Quand je passais devant un grand échafaudage,
J’ai entendu ce que disait un ouvrier :
« Qui a peur ne pourra éviter le danger. »
Alors, j’ai vraiment su ce qu’était le courage.

Si l’on regarde en bas on est pris de vertige,
Et l’on fait un faux pas et glisse vers le gouffre,
Et cette peur du vide non, rien ne la corrige,
Quoi que l’on puisse faire, de ce malaise on souffre.

Dans les moments de doute, en déesse, je t’érige,
Lorsque l’instant se fige, que je t’aime d’amour,
Je suis ton chevalier, je suis ton homme-lige,
Un intrépide funambule, ton troubadour.

Et malgré tout le mal que la vie nous inflige,
Dans l’éternel instant, ô miracle, je m’engouffre,
Et je te donne tout, et de toi rien n’exige :
À part mille baisers, la caresse d’un souffle.

Et je me sens capable des plus hautes voltiges,
De la terre je décolle, persuadé que je vole,
Et rien ne pourrait m’en empêcher, vous dis-je.
Sur les cimes, près des nuages, sans peur je caracole.

Dumnac