Plume de platine Inscrit le: 8/4/2020 De: |
Un amour défendu que l'on porte ... (39)
Des saisons passèrent Des automnes avec leurs pentes rousses Des hivers où les routes blanchirent Où la campagne prit un air morne et désolé Puis de nouveau les arbres fleurirent La rosée diamanta les champs Les oiseaux chantèrent Léa grandit et trouva le printemps en elle Ma petite fille était devenue, une femme fleur Je retrouvais en elle le vivant portait de ma muse Mais mon cœur se serra un après-midi de la voir Dans le gai soleil d’une allée du jardin Se caressant le visage d'une grappe de lilas Malgré les gâteries et les câlineries dont je l’entourais Léa me donnait l’impression d’être en prison dans le jardin fleuri Or à quelque temps de là , comme je me rendais au village J’aperçus Léa au bout d'un chemin, grimpée sur une borne accolée au mur. De l'autre côté, la tête d'un jeune homme apparaissait Léa lui parlait, lui, souriait J’observai un moment. L’inconnu se pencha davantage au-dessus du muret Les deux jeunes gens furent tout proches Je les vis cueillir, un baiser Elle m’aperçut... En rentrant elle me fit l’aveu de leur amour C’était un jeune écrivain venu se reposer au pays. Ils s'étaient vus souvent à travers la grille du jardin En se donnant ensuite rendez-vous tous les jours Au fond du potager, d'où personne n'était sensé les voir - Je l’aime, répéta-t-elle, je l’aime Mais il m’a dit qu’il s’en allait demain au train de cinq heures Déchirant le silence, un volet claque Son amour d’écrivain s’était plié au souhait de ses parents Ils ne devaient pas s’éprendre l’un de l’autre. Alors, je me faisais complice de ses rêveries où elle essayait de se complaire Je baissai la tête et cet aveu réitéré serra mon cœur. À cinquante cinq ans de distance, mon passé renaissait, revivait ! Je lui murmurai : - Chérie, sois patiente, tout s’arrange Mais elle me répondait sans cesse toujours - Je l’aime Pépé, je l’aime à en mourir C’est la jeunesse, alors qu’elle vive Qu'elle aille vers la vie, vers sa vie Sans l’avis de ses parents pour son attachement Une voix, égratigne ma pensée : « La douleur, tu la connais-toi, toi qui l'as dans ton cœur.» Je m'approchai de la fenêtre ouverte sur le soir d'automne, Dans le silence de la nuit claire parsemée d’étoiles Au fond de la vallée, je vis passer un train Ce train… qui emportait ma jupe plissée bleu marine Juste ce souvenir seulement de tout ce qui peuple le cœur De tout ce qui nous fait peut-être encore tressaillir Quand on couche les mots sur une page confidente
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