Plume de satin Inscrit le: 11/9/2007 De: |
Le Commerce des Mots Ne sachant que faire enfant, Et maintenant, toujours pas non plus, Je m'amusais allègrement A écrire des mots ,"je"," tu " ...
Faut-il être normal Quand chaque enfant joue Pour que je reste total A chaque mot que je cloue ?
En grandissant mille métiers Firent parti de ma vie Si l'un d'eux m'intéressait Il était aussitôt conquis
Pourtant peine et frustration Ne sont pas de jolis maux Alors j'écrivis toute ma passion Pour faire de jolis mots
Toujours j'échangeais parole Avec des gens plutôt avares De mots, riches de dictions molles, Non, il n'était pas trop tard !
Je louais donc un local, J'aurais pu dire tout autre chose, J'occupais un bocal, Voyez l'avantage de la prose ?
Je n'y mis rien qu'un fauteuil Nul besoin de rayonnage Juste de l'acquisition de mon oeil Qui a enregistré millions d'images
J'attendais donc mon premier client Assis en position savante En dégustant un bon Tian Rien ne vient, faut que je patiente
Soudain un homme entra Peu sûr, pas à l'aise "Mais faites-les donc ces pas !" Repris-je, sans que je ne le lèse
"Voilà " me dit-il " Ce serait pour des mots " "Bien entendu", dis-je, subtil "Il vous en faut combien de kilos?"
"C'est à dire... c'est pour ma femme " Me dit-il de façon ouate "Elle dit que dans mes mots, il n'y a pas d'âme" Plaignons la délicate
" Et à quelle occasion particulièrement" ? Demandai-je à l'homme gêné " Quand je dis je t'aime souvent " Semble-t-il me lâcher
" "Oula" répondis-je, vraiment très agile "Savez vous ce que vous demandez là ? D'associer des mots habiles Pour définir un état
C'est un article plutôt rare Que nous faisons dans la maison, Côuteux et non barbare Pour faire votre liaison
De combien disposez-vous ?" " J'ai beaucoup de fortune " "Me prendiez-vous pour un fou ? J'ai dit : Combien de tunes ?"
Alors l'homme me tendit Une pierre rougeâtre "Voilà mon plus beau rubis Il est à vous si je sais me battre"
Je regardais l'écarlate Aux reflets vermillon L'homme était plutôt bonne pâte Finalement, un pion
Aux mille remords S'ajouta mon honnêteté Qui ont fait que j'aurais  eu tort De saisir le caillou, de l'accepter
Je pris donc un vierge parchemin, Une plume, un encrier Je plaçais la première dans ma main Ca y était
Voici ce que j'écrivis Pour la femme de l'homme Qui a passé fort contris La porte de mon « merce », enfin, tout comme
" A celle dont le coeur ne bat plus   Pour l'homme qui lui dit souvent je t'aime   Il vous faudrait faire une revue   De l'âme de l'homme blème
  Dans ses mots il n' y pas d'âme   Mais c'est pourtant du rouge de son coeur   Dans ses maux il n' y a pas dame   Qui le fit souffrir pour se libérer de ses valeurs
Quand il me présenta le rubis Teinté du sang de son labeur C'est comme s'il habitait une rue bis Sans vous, cruelle douleur
Il y a maladresse, c'est évident Il vous dit je t'aime souvent Peut être le préfèreriez-vous plus absent Et qu'il, rarement, lance  je t'aime sous vent ?
Il est curieux que vos yeux absents Souffrent de trop de présence Auprès de vous tout le temps Solliciteriez-vous son ignorance ?
Je suis un mauvais commerçant Qui n'encaissera aucun denier Car j'ai compris le drame de votre amant Prêt à donner à l'amour un ton financier
Oserez-vous reprendre l'abandonné? Celui qui donnerait son coeur en pierre rouge-rose Pourrez-vous comprendre à jamais Que ,finalement, je n'aurai gains de cause ?"
Sur ces quelques mots, Le perdu m'a remercié Voulant me donner son précieux lot Comme si c'était son coeur qui saignait
Je l'ai accompagné vers la sortie En lui disant de le garder, J'ai fermé le rideau de ce local flétri Car toujours mots doivent être donnés...
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