Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie |
La fleur de la dame
La fleur de la dame
Courbé sur son cheval comme l’ombre sur l’ombre, Il erre, éperdu, dans les ténèbres sombres. Foudre tombée des cieux et que charrie le vent, Il contemple parfois quelque chose en rêvant Et qu’aux yeux de la nuit il cache avec zèle, Tantôt sous son heaume, tantôt sous sa rondelle. Qu’est-ce donc ? Une relique ou un doux billet ? On ne sait. Sur son noir destrier ployé, Ce chevalier poursuit sa route éternelle, Et comme si quelqu’un dans l’ombre l’appelle Il ne s’arrête point, roide comme la Vertu, Sur sa bête fatiguée, car ils ont combattu Il y a à peine un jour, maints ennemis ensemble, Et maints guerriers vaincus de leurs travaux tremblent ; Ce fantôme rêveur a tué tant de héros Qu’il peine à tirer son épée de son fourreau, Deuxième Excalibur par le sang obstruée. Ils courent, blessés tous les deux, sous les nuées, L’un a le gorgerin rouge, l’autre le pas lourd, Mais le cheval comme son cavalier est sourd ; Ô, de la guerre noires et sinistres affres, Quand la blessure se repose sur la balafre ! Qui est ce chevalier ? Comment s’appelle-t-il ? Le brave Perceval ou Roland le subtil ? Ô, avide lecteur, tes questions m’embarrassent ! Quel nom peut-on donner à la foudre qui passe Et à l’éclair qui dans le firmament reluit ? Si tu trouves ce nom, sache que ce nom c’est lui.
Dans le ciel se lève la rêveuse aurore. Le chevalier errant n’a point dormi encore, Mais il erre toujours, tel un zéphyr d’airain, Las, sans se reposer, terrifiant et serein. Un village apparaît, rustique demeure De paysans qui, à cette laborieuse heure, Se réveillent, quittent leurs lits et s’en vont aux champs. Ce guerrier descend de sa monture en cherchant On ne sait quel ennemi, certainement téméraire Pour ne pas se cacher à sa juste colère. Sa main caresse la crinière de son cheval Tandis que les yeux de cet aigle triomphal Cherchent sans répit, sous le ciel qui rayonne, Un spectre peut-être, peut-être une gorgone.
Soudain il voit venir, radieuse comme le printemps, Une douce paysanne au sourire content Et dont la chevelure est noire comme la nuit Qu’il a passée à la chercher. Tremblante, elle fuit Ce fantôme de fer qui s’avance vers elle, Et tout à coup s’arrête, levant ses mains frêles Au ciel, et implorant ce farouche combattant : « Au nom de Dieu qui nous voit et nous entend Epargnez-moi, Seigneur ! Je suis orpheline, Voyez cette fumée derrière la colline, Ma chaumière, que vous ne voyez point, est là -bas. Venez souper et vous reposer du combat Mais ne me tuez pas, je vous en conjure ! Ma mère m’a appris à panser les blessures, Prenez mon lit si vous voulez vous endormir Mais dormez-y seul ! Je vous braverai sans frémir Si vous osez croire que je suis votre femme ! »
Sans mot dire, le preux chevalier ôte son heaume, Et montrant à cette femme une rose sans odeur Lui dit : « Madame, vous avez fait tomber cette fleur. »
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---------------- •Mon blog de Poésie: http://soupirs-muse.blogspot.com/ •Mon recueil de poèmes en vers: "Les harmonies et les jours": http://www.edilivre.com/les-harmonies-et-les-jours.html •Anciennement connu sous le nom de "Bennhy"
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