Le coeur abasourdi, mon sang n'a fait qu'un tour:
Ces mots que je pensais m'être seuls destinés
A une autre le poète les auras dédiés!
Te partager déjà , morceler mon amour?
Mais tu as raison mon doux de propager tes flammes.
J'ai ouï dire parfois que là bas aux Orients
Les Princes et les mendiants étaient du même rang,
Et que tous en un lieu gardaient beaucoup de femmes!
Me voilà Angélique en pleine Baie des Anges
Vite, mon bon Jeoffrey, venez me délivrer!
Car il se pourrait bien qu'un pirate et poète, aimé,
M'ait faite en quelques nuits courtisane, c'est étrange!
Les oiselles candides empreintes de douceur
Tu pourras bien garder sous ton toit accueillant,
Et les blanches colombes qui te désirent tant
Resteront bien blotties butinant ton grand coeur.
Il me sera égal de partager les miels,
Mais un rêve m'anime, Prince des mille et une vies!
Oui je vous en conjure, au péril de mes nuits,
Nommez moi favorite et menez moi au ciel!
Sous le soleil brûlant de ton pays doré
Je guiderai tes pas vers une fraîcheur douce.
Tu me reconnaîtras à ma tendre frimousse
Et lèveras mes sens de chatte énnamourée.
Nos nuits infinies n'auront plus assez d'heures
Pour étancher les faims des corps inassouvis.
Enlacés sur le sable de toutes les Arabies
Tu oublieras les maux les soucis les malheurs.
Ma vie a soif de toi et mes mots carillonnent
Tu es mon aube tendre, mon nouvel ensencoir,
Je te chanterai jusqu'Ã l'angelus du soir,
Moniale et prophetesse de tes écrits qui sonnent,
Arc-en-ciel odorant d'un univers torride
Où la langue éblouie, délivrée des sommeils,
Se fera passerelle vers de nouveaux soleils.
Ne nous bousculons pas, attends moi, j'arrive!
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