
il n’y a point de sonneur,
et les lilas sont morts,
maintenant que tu dors
au cimetière du Montparnasse
oĂą parfois certains passent
et aussi se recueillent.
Toi, qui n’était pas un ange,
il n’y a pas loin de ton cercueil
un bel ange qui veille,
sur ton dernier sommeil.
comme quoi, c’est bien étrange.
Il y a peut-ĂŞtre une Ă©toile
tout lĂ -haut, dans le ciel
qui s’appelle GAINSBARRE
ou GAINSBOURG, c’est selon
l’humeur ou la chanson ;
maintenant, que tu as laissé
de côté tes excès,
Monsieur GAINSBOURG,
accepte ce requiem
que j’ai composé uniquement
pour toi, qui dors Ă jamais,
sans savoir si tu aimes,
mais surtout, ne m’en veux pas.
Toi, qui dors doucement
et peut-ĂŞtre sans contrainte.
Danièle
(14 janvier 2005)
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