Brume qui tisse dans le ciel, la laine vide des lunes pleines
De leurs mains humides de froid, les rêves dorment dehors.

Disparaissant derrière un nuage retenant sa robe dans ses branches,
La veuve était belle en noir sous l’avalanche du soir
Pâle de la chandelle qui miroitait ses fleuves
Nue des ombres qui précèdent les terres.

Ensevelissant les mondes, les songes dans l’onde nacrée,
Quelle vague a vidé son sac sur la plage de mes pas perdus ?
Partout il y avait des nuages, des stères d’eau, des stères de bois,
Noirs de roses flottant sur un corps dormant
Aux pétales rouges de son enfant.

Vacillant de la lampe, près du ruisseau noir,
Gigantesque oiseau des nuits où le ciel est parti de leur nid,
Les murs se mouvant de l’ombre
Apportaient plus d’angoisse à la raison d’écraser l’horizon.
Le souffle manquant au monde pour respirer une nuit d’étoiles,
Me glissant plus bas sous l'édredon
De ne rien entendre, l’air manquait à la terre.
Me hissant jusqu’à l’oreiller, au palais des glaces
Les lumières se sont rapprochées, les ombres séparées.

Quelle fée à l’endroit, à l’envers, se partageait l’eau à l’image du ciel ?
M'ouvrant son large manteau de rives et de ruisseaux,
Je n’achevais pas de cueillir autant de souffle et de beauté
Que la nature cède à l’espoir.

Resplendissante d'émeraudes la lune progressait,
Courbe finissant l'esquisse dans sa fin
Forêt naissante sur le lac
Onde reflétant ses branches au pied de l'éternel,
La terre au commencement du ciel.

Quelle nappe de mille mers écloses
Coulait ses rives pour une seule qui se poserait,
Point d’eau qui cherche sa boucle et coule des fontaines,
Nous donne toutes les soifs et nous désaltère.

Devant le buisson de la nuit
Blanche de la lune qui déversait à flots le lait du ciel,
La pente coulait à pic autant de perles sur le feuillage
Que l'arbre n’avait d’ombre pour le repos
Pour répondre au vœu de la dame blanche scintillante de joyaux
Verser de l’éclat aux yeux du promeneur qui s’attarde pour l'admirer,
Voyageant toujours plus loin, toujours plus haut…
Prise dans le sac, les voleurs de ciels auront la main coupée !

Des trois chemins qui venaient… Au nombre croissant des lunes…
L’océan enjambait les quais… La terre avançait à grands pas…
Immobile, dans ses eaux de pierre,
La lampe fleurissait le pommier.

EMA