Dans la cour de la ferme un chêne centenaire
Etendait ses ramures offrant ainsi son ombre
Au coeur des beaux étés.
Pour une fillette, sa branche la plus robuste
Soutenait la corde d'une balançoire,
Où elle venait s'asseoir
Pour lui raconter rêves et chagrins.
Il l'écoutait,
Pleurant ses feuilles à chacune de ses larmes.
Les années ont passé
Les hivers, les étés,
Partageant avec lui
Ses émois amoureux,
L'adolescente rebelle
Ecorchait son écorce
Y gravant le prénom
Des garçons.
Mais l'arbre pardonnait :
Pour elle, il aurait donné
Jusqu'à la dernière goutte de sa sève.
Il l'aimait.
Le jour du départ pour l'université
Une feuille est tombée qu'elle a ramassée :
Une larme d'été qu'un chêne tristounet
A versée
Pour sa petite protégée.
Sur le bout de ses doigts
Déposant un baiser,
Puis sa main caressant
L'écorce abîmée
"Au revoir mon arbre"
A-t-elle murmuré.
Pour lui a démarré
La guerre des saisons,
Plus d'hiver, plus d'été,
Juste la déraison,
L'attente cruelle,
L'absence éternelle.
Il a tant attendu,
Elle n'est pas revenue.
La ferme fut vendue,
Le chêne fut abattu,
Remis à un artiste,
Un Maître ébéniste
Qui en fît une table
A l'allure impeccable.
Dans la cour de la ferme une jeune maman
Voulait montrer son arbre à ses petits enfants,
La mine toute triste
Devant la cicatrice,
Ses larmes de remords
Tombèrent sur la souche de l'arbre mort,
L'arrosant de tant d'amour
Qu'une petite pousse vit le jour,
Puis une autre,
Et encore une autre...
Des générations se sont succédées
Autour de l'arbre vénéré
Qui veille...
Dans la cour de la ferme...
Le pouvoir de l'amour est force sacrée
Qu'il ne faut jamais sous-estimer...
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