Sur la chaussée d'antan,son bâton lisse et veineux promène sa vieillesse
Du modeste petit bois capable d'orchestrer le concert de la vie
D'exaucer tous les voeux de la terre
Au gros bâton qui frappe les trois coups
Mais pour quel lever de rideau?
Il possède encore son circonflexe mais pour ses flexions arthritiques
Ses pieds funambules glissent sur le fil d'Ariane
Pour que ses articulations tectoniques ne réveillent pas des secousses rhumatismales
Sa démarche claudique les minutes qui s'égrainent sportivement
Son déhanché sort comme un coucou
Cette carabosse du ballet où les pointes de vitesse sont tolérées entre deux entrechats
Cette pauvre hère craque le bois mort
Dans le creux de ses joues flasques comme les cordes d'un ring après la lutte
Sa langue pivert ne pipe plus mot
Et" éclope" entre deux lèvres contrevenantes une gauloise
L'aiguille de l'horloge clapote dans son vaisseau de bois
Le temps érode le sablier au rythme cadencé de son gong
Heures , minutes , secondes cheminent dans ce sable nomade
Pour terminer leur course sédentaire
La" passheure" traverse sans discontinuer le" malheure "et le" bonheure "
Mais tout ceci n'est qu'un leurre
Ses boucles d'oreilles carillonnent l'heure , le quart, la demie
De la fin du bal ou de l'entrée du prince
Dans ses yeux de sable ,les larmes sont un mirage
Froide comme une couche solitaire ,la pluie claque comme des baisers mouillés
Ses rafales de cheveux dissimulent toutes traces
Un ruban ou une barrette sert de paravent
Pour retenir quelques notes d'un carnet intime
Entre le fard du clown blanc et le rouge à joues et à lèvres de l'auguste
Le ballet pantomime chavire
Quelques gouttes de parfum ou de champagne chuchotent derrière ses oreilles :"encore"
Son parfum transporte le séduit dans un monde d'amour et d'eau fraîche
Mais cette fragrance n'est qu'un pare fin pour conserver une éternité
Cette sauvageonne mise à nue a peur de paraître telle quelle
Alors pour toute parure ,elle porte sa queue argentée
Comme un gris gris à l'épreuve du temps

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