Maitre Brasseur, dans son café
Remplissait un Ă un ses pichets
Quand un soifard par l’odeur alléchée,
Sur le bar, vint s’accouder :
Maître Brasseur, cher ami,
Vous semblez généreux et gentil
Si j’amène beaucoup d’amis ici
Nous ferez-vous un bon prix ?
Maître brasseur le regarda
Et se dit… bon, pourquoi pas
VoilĂ encore un calculateur
Mais il me parait connaisseur
Du monde des buveurs…
L’assoiffé, bien vite revint
Avec une bande de copains
Aussi fauchés que les foins.
En voyant le brasseur occupé
A remplir ses pichets
Sans proposer Ă la ronde
La moindre bière blonde
Le futé s’adressa ainsi au patron:
Dites, j'ai entendu dans le canton
Que votre bière est la meilleure,
Et la boire, un véritable bonheur,
Le travail d’un grand brasseur,
Mais aussi d’un homme de cœur…
Vous pourriez donc, par bonté
Nous offrir quelques tournées.
Le brasseur, ravi de cette glorification
A la demande, donna son approbation
Et de boire leur accorda la permission…
Ils vidèrent donc pichets et fûts
Jusqu’à tomber sur le cul…
Puis repartirent avec difficultés
Car tous, complétement bourrés,
Mais sans avoir un sou déboursé !
Maître Brasseur, seul derrière son bar
Jura, ma foi, mais bien trop tard
Qu’à donner à boire à des inconnus
On ne le prendrait jamais plus !