Plume d'argent Inscrit le: 12/9/2009 De: |
Quand il n’y aura plus Quand il n’y aura plus
Quand il n’y aura plus que des souvenirs anciens sur tes photos jaunies, Que les années auront effritées la couverture de ton vieil album malade. Quand il n’y aura plus qu’un brouillard épais sur ta jeunesse ternie, Tu ne seras plus que le fantôme errant des couloirs de ta vie maussade.
Quand il n’y aura plus d’extravagance dans l’empreinte de mon identité, Que l’élixir qui alimente ta légende ne coulera plus de mon amphore. Quand il n’y aura plus de futur à construire sur ton passé décomposé, Je refermerais ma bibliothèque sur les sanglots de mes métaphores.
Quand il n’y aura plus assez d’harmonie pour faire valser tes émotions, Que tu n’entendras plus la mélodie du bonheur dans ton monde de reclus. Quand il n’y aura plus que le vent pour égayer les creux de ta maison, Sa chanson mélancolique te rappellera les rires de tes enfants disparus.
Quand il n’y aura plus d’intensité dans le feu de mon crayon chancelant, Que j’aurais réduite en cendre sa pointe sur l’immensité de mon récit. Quand il n’y aura plus que l’ultime goûte pour la fin de mon serment, J’achèverais ce recueil secret fondé sur la désobéissance à ton interdit.
Quand il n’y aura plus la force des embruns dans les voiles de ton navire, Que tu ne seras plus qu’une âme déserte abandonnée sans Robinson. Quand il n’y aura plus d’encre pure jetée pour la grâce de ton sourire, Tu verras le vrai de ton image dans le miroir déformant de la dépression.
Quand il n’y aura plus de larmes fluides dans mon porte-plume assoiffé, Que j’aurais malgré moi conduit ma plume exténuée jusqu’au trépas. Quand il n’y aura plus d’ouvrages à imprégner pour avoir ta beauté, Je rangerais ces vers inutiles qui n’ont pas su faire ressurgir ta foi.
Quand il n’y aura plus les belles toilettes pour te rendre étincelante, Que tu ne seras plus qu’une marionnette, un pantin de bois sans vie. Quand il n’y aura plus de publique pour tes représentations éloquentes, Tu feras tomber le rideau rouge du théâtre de ton existence inaccomplie.
Quand il n’y aura plus de chaleur dans mes doigts ridés et frissonnants, Que mes mots n’auront pas réalisés le miracle de te remettre debout. Quand il n’y aura plus que l’hiver dans le corps de mes instruments, Je refermerais le manuscrit tourmenté d’un fou d’amour à genoux.
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